An excellent book ! Just a few months before the nazi invasion In Poland, with all the ingredients of a smashing thriller and even more !


La chronique littéraire d’Émile COUGUT


Pour tous ceux qui ont aimé « Les mystères de Paris » d’Eugène Sue, « Les habits noirs » de Paul Féval, « Rocambole » de Ponson du Terrail ou encore « Les aventures de Boro » de Franck et Vautrin, enfin pour tous les amateurs des romans dits populaires, je ne puis que conseiller la lecture du Secret de Cracovie, roman écrit à quatre mains par un couple polonais Malgorzata et Michal Kuzminski.

Tous les éléments pour passer un (très bon) moment de lecture sont réunis : des personnages improbables, de l’action, du suspens, un héros cynique au grand cœur, l’amour, une histoire quelque peu irréaliste, un ersatz de Golem, mais aussi et surtout la description de Cracovie, quelques mois avant l’invasion allemande du 1 septembre 1939, avec un focus particulier sur le quartier juif de Kazimierz (ainsi dénommé en souvenir du roi Casimir III, protecteur des juifs polonais au XIVème siècle). Ainsi apparaissent une société insouciante, d’aucuns penseront décadentes, qui ne pense qu’aux plaisirs (alcool, drogue, sexe) sans percevoir les dangers qui la menacent mais où la « cinquième colonne » est particulièrement active ; et la vie quotidienne du quartier juif où le temps semble s’être arrêté depuis des siècles. Mais un monde en mutation, conscient de la montée de l’antisémitisme, avec une jeune génération qui ne se sent plus concernée par la tradition, qui souhaite vivre comme étant d’abord polonaise et accessoirement juive et les anciens qui réitèrent des gestes, des prières immémorielles, qui ne comprennent pas les mutations de la société dans laquelle ils vivent et les aspirations de leurs enfants. Un vrai partage générationnel : face à la même problématique, il y a au moins deux solutions différentes. Tout en gardant leur identité religieuse, se dessine un partage entre ceux qui se tournent vers une lecture littérale des textes et ceux qui privilégient la vie dans la société.

L’histoire est la recherche d’un document du Ier siècle écrit en un alphabet disparu, sûrement des runes, détenu, protégé par une mystérieuse organisation : la Confrérie des Alchimistes. Ce texte est convoité par un américain qui mandate pour le retrouver Macek Masser, un tueur à gage mythique de Varsovie, le Vatican qui envoie le frère Carlos, profès chez les chanoines régulier de la Congrégation Latérane du Très Saint Sauveur (mais surtout ancien anarchiste repenti qui a fait la guerre d’Espagne) et les nazis qui emploient un de ses espions le prince Mikaïl Nicolaiévitch Romanov. Tous sont persuadés que ce texte est « l’évangile selon Joseph » où la filiation véritable du Christ est établi : son père ne serait pas Dieu, mais Joseph, soldat venu du Nord, Jésus ne serait pas juif, mais aryen ! La possession de cet écrit permettrait aux nazis de détruire les fondements même du Christianisme et de légitimer leur supériorité raciale. Cela n’est pas sans faire penser au premier « Indiana Jones » (même en ce qui concerne la fin quand les américains rangent l’Arche d’Alliance dans les archives du Pentagone), « Le palimpseste d’Archimède » d’Eliette Abècassis et bien sur le « Da Vinci code » ou « Anges et démons » de Dan Brown, les auteurs multipliant les clins d’œil, ironiques, aux romans de l’auteur américain. Eux, au moins ne se prennent pas au sérieux !

Le héros, le prince Romanov, est un aristocrate russe totalement décadent, agent double travaillant aussi bien pour les français que pour les allemands, désabusé, ne croyant en rien si ce n’est qu’à l’assouvissement de ses plaisirs immédiats, rattrapé par son passé et ses passifs. Mais il va se transformer, évoluer au contact de Rebecca, dernière fille de Joseph Rosenberg, prise entre sa fidélité à sa culture religieuse et sa volonté de vivre comme une jeune femme libérée.
Bien sûr, la fin du roman voit le triomphe de l’amour, tempéré par un certain cynisme, sur les forces obscures aussi bien catholiques que nazis, mais n’est-ce pas la tradition de ce genre de romans ?

Les américains ont voulu nous imposer leur culture et auront tendance à ranger ce livre « aux confins des thrillers historiques et des rétro-historiques ». Or, pour une personne pétrie de culture littéraire à la française, le thriller est une sous catégorie des romans policiers, et Le secret de Cracovie est tout sauf un roman policier, mais bien plutôt, un de ces romans feuilletons qui ont fait la joie de nos anciens et de notre enfance.
Et cette joie de lecture nous la retrouvons avec Le secret de Cracovie.

Emile Cougut


Le secret de Cracovie
Malgorzata et Michal Kuzminski

éditions Zdl. 24,90€


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