An abject play actor develops antisemitic propaganda. French government by the voice of Minister of Justice, Christiane Taubira, opposes a strong determination to fight this foul inanity
Madame Christiane Taubira, Garde des sceaux, ministre de la justice, intervient avec hauteur dans le débat. Il nous a paru utile de vous faire connaître dans cet article la lettre qu’elle a rédigée sur cette nouvelle affaire d’actualité concernant le racisme avéré d’un bien médiocre bateleur de foire, et de vous faire part de notre réaction.
L’éditorial de Pierre-Alain LÉVY.
Certains trouvent la gloire et le rayonnement par leur intelligence, d’autres tel ce bien provocateur et insuffisant Dieudonné, par la bassesse. L’homme est un personnage falot et sans relief. Médiocre petit histrion de bas étage qui faute d’une gloire médiatique jamais vraiment rencontrée a choisi le terrain fangeux d’un militantisme sinistre. Relevant plus probablement d’une psychanalyse où il découvrirait les raisons de la haine qui fait corps avec lui, il s’est non seulement compromis avec les zélateurs de l’antisémitisme le plus abject mais il en a fait son fond de commerce.
Depuis longtemps il s’est sorti lui même du champ du divertissement, de la position de chansonnier (terme ô combien flatteur et inadapté). Ambitionnait-il de triompher en s’engageant dans l’arène politique auprès de l’islamisme iranien et du négationnisme le plus dangereux ? Je veux dire Ahmadinedjad auprès duquel il s’est affiché. Ce sont d’ailleurs les Iraniens qui l’ont financé, il ne s’en cache pas! Un ego sur dimensionné, largement renforcé par la circulation de ce type d’ informations par internet, l’a, depuis belle lurette fait quitter le champ du théâtre et de la scène où il espérait faire carrière.
Désormais Dieudonné existe dans le champ de la polémique antisémite. Ses quolibets haineux alimentent un antisémitisme sournois qui progressivement s’affiche en attisant les rivalités religieuses.
Loin de lui l’idées de favoriser un Islam apaisé qui eut aussi son siècle d’or. Loin de lui la volonté d’aider à l’insertion de ces musulmans qui recherchent au sein de la République française un épanouissement respectueux. Car oui, ces hommes et ces femmes défendent les valeurs de la laïcité inscrites dans la constitution. Ils plaident pour l’éducation de leurs enfants, et une qualité de vie. A l’inverse, Dieudonné conforte les discours de l’extrême droite la plus radicale. Cette extrême-droite déguisée en brebis candide alors que sous son masque le loup ne demande qu’à dévorer l’innocence. Ce costume qui lui sied à merveille et ses multiples apparitions et connivences avec Alain Soral le positionnent dans cet hinterland nauséabond.
Les passerelles entre Dieudonné et l’extrême-droite sont au demeurant multiples, et ce paradoxe n’est pas nouveau. L’extrême gauche n’est pas non plus une vierge effarouchée, et sa soif pathologique à détruire le socle de la démocratie ne s’embarrasse pas de nuances. C’est d’ailleurs en son sein que croit aujourd’hui, comme une gangrène, un antisémitisme radical particulièrement inquiétant héritier en droite ligne des mouvements socialistes dits révolutionnaires ou anarchistes de la fin du 19e siècle. Ces paradoxes où se mêlent et se rejoignent les extrêmes n’est pas nouveau, et c’est dans ce vivier putride que patauge avec complaisance ce turlupin ricaneur.
Est-il utile de rappeler les liens avant et pendant la seconde guerre mondiale entre le grand Mufti de Jérusalem et Hitler, sans oublier le rôle interprété à ce même moment par les Frères musulmans ? L’antisémitisme n’est pas une opinion, c’est un délit.
Quand à Toulouse un individu tire sur les enfants et les tue parce qu’ils sont juifs, ce n’est pas une farce de tréteaux. C’est une réalité. Une triste et terrible réalité. L’expression d’un racisme primaire. La démonstration d’un mépris pour la vie. Ce même et immonde assassin tirant et tuant aussi de jeunes et courageux soldats au motif qu’ils auraient «trahi» l’Islam et servent la République française.
Le racisme a de multiples facettes et depuis plusieurs années se déboutonne sans vergogne. Entre Dieudonné et le populisme des extrêmes, il n’y a bien souvent «pas plus d’épaisseur qu’une feuille de papier à cigarette» comme disait Joseph Conrad. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter avec attention ses propos ( dussiez-vous en souffrir…!) (voir video en bas de l’article). Sa rhétorique est primaire, simpliste, répétitive, d’une grande pauvreté lexicale, pour tout dire sans profondeur aucune. Hélas c’est ce qui lui donne un semblant de force de persuasion pour qui veut bien être persuadé.. La loi, la loi seule et l’autorité coercitive qu’elle dégage peut avoir prise sur le personnage.
Dieudonné est un faible qui jouit à se croire puissant ? Peut-on brandir cette puissance tel un fer de lance, lorsqu’on a été reçu par Almadinedjad, Chavez, ou encore Khadafi ? Je ne le pense pas, nous ne le pensons pas, personne ne le pense, sauf peut-être ces penseurs d’une solution finale ! Tendez-lui un micro, offrez-lui un accès aux plateaux de télévision ; sa vanité et son orgueil gonfleront comme un crapaud en manque de nicotine et qui explose à la première bouffée !
Aujourd’hui, l’abjection est à son comble quand des élus (ou non) s’autorisent à des railleries ou plus exactement à des insultes contre la garde des Sceaux . Elle est à son comble aussi lorsque des supporters dans des stades se livrent à des propos scandaleux contre des joueurs de football parce qu’ils sont noirs. Elle est à son comble ensuite, quand, au delà du personnage qui motive cet éditorial, il n’est plus de bon ton de parler de ce que fut la Shoah car des élèves font la loi dans les salles de classe empêchant certains d’aborder la noirceur de l’Histoire dans le respect de la laïcité.
L’abjection est à son comble, enfin, quand le racisme ou « l’anti racisme » servent de toile fond à des politiques en quête de voix . Quand la langue de bois est pratiquée par les orateurs aux mentons arrogants et au verbe pugnace qui agitent la rue contre la République. Mais ils nuisent à la démocratie, et utilisent avec mensonge le motif détourné de la liberté d’expression pour préserver leurs médiocres prés carrés.
L’affaire Dieudonné contre Patrick Cohen n’est pas un épiphénomène, c’est un de ces temps forts du paysage politique qui exige la réaction républicaine de chacun d’entre nous, ministres que l’on salue comme simples citoyens.
La République est devant être défendue comme ne dirait pas Caton !
Pierre-Alain Lévy
Lettre de Madame Christiane TAUBIRA, Garde des Sceaux, ministre de la Justice, parue ce jour, vendredi 3 janvier 2014, dans le Huffington Post
Il est triste, infiniment triste, d’achever une année sur les pitreries obscènes d’un antisémite multirécidiviste. Faut-il que son talent soit stérile pour qu’il n’ait d’autres motifs pour faire s’esclaffer des esprits irresponsables ou incultes ou pervers, qu’une tragédie, un génocide, un indicible drame, de ceux dont on sait qu’on ne guérira pas, car rien ne nous consolera jamais des enfants dont la destinée s’est interrompue, brusquement ; et avant même cette violence de la mort industrielle, qui ne distingue pas, frappe sans rien connaître de ses victimes, la violence de l’arrachement, de la malnutrition, de la maladie, du désarroi, de cet inconnu irrationnellement hostile, la violence de la révélation de parents démunis qui ne peuvent protéger que par l’amour. Faut-il frayer avec les monstres pour trouver quelque plaisir à se faire complice, après coup, de ce crime contre l’humanité ? Faut-il avoir rompu avec les hommes pour ne pas être saisi d’effroi à l’évocation de la machination démente qui a organisé le discrédit, la cabale, les rafles, le transport surencombré, la promiscuité, le tri à l’arrivée, l’entassement dans les camps, le rituel macabre de la procession jusqu’aux chambres à gaz ? Faut-il avoir le cœur sec comme une branche tombée depuis des millénaires et pétrifiée, pour ne pas voir un semblable dans l’autre, homme, femme, enfant, celle, celui qui nous manque d’avoir été exterminé par cette froide folie ? « Au nombre des choses capables d’ébranler les hommes, il y a le souci des autres ». Albert O. Hirshman.
Agir. Réfléchir et agir. Relire attentivement la circulaire du 27 juin 2012 pour voir si nous aurions oublié une ligne, une virgule dont dépendrait l’efficacité des poursuites. Examiner note par note ce qui aurait pu être traité différemment, plus sévèrement. Comment faire face à cette nouvelle épreuve pour la démocratie ?
La démocratie s’enorgueillit d’avoir conscience que la justice des hommes est faillible. Pour en limiter les risques, elle a prévu des garanties, l’audience publique, le débat contradictoire, les droits de la défense, l’appel, et même le doute qui doit profiter à l’accusé. Elle a prévu des procédures et convient de leur nullité en cas de non-respect des règles.
C’est sa grandeur, sa supériorité sur les régimes totalitaires ou même simplement autoritaires. C’est aussi sa servitude. Sa vulnérabilité. Mais elle doit être capable de se défendre. La liberté d’expression doit demeurer le principe. Ce principe ne peut servir de paravent à des ignominies. Ce qui relève du débat public doit être débattu. Ce qui relève de la Justice doit être sanctionné. Ces ignominies sont des délits. Elles sont matière pour la Justice. La Justice n’a pas failli. Les procureurs ont poursuivi, les juges ont jugé. Les condamnations sont multiples. Il appartient aux magistrats d’apprécier le degré de gravité qu’induit la multirécidive. Mais il revient aussi à la Justice de veiller à l’exécution de ses décisions. C’est une condition de sa crédibilité et de sa justesse. L’organisation frauduleuse d’insolvabilité est punie par la loi, aux termes de l’article 314-7 du code pénal ; et si elle est avérée, elle doit faire l’objet des diligences nécessaires. Au titre de l’unité de l’Etat, le Trésor public doit être en mesure de procéder, par tous moyens de droit, au recouvrement des sommes dues au regard des décisions de justice.
Sanctionner avec efficacité est indispensable mais ne suffira pas. Pas lorsqu’un pitoyable bouffon spécule davantage sur les dividendes d’un scandale que sur les risques judiciaires.
Ces provocations putrides testent la société, sa santé mentale, sa solidité éthique, sa vigilance. Il nous faut y répondre, car la démocratie ne peut se découvrir impuissante face à des périls qui la menacent intrinsèquement. Il faut donc descendre dans l’arène, disputer pied à pied, pouce par pouce l’espace de vie commune, faire reculer cette barbarie ricanante, la refouler, occuper le terrain par l’exigence et la convivialité.
Car il est hors de question de commencer l’année en « livrant le monde aux assassins d’aubes » (Aimé Césaire).
Sources: Huffington Post