Such a beautiful movie ! The immanent strength of photography coupled with an intelligent scenario beaming with a sensitive analysis


La chronique de Benoit RAYSKI.


Le film s’appelle Ida. Comme elle, novice dans un couvent de la Pologne des années 60. A la veille de prononcer ses voeux, elle découvre, ou plutôt on lui fait découvrir, qu’elle est juive. Ce ne sera pas sans conséquences sur son destin.

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Avec une telle histoire on aurait pu faire un film rédempteur et larmoyant. Une bonne soeur juive, pensez-donc ! Eh bien le réalisateur, Pawel Pawlikowski, en a fait un chef d’oeuvre. Sans aucun artifice de couleur. Tout est en noir et blanc. Chaque plan à la beauté d’une photo de Doisneau ou de Cartier-Bresson. Et Ida, elle, ressemble aux filles merveilleuses des tableaux de Lipi. Pour cette novice on a envie de réciter une prière : « je vous salue Ida pleine de grâce».

La tragédie du peuple juif de Pologne est présente dans chaque image. Sans cris, sans larmes, sans appels à la vengeance. Rien n’est dit. Et tout est dit. Sous forme de constat, ce qui évite au film de tomber dans le précipice des bons sentiments. Une image en dit plus que tous les livres, témoignages et films réunis sur le martyr des juifs.

Ida et sa tante Wanda partent à la recherche de la maison familiale. Elle est habitée par des paysans polonais. Wanda regarde l’homme. Elle sait que c’est lui qui, à coups de hache, a massacré les parents d’Ida et son fils qu’elle leur avait confié. Elle lui demande doucement : « Est-ce qu’il a eu peur quand tu as levé la hache sur lui ?»

Quiconque a vu cette scène et en est ressorti sans un profond tremblement du corps et de l’âme ne peut être qu’un invalide du coeur. Les Inrockuptibles n’ont pas aimé le film. C’est leur façon à eux, gardiens du temple de la boboitude, d’être originaux. C’est le même journal qui avait décelé des relents vichyssois dans Le fabuleux destin d’Amélie Poulain ! On peut , sans risque de se tromper, penser qu’un film que n’aiment pas Les Inrockuptibles est à coup sur remarquable.

Benoit Rayski


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