Success of French firms in ecological and construction engineering in China
Shenyang 沈阳市, qui compte 7 millions d’habitants, est la capitale de la province du Liaoning, située au Nord-Est de la Chine. Au 17ème siècle Shenyang fut la capitale de l’empire mandchou (滿洲 ). C’est aujourd’hui une très grande ville industrielle dont les activités sont liées à la construction automobile, l’énergie, l’équipement bio-médical et aussi les industries agro-alimentaires.
Shenyang est considérée par les autorités chinoises comme zone prioritaire pour le redéveloppement des secteurs industriels traditionnels, les économies d’énergie, la protection de l’environnement et la lutte contre la pollution.
A l’initiative de Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur et de Gao Hucheng, ministre chinois du Commerce, un éco quartier franco-chinois de 10km2 verra le jour et regroupera les dernières technologies en matière de gestion de l’eau, des déchets, transports urbains, réseaux intelligents…
En marge de la visite officielle du président Xi Jinping à Paris, les autorités de la ville industrielle de Shenyang, au nord-est du pays ont signé, le 26 mars, au ministère de l’Economie, une série d’accords en vue de la réalisation d’un « parc écologique sino-français » de 10 km².
« L’écoquartier est un fruit mûr, les canaux sont pleins d’eau. » Les Chinois aiment les formules imagées et Huang Kai, vice-maire de Shenyang, ville industrielle de 8,3 millions d’habitants au nord-est du pays, a respecté cette tradition pour saluer la signature, le 26 mars, à l’occasion de la visite du président Xi Jinping à Paris, d’une série de trois accords en vue d’une coopération pour la réalisation d’un « parc écologique sino-français » de 10 km², au sein la future zone de développement économique et technologique du district de Tiexi, grande de 212 km², et située à l’ouest de la capitale de la province du Liaoning (voir fiche projet). « Deux ans de travail ont été nécessaires pour y arriver », a plus sobrement commenté Nicole Bricq, la ministre du Commerce extérieur.
Grand comme 4 arrondissements de Paris
Les deux premiers accords ont été logiquement signés au ministère de l’Économie française, car ils concernent au premier chef les entreprises. Devant un parterre bien fourni et très attentif de représentants de groupes et PME hexagonaux – Vinci, GDF Suez, Michelin ou encore Architecture Studio – le vice-maire de Shenyang et Jérome Delahaye, directeur de la promotion immobilière chez Century Capital, groupe français porteur du projet d’écoquartier, ont paraphé un premier accord. Il a été suivi d’un second, noué avec Bingzhe Yan, président du district de Tiexi, M. Delahaye agissant au nom cette fois d’Urb Intl, organisme créé pour fédérer les entreprises françaises ayant chacune des expertises spécifiques et complémentaires liées au développement durable, à la gestion des ressources naturelles et aux économies d’énergie, et le cabinet d’architecture Anthony Béchu, en charge d’élaborer un master plan de l’écoquartier.
Une première phase de 3 km² est immédiatement lancée, à réaliser dans les cinq ans, l’ensemble devant être terminé sous les 8 à 10 ans. Le quartier sera à usage mixte, les Français ayant insisté pour l’inclusion d’une partie résidentielle (voir fiche projet). Une première étape consistant en la définition de critères environnementaux a déjà commencé. Elle est le fruit d’une étude sur l’existant réalisée par l’Urbl intl et d’autres experts, l’analyse de travaux antérieurs faits notamment par l’américain Aecom pour déboucher sur la proposition de solutions pertinentes, immédiatement applicables dans la zone des 10 km² et pouvant également servir sur l’ensemble de la zone de promotion de 212 km². Cette étape devra être réalisée dans les trois mois. La 2ème sera l’élaboration d’un masterplan, qui a déjà commencé, puis l’intégration des critères environ-nementaux par l’agence d’Anthony Béchu, accompagné d’autres experts. La 3ème phase est celle de la construction en elle-même, à la fois des 10 km² et de l’ensemble de la zone de 212 km², qui pourrait elle aussi commencer très vite. Les 10 premiers km² constitueraient une sorte de laboratoire pour l’ensemble du développement, même si Jérome Delahaye (Century Capital) nuance le propos : « Ce sera plutôt l’équivalent d’un PLU. N’oublions pas que 10 km², cela représente environ 4 arrondissements parisiens. C’est déjà énorme ! » Les travaux feront l’objet d’appels d’offres internationaux, qui seront publiés sur le site de la ville de Shenyang.
Deux autres villes durables au programme
Ce projet sur Shenyang constituera la première concrétisation d’un accord plus large sur les éco-quartiers conclu en 2010 entre les ministères du Commerce extérieur français et du Commerce chinois sur les villes de Chengdu (projet en préparation), Chongqing et donc Shenyang avec à la manœuvre du côté français Michèle Pappalardo, fédératrice de la « Ville durable » pour le compte du ministère.
Ce projet d’écoquartier dans la capitale de la province du Liaoning correspond à une prise de conscience des autorités de cette ville, spécialisée notamment dans la fabrication de pièces détachées pour le secteur automobile, de la nécessité de mettre en œuvre une politique de transformation de son tissu industriel et de faire de Shenyang une zone prioritaire pour les économies d’énergie, la protection de l’environnement et la lutte contre la pollution. Autant d’objectifs inscrits également dans le plan quinquennal décidé lors du 18ème Congrès national du parti communiste, en 2012, la zone de Tiexi devant servir d’exemple à l’ensemble des développements urbains nationaux. Le quartier durable français a dans cette perspective le potentiel pour constituer une vitrine du savoir-faire hexagonal en matière de « Ville durable ». « Les entreprises françaises, qui vont pouvoir participer à cet écoquartier, sont très présentes en Chine dans le domaine de l’urbain. 200 projets ont déjà été réalisés dans une cinquantaine de villes du pays. Architectes, urbanistes, constructeurs, spécialistes de la mobilité et des services urbains travaillent sur autant de champs qui constituent la Ville durable. Mais l’objet de l’écoquartier va au-delà. Il s’agit de mettre en place des solutions intégrées de l’amont à l’aval, de la conception à la construction », note Mme Pappalardo, qui espère ainsi promouvoir Vivapolis, la marque ombrelle de l’État français fédérant les entreprises du pays dans le domaine de la Ville durable.
Bingzhe Yan, le président du district de Tiexi, indique que les secteurs des « traitements des déchets, de l’eau, de l’efficacité énergétique, du métro, du chauffage urbain, des tuyauteries, du solaire, des bâtiments basse consommation, des matériaux et des produits écologiques pour le bâtiment, des systèmes intelligents de sécurité pour les grandes résidences sont autant de domaines dans lesquels nous attendons que les entreprises françaises nous proposent des solutions innovantes. » M. Delahaye estime qu’au niveau des bâtiments, « certains seront standards, mais pourront être améliorés facilement à l’avenir, tandis que d’autres seront exemplaires. »
Vinci déjà placé
Pour Xun Zhou, dirigeant d’Actemium, filiale de Vinci Énergies à Shenyang, qui travaille déjà pour Michelin, tandis que le n°1 du BTP français étudie actuellement des solutions de PPP sur des projets de tramway, de parking et de tunnel à Shenyang en vue d’un accord possible avec la ville, le projet de quartier durable est très intéressant et constitue une « extraordinaire opportunité pour les entreprises françaises ». Vinci souhaite y réaliser des projets globaux avec ses filiales Construction, Concessions et Énergies. Pour M. Zhou, la constitution de consortiums franco-chinois constitue en tout cas une bonne idée pour remporter les appels d’offres. C’est également l’avis de M. Delahaye, qui estime toutefois que « pour couler le béton, mettre les tuyaux et faire les routes, les Chinois n’auront pas besoin des Français, qui seront davantage attendus sur les technologies avancées. » En tout cas, les entreprises hexagonales auront là une occasion unique de remporter, sur un marché chinois qui reste encore très fermé, des contrats susceptibles de constituer des références pour l’avenir. Dans un très large sourire, Huang Kai, vice-maire de Shenyang, le laisse très clairement entendre : « Les autorités auront un regard bienveillant sur les candidatures françaises, et ne regarderont pas que le prix. » À bons entendeurs…
Sources architecture: Le Moniteur
FOCUS
Fiche Projet : l’éco quartier de Shenyang
• Site : dans le district de Tiexi, à 80 km à l’ouest de Shenyang, capitale de la province du Liaoning
• Maître d’ouvrage : mairie de Shenyang
• Surface : 10 km²
• Nature des travaux : 10% espace vert, 30% logement, 50% activité et 10% équipements publics.
• Planning : les 3 premiers km² dans les 5 ans et l’ensemble d’ici 8 à 10 ans.
• Investissement : 2,5 milliards d’euros financés par l’État, la ville et des fonds privés.
• Concepteur : Anthony Béchu.