An Antonio Stradivari viola offered via sealed bid by Sotheby’s


Lu dans la presse

On ne juge pas de la valeur d’un instrument de musique comme de celle d’un tableau. L’œil ne suffit pas. Il faut avoir l’oreille. Chez Sotheby’s, à Paris, hier matin, le jeune altiste américain David Aaron Carpenter, 27 ans, joua sur l’un des plus beaux violons altos, le «Macdonald» d’Antonio Stradivarius, datant de 1719, mis en vente aux enchères par soumission scellée jusqu’au 26 juin à Londres. Un chef-d’œuvre. Il doit son nom au troisième baron Macdonald, Godfrey Bosville, qui en fit l’acquisition vers 1820. Et son âme au luthier qui la plaça sous le chevalet, entre la table d’harmonie en épicéa et le fond d’une seule pièce d’érable aux veines vernissées.

Sur le toit du monde des musiciens à cordes de son temps et pour des temps encore, Stradivarius en fut le maître. Et l’alto est de loin l’instrument le plus rare du luthier de Crémone. Il fabriqua six cents violons, cinquante violoncelles et seulement dix altos, dont deux sont encore en collections privées. En 1719, il était à l’apogée de son art. En 1964, l’alto avait été acheté pour Peter Schid­lof, du Quatuor Amadeus. Le musicien est décédé en 1987. C’est sa famille qui s’en sépare. Le voilà estimé plus de 45 millions de dollars. S’il atteint cette somme, il deviendra le plus cher au monde. Revoir le «Macdonald», «cela n’arrive qu’une seule fois dans la vie», s’exclama le jeune altiste américain, qui avait demandé dès l’annonce de la vente chez Sotheby’s s’il pouvait en jouer. La maison de ventes alla plus loin: il présenterait l’instrument de Paris à New York avant sa vente à Londres.

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Un instrument de près de 300 ans

Hier, Carpenter ne trembla pas. Tenant dans sa main gauche le manche en bois doux, il fit une entrée triomphale dans un crépitement de flashs. Ce n’était pas un récital. Seulement une conférence de presse. Les journalistes non mélomanes n’entendent pas la musique. Le musicien lui, n’entendit pas les cliquetis des photographes à contretemps de ses pizzicati.

Après la Suite n°5 pour violoncelle de Bach, révélant la suavité de graves à l’insolent éclat, Carpenter se lança avec fougue dans les Asturias d’Albeniz, son archet galopant en staccati serrés. Puis caressant les cordes, dans un mouvement ample, il fit chanter l’alto comme un violon. Enfin il joua Paganini, évoquant même l’ébouriffant prodige, qui était altiste et jouait sur un Strad. Accompagné d’un de ses frères et de sa sœur au violon, Carpenter souria, infiniment reconnaissant envers cet instrument de près de 300 ans, qu’il apprivoisait seulement.

La vente se déroule selon le principe de la soumission scellée, où les acquéreurs potentiels soumettent leurs enchères de façon confidentielle. La vente a débuté mercredi et doit se clore en juin, a précisé, Dan Abernethy, un porte-parole de Sotheby’s.

La maison attend des enchères supérieures à 45 millions de dollars.

A titre de comparaison, le Stradivarius « Lady Blunt » datant de 1721 avait été adjugé 15,9 millions de dollars en juin 2011 lors d’une vente aux enchères destinée à recueillir des fonds pour les victimes du tsunami au Japon.

Sources : Le FIGARO Valérie Sasportas et BFMTV


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