A hectic time with fantasy in the universe of urban surroundings
Vindo Rodriguez, fils d’immigré portugais, vit en banlieue parisienne toujours dans sa famille composée de Pietro le père, travailleur qui reproche à longueur de journée à son fils de vivre à ses crochets, Marie, sa mère qui défend sa progéniture contre son géniteur, Zef son petit frère toujours malade et les jumeaux, Charlotte et Gustavo dit Tav.
Vindo a décidé d’arrêter ses études et de travailler, préfèrant participer aux divers trafics de la cité. Un jour, par hasard, dans un bar, il rencontre une superbe femme (qui ne porte jamais slip et autre culotte sous ses jupes) qui lui demande de « filer » son mari, chirurgien célèbre et non moins engagé dan les actions humanitaires, car elle pense qu’il a une maîtresse. Vu le peu de difficultés de ce travail et surtout l’argent qu’elle lui promet, Vindo accepte sans hésiter. Mais il est loin d’être un vrai détective privé et se trouve mêler à une série d’événements plus improbables les uns que les autres desquels il arrive à s’échapper par sa naïveté mais surtout grâce à ses deux acolytes. Le premier n’est autre que son petit frère Tav, un gamin de douze ans, insupportable, totalement autiste, qui est persuadé qu’il est la capitaine Mglug chef de l’unité spéciale d’intervention galactique des Strogs qui poursuit les Grunters, les ennemis héréditaires des Strogs, dont le but est la domination de la terre. Le second est son ami d’enfance, encore plus déssociabilisé que lui, Bouselouf (« tête de mouton en beur »), dit Bousel, un noir à la tête de mouton, grand fumeur de joint et petit escroc sympathique.
C’est à une vraie épopée de pieds nickelés que le lecteur assiste. Soit tout est improbable, mais si drôle ! Au-delà des principaux protagonistes, les autres personnages sont caricaturés avec talent. Mais est-ce une caricature ou plus exactement la vision des résidents des banlieues ? J’opte plus pour la seconde proposition en ce qui concerne les travestis et surtout les policiers qui correspondent à tous les lieux communs que l’on peut imaginer.
Bacalhau !, au-delà d’une histoire, le roman de Larbi Naceri est aussi, une description en toile de fond, de la vie dans les cités, une vie qui est totalement différente de celle des « beaux quartiers » de la capitale. Une société où les anciens ont le culte du travail qui leur confère leur dignité, et une jeunesse qui ne se retrouve pas dans cette idéologie sociale, une jeunesse qui n’aspire qu’à l’argent gagné sans faire d’effort, qui n’a aucune envie de travailler pour s’insérer dans le tissu social, surtout si le seul avenir réaliste est de vivre dans des HLM dégradés. Pourquoi s’éreinter au travail, alors que le résultat est le même si on ne fait rien ? Une jeunesse avec ses codes et son sens de l’honneur qui se situe avant tout « dans la rondelle » des fesses. Et puis il y a le cynisme dont font preuve « les bourgeois » dans leur façon de faire, d’être, dans leur quête de gagner encore et encore plus d’argent sans aucune limite morale, et qui traite les gens des banlieues comme des débiles que l’ont peut manipuler sans vergogne. Ah ! le sentiment de supériorité de ceux qui ont de l’argent, comme si l’argent n’était que le seul critère de l’intelligence et de la supériorité.
Mais Bacalhau ! est aussi un livre avec une certaine morale. A la fin, Vindo n’est plus le même, il a évolué dans ses rapports avec les autres comme avec Tav et avec son père, il a découvert d’autres milieux comme la police et surtout celui des travestis qu’il ne verra jamais plus de la même façon.
Un livre, palpitant, épique, original aux personnages attachants dont l’auteur, Larbi Naceri, à chaque ligne nous montre tout l’amour qu’il leur porte.
Emile Cougut
Bacalhau !
Larbi Naceri
éditions Don Quichotte 18€