Egypt, or the colliding of civilizations. Momies found nearby Luxor
Égyptologie. Lors d’une conférence tenue en avril au Caire, le ministre égyptien des Antiquités, M. Mohamed Ibrahim a annoncé la découverte d’un nombre impressionnant de momies et de mobiliers funéraires exhumés dans une vaste nécropole à proximité de Louxor. Ces fouilles ont été conduites par une équipe suisse de l’université de Bâle.
Par ailleurs, au moment où nous mettons en ligne, nous venons juste d’apprendre la découverte près de la ville de Saqqara au sud du Caire, d’une tombe datant du 11ème siècle av J-C. Cette fouille a été réalisée par une équipe d’archéologues de l’université du Caire. L’annonce en a juste été faite par les autorités égyptiennes. Cette tombe est riche de décors représentant la procession funéraire et la vie dans l’au-delà (voir video en bas de l’article)
P-A L
Lu dans la presse/ La Tribune de Genève.
Cette tombe aurait pu rester enfouie dans la Vallée des Rois pour l’éternité. Elle s’appelait KV40 depuis des années, mais on ne voyait d’elle qu’une légère dépression à la surface du gravier. Elle n’avait jamais été fouillée jusqu’à ce jour de janvier 2012 où les égyptologues de l’Université de Bâle, sous la conduite du professeur Susanne Bickel, sont descendus dans le puits à six mètres sous la surface du sol. Dans les quatre chambres funéraires complètement calcinées, ils ont découvert ce qui s’avère être la dernière demeure de trente princes et princesses, enfants du pharaon et personnes de son entourage proche, ayant vécu à la XVIIIe dynastie (autour de 1300 av. J.-C.), sous les règnes de Toutmosis IV et d’Amenophis III.
«Jusqu’à présent, nous ignorions où étaient ensevelis les membres de la famille d’un pharaon qui se faisait enterrer dans la Vallée des Rois», explique Susanne Bickel, professeure d’égyptologie et responsable du University of Basel Kings Valley Project, la seule mission de fouilles suisse dans la Vallée des Rois, à l’origine de cette formidable découverte scientifique. «Faute de matériel, nous pensions que ceux qui avaient le privilège d’être ensevelis auprès du pharaon étaient de hauts fonctionnaires et des dignitaires de l’administration égyptienne. Nous savons aujourd’hui qu’il n’en est rien.»
Matériel d’embaumement
Le souverain gardait en effet près de lui pour toujours ses enfants, les proches membres de sa cour et ce qui était sans doute son harem. «Nous avons découvert une trentaine de noms et de titres de quatre princes, huit princesses et plusieurs dames d’origine étrangère, inscrits en hiératique – l’écriture administrative de l’Egypte antique – sur des tessons de poterie», commente l’égyptologue. «Il s’agit de grandes jarres brisées, plus d’une centaine, qui contenaient le matériel ayant servi à la momification des corps – bandes de lin, morceaux de textiles, tampons, petits sachets imbibés de natron utilisés lors du processus d’embaumement. Manifestement, tout ce qui avait touché le corps du défunt était enterré avec lui.»
Parmi les momies, celles de bébés, voire de nouveau-nés royaux, sont particulièrement bien conservées. Celles des enfants plus grands et des adultes sont réduites en morceaux, qu’il appartient aux anthropologues de reconstituer. Certains noms de femmes sont de consonance étrangère. «Or nous savons que le pharaon scellait par des mariages des alliances politiques avec les pays voisins. Il s’agit probablement d’épouses étrangères ou de dames d’honneur de celles-ci.»
Pillage et incendie
Cette tombe comportant un couloir d’accès et quatre chambres a été employée comme lieu de funérailles pendant quinze à vingt ans à la XVIIIe dynastie, puis abandonnée durant plusieurs siècles. A la XXIIe dynastie (vers 900 à 800 av. J.-C.), elle a été réutilisée comme sépulture pour une famille de prêtres du dieu Amon. Il existe dans la Vallée des Rois une quarantaine de tombes n’appartenant pas à un pharaon. Trois seulement ont été identifiées avant celle-ci; l’une appartient à une reine, une autre aux beaux-parents d’un pharaon, la troisième ayant servi de demeure d’éternité à un ami proche du souverain.
Des pilleurs ont mis le feu à la KV40 probablement à la fin du XIXe ou au début du XXe siècle de notre ère. «Ils ont lancé leurs torches à l’intérieur avant de s’enfuir, sûrement par superstition», avance Susanne Bickel. «Pour ne pas être poursuivis par de mauvais esprits!»
La chaleur est rapidement montée le long des murs et au plafond, atteignant 1200 à 1300 degrés. Au sol par contre, le feu a couvé avant de s’étouffer de lui-même, épargnant largement les momies et laissant une quantité considérable de matériel, pain bénit pour les chercheurs: tessons d’amphores, bois de sarcophages, pièces de textiles bien conservés. Susanne Bickel: «Nous avons trouvé de grands châles à franges et ce qui est peut-être la plus ancienne chaussette connue à ce jour… Il s’agit d’une pièce de lin tissé comportant un pouce – puisque les Egyptiens de l’Antiquité portaient des sandales. On enfilait le pied, rabattait une longue languette et faisait tenir le tout à la cheville par un lacet de lin tressé.» Un petit morceau émouvant d’humanité…
Une nouvelle campagne de fouilles est prévue pour l’hiver prochain.
Pascale Zimmermann. (TDG)
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