Un sanctuaire antique d’exception sort actuellement de terre à Pont-Sainte-Maxence (Oise). Sur 1,6 hectare, cette fouille de l’Inrap, prescrite par l’État (Drac Picardie), se déroule préalablement à la construction d’un centre commercial. Le passé antique de Pont-Sainte-Maxence étant encore peu connu, la découverte d’un vaste sanctuaire du milieu du IIe siècle de notre ère s’avère donc aujourd’hui inattendue, d’autant que sa statuaire remarquable n’a pas d’équivalent en Gaule romaine.

Le sanctuaire

Ce sanctuaire, compris dans une enceinte de 70 m x 105 m, possède deux petits pavillons à l’arrière, dont seules les fondations sont conservées. Au centre, la Cella, puissante plateforme maçonnée, est accessible par un escalier en façade. Elle constitue le cœur du sanctuaire où était érigée la statue d’une divinité. Les archéologues y ont découvert de nombreux éléments de balustrade à décor de « S » affrontés et de lances, ainsi que des éléments de placage en marbre.

Une façade monumentale avec des ornements sculptés

Olécio partenaire de Wukali

L’entrée du sanctuaire se faisait par une façade monumentale de près de 10 m de haut sur 70 m de long, dimensions exceptionnelles en Gaule romaine. Cette façade est percée d’une série de 13 à 17 arcades, surmontées d’un entablement et, fait exceptionnel, d’une frise d’attique qui évoque davantage le vocabulaire architectural des arcs triomphaux. Sur cet attique devait figurer une dédicace en lettres de bronze. Quelques décennies après son érection, la façade s’effondra quasiment d’un seul tenant – peut-être suite à un défaut au niveau des fondations liée à la nature et au pendage du sol – provoquant un chaos de milliers de blocs et de fragments que les archéologues étudient pour restituer progressivement l’aspect originel du monument. L’ornementation, parfois rehaussée de couleurs, révèle une profusion de décors sculptés : méandres à grecque, rinceaux, animaux, canthares, personnages sur culots d’acanthe…

Venus, Apollon, Jupiter, une statuaire exceptionnelle

Au sein de l’entablement, la séquence la plus singulière est la frise ornée de divinités issues du Panthéon gréco-romain : une Vénus accroupie est associée à une tête de vieille femme, très expressive. Cette sculpture rappelle un épisode relaté par Homère (Odyssée VIII) : après son aventure avec Mars, l’épouse de Vulcain se retire dans les bois. Une vieille dame apprit aux dieux, qui la recherchaient, le lieu de sa retraite. Pour la punir, Vénus la métamorphosa en rocher. Au sommet de la façade, un des éléments les plus remarquables est un décor de têtes monumentales (3 fois grandeur nature) aux chevelures complexes, et dont les yeux étaient à l’origine incrustés de pierres colorées. Parmi elles, une tête de Jupiter-Ammon aux cornes de bélier. D’autres dieux et déesses, encore indéterminés, alternent avec des griffons assis aux ailes déployées. De nombreux fragments représentent des attributs divins (paon de Junon, carquois et arc de Diane…) ou des visages de dieux (Vulcain ou Ulysse, Hadès, personnage au bonnet phrygien…) : tous ont une expression dramatique évoquant le pathos propre à la statuaire hellénistique. L’atelier ayant réalisé ces sculptures possède un très haut niveau technique. Le style, très proche de celui du temple de Champlieu (Oise), semble d’encore meilleure qualité. Les archéologues s’interrogent sur les origines de ce temple volontairement imposant, placé à proximité de la voie antique Senlis-Beauvais. Un sanctuaire, édifié sur des vestiges gaulois (fossés, premier état à poteaux de bois) et scellé par un niveau comprenant un grand nombre de minuscules monnaies du IVe siècle.

Source: Inrap


Illustration de l’entête : © Denis Gliksman/Inrap


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