La 38e session du Comité du patrimoine mondial réuni à Doha (Qatar) jusqu’au 25 juin a inscrit aujourd’hui sous la présidence de la Sheikha Al Mayassa Bint Hamad Bin Khalifa Al Thani les sites suivants sur la Liste du patrimoine mondial de l’humanité :
– La Citadelle d’Erbil (Irak) est un établissement anciennement fortifié bâti au sommet d’un imposant tell ovoïde – un monticule créé par les générations qui se sont succédées sur le site et ont reconstruit au même endroit. Elle est située dans la région autonome du Kurdistan en Irak, au nord du pays. Le mur ininterrompu de façades de maisons du 19e siècle continue de donner l’impression visuelle d’une forteresse imprenable surplombant la ville d’Erbil. La Citadelle présente un tracé de rues particulier, en éventail, datant de la phase ottomane tardive d’Erbil. Les sources écrites et iconographiques documentent l’antiquité de l’occupation du site –Erbil correspond à l’ancienne Arbelès, un important centre politique et religieux assyrien- tandis que les découvertes et fouilles archéologiques suggèrent que la colline cache les strates et les vestiges d’établissements plus anciens.
– Usine Van Nelle (Pays-Bas) – Réalisée au cours des années 1920 le long d’un canal de la zone industrielle du Polder Spaanse, à Rotterdam, l’usine Van Nelle est un des fleurons de l’architecture industrielle du XXème siècle. Il s’agit d’un ensemble d’usines aux façades de verre et d’acier utilisant à grande échelle le principe du « mur rideau ». Conçue comme une usine idéale, elle est ouverte sur l’extérieur et l’espace intérieur est évolutif en fonction des besoins. La lumière y est mise au service du confort au travail. Elle se veut une usine nouvelle, véritable symbole de la culture architecturale moderniste et fonctionnaliste de l’entre-deux-guerres. Elle témoigne aussi de la longue tradition portuaire et économique néerlandaise dans les domaines du conditionnement de produits agro-alimentaires importés (café, thé, tabac) et leur commercialisation en Europe.
– Filature de soie de Tomioka (Japon) – Créé en 1872, ce complexe historique séricicole et de filature de la soie se situe dans la préfecture de Gunma, au nord-ouest de Tokyo. Construit par le gouvernement, avec des machines importées de France, il se compose de quatre sites qui correspondent aux différentes étapes de la production de soie grège : élevage des cocons dans une ferme expérimentale ; site de stockage des graines dans des caves à température constante ; dévidage des cocons et filature de la soie grège en usine ; magnanerie-école pour la diffusion des connaissances séricicoles. Le site illustre la volonté du Japon d’accéder rapidement aux meilleures techniques de la production de masse et il a été un élément décisif du renouveau de la sériciculture et de la soierie japonaise dès le dernier quart du XIXème siècle. Il témoigne de l’entrée du pays dans le monde moderne industrialisé. Le Japon va devenir le leader de la production séricicole et le premier exportateur mondial, notamment vers la France et l’Italie.
– Ville historique de Djeddah, la porte de La Mecque (Arabie saoudite) – Sur la rive orientale de la Mer rouge, Djeddah a été à partir du VIIème siècle l’un des ports les plus importants sur les routes commerciales de l’océan Indien. C’est ici qu’arrivaient les marchandises à destination de La Mecque. C’était aussi le port d’arrivée pour les pèlerins voyageant par la mer. Ce double rôle a permis le développement d’une ville multiculturelle, caractérisée par une tradition architecturale originale, née de la fusion des traditions de construction en corail de la région côtière de la Mer Rouge avec des idées et savoir-faire glanés le long des routes commerciales. Au XIXème siècle, les élites marchandes y ont notamment bâti de superbes maisons-tours.
– Qhapac Ñan, Réseau de routes andin (Argentine, Bolivie, Chili, Colombie, Equateur, Pérou)– Ce grand réseau de routes de communication, de commerce et de défense parcourt plus de 30 000 kilomètres. Construit par les Incas sur plusieurs siècles et en partie basé sur une infrastructure pré-inca, ce réseau extraordinaire traversant l’un des terrains géographiques les plus difficiles du monde relie les sommets enneigés des Andes (à plus de 6 000 m) à la côte en passant par des forêts tropicales humides, des vallées fertiles et des déserts. Le Qhapac Ñan qui a atteint son extension maximale au XVe siècle s’étendait sur toute la longueur et la largeur des Andes. Le nouveau site du patrimoine comprend 273 sites individuels s’étendant sur plus de 6000 kilomètres. Ils ont été choisis pour illustrer les réalisations architecturales, techniques, politiques, sociales du réseau ainsi que son infrastructure associée, destinée au commerce, à l’hébergement et au stockage des marchandises, et des sites d’importance religieuse.
– Ancienne cité maya et forêts tropicales protégées de Calakmul, Campêche (Mexique) – est une nouvelle proposition d’inscription et une extension de l’Ancienne cité maya de Calakmul, Campêche, un bien de 3000 ha, inscrit en 2002 sur la Liste du patrimoine mondial. Le bien proposé est situé dans le secteur centre sud de la péninsule du Yucatan, dans le sud du Mexique. Il comprend les vestiges de l’importante ville maya de Calakmul, située dans les profondeurs de la forêt tropicale des Tierras Bajas. La ville, qui a joué un rôle clé dans l’histoire de la région pendant plus de douze siècles, se caractérise par des structures admirablement conservées qui offrent une image parlante de la vie dans une ancienne capitale maya. Le bien est aussi le troisième haut lieu de biodiversité du monde par sa taille. Il recouvre tous les écosystèmes subtropicaux et tropicaux du Mexique central jusqu’au canal de Panama.
– Westwerk caroligien et civitas de Corvey (Allemagne) – Le bien est situé le long de la Weser, à la périphérie de la ville de Höxter, où le Westwerk et la civitas furent érigés entre 822 et 885 après J.-C. dans un environnement rural encore largement préservé. Le Westwerk est l’unique structure debout qui remonte à l’époque carolingienne, tandis que l’ensemble de l’abbaye impériale d’origine est conservé sous forme de vestiges archéologiques, dont une partie seulement a été fouillée. Le Westwerk de Corvey représente un des exemples les plus éminents de l’architecture carolingienne. Il s’agit d’une création authentique de cette période. De plus, l’articulation et la décoration architecturales du Westwerk illustrent clairement le rôle joué au sein de l’Empire franc par les monastères impériaux, en assurant le contrôle territorial, l’administration ainsi que la diffusion du christianisme et de l’ordre politique et culturel carolingien dans l’ensemble de l’Europe.
La 38e session du Comité du patrimoine mondial a commencé le 15 juin et se poursuivra jusqu’au 25 juin.
Communiqué Unesco
WUKALI 21/06/2014