2014 Nominations in the UNESCO World List Heritage
Nouveaux sites classifiés par l’UNESCO
Ces derniers sites, choisis dans les derniers jours de la réunion extraordinaire de l’Unesco qui s’est tenue à Doha, terminent la sélection 2014 pour l’inscription sur la liste du Patrimoine mondial de l’humanité. ils intègrent tout à la fois de vastes réalisations humaines, économiques et aussi culturelles tel par exemple le Grand canal en Chine qui traverse le pays sur près de 1930kms, ou la Route de la soie qui passe sur plusieurs pays, ainsi que des ensembles architecturaux à l’image du Namhansanseong en Corée ou le Rani-ki-Vav à Patan en Inde , chef d’oeuvre de raffinement et de sculpture. Ils s’ajoutent aux autres sites déjà sélectionnés au tout début de cette réunion internationale ( voir rubrique Brèves)
P-A L
– Namhansanseong (République de Corée) – Conçue comme une capitale refuge de la dynastie des Joseon (1392-1910), Namhansanseong se trouve dans une zone montagneuse à 25 kilomètres au sud-est de Séoul. Construite et défendue par des moines-soldats bouddhistes, elle pouvait accueillir 4 000 personnes et jouait un important rôle administratif et militaire. Ses vestiges les plus anciens remontent au VIIème siècle mais elle a été reconstruite à plusieurs reprises, notamment au début du XVIIème siècle, en prévision d’une attaque de la dynastie sino-mandchoue des Qing. Elle exprime une synthèse du génie militaire défensif de l’époque, à partir d’influences chinoises et japonaises, et des évolutions de l’art de la fortification, suite à l’arrivée des armes à feu venues d’occident. Citée habitée en permanence et longtemps capitale provinciale, elle comprend dans son enceinte fortifiée des témoignages de divers bâtiments militaires, civils et religieux. Elle constitue un symbole de la souveraineté coréenne.
– Le Grand Canal (Chine) – Ce vaste système de navigation intérieure au sein des plaines de la Chine du Nord-Est et du Centre-Est s’étend de la capitale Beijing, au nord, à la province du Zhejiang, au sud. Entrepris par secteurs dès le Vème siècle avant J.C., il fut conçu en tant que moyen de communication unifié de l’Empire à partir du VIIème siècle (Dynastie Sui). Cela se traduisit par une série de chantiers gigantesques, formant l’ensemble de génie civil le plus important et le plus étendu de tous les temps préindustriels. Axe vital des voies de communication intérieures de l’empire, il assura notamment l’approvisionnement en riz des populations et les transports de matières premières stratégiques. Au XIIIème siècle, il offrait un réseau unifié de navigation intérieure de plus de 2000 kilomètres de voies d’eau artificielles reliant cinq des plus importants bassins fluviaux de l’espace chinois. Il a joué un rôle notable pour la prospérité économique et la stabilité de la Chine et reste encore aujourd’hui une importante voie d’échange intérieure.
– Routes de la soie : le réseau de routes du corridor de Chang’an-Tian-shan (Chine, Kazakhstan, République kirghize) – Cette section des Routes de la soie s’étend sur 5 000 kilomètres, de Chang’an/Luoyang, capitale centrale de la Chine sous les dynasties Han et Tang, jusqu’à la région de Jetyssou, en Asie centrale. Ce corridor a pris forme entre le IIème siècle av. J.-C. et le premier siècle apr. J.-C. ; il a été utilisé jusqu’au 16ème siècle, reliant de nombreuses civilisations et facilitant des échanges à longue distance en matière de commerce mais aussi de croyances religieuses, de connaissances scientifiques, d’innovations technologiques, de pratiques culturelles et artistiques. Parmi les 33 sites inclus dans la nomination figurent d’importants ensembles de villes/palais de différents empires ou royaumes de Khans, des établissements de commerce, des temples de grottes bouddhistes, des voies antiques, des relais de poste, des cols, des tours balises, des parties de la Grand Muraille, des fortifications, des tombes et des édifices religieux.
– Rani-ki-Vav (le puits à degrés de la Reine) à Patan, Gujarat (Inde)– Situé sur les rives de la Sarasvati, à Patan, le Rani-ki-Vav a été construit au départ comme un mémorial pour un roi du XIème siècle. Les puits à degrés sont une typologie architecturale propre au sous-continent indien. Apparus dès le IIIe millénaire av J.-C., ils ont évolué au fil du temps : depuis ce qui était simplement une fosse accessible dans un sol sablonneux jusqu’à des ouvrages artistiques et architecturaux à plusieurs étages et très élaborés. Rani-ki-Vav a été construit à l’apogée de la maîtrise des artisans aussi bien de la construction de puits à degrés que du style Maru-Gurjara, d’où sa technique complexe et sa grande beauté dans les détails comme dans les proportions. Conçu comme un temple inversé soulignant le caractère sacré de l’eau, il comporte sept niveaux d’escaliers et de panneaux sculptés d’une haute qualité artistique. Plus de 500 sculptures principales et un millier d’autres mineures composent une imagerie religieuse, mythologique et séculaire, avec de fréquentes références à des œuvres littéraires. Le quatrième niveau est le plus profond et il mène à une citerne de 9,5 sur 9,4 mètres à 23 mètres de profondeur. Le puits se situe à l’extrémité ouest du site ; profond de 30 mètres, il s’agit d’une cavité circulaire de 10 mètres de diamètre.
– Anciennes cités Pyu (Myanmar) – Situés dans la région sèche du bassin de l’Ayeyarwady (Irrawaddy) mais dans de vastes paysages irrigués, les vestiges des trois cités de Halin, Beikthano et Sri Ksetra, avec leurs enceintes de remparts et de douves, témoignent de l’histoire des royaumes Pyu qui ont prospéré pendant plus de 1000 ans, entre 200 av. J.C. et 900 apr. J.C. Ces trois cités sont des sites archéologiques partiellement mis à jour. On y trouve des palais-citadelles, des sites funéraires et d’anciens sites de production industrielle, ainsi que de monumentaux stupas bouddhiques en brique, des murs partiellement debout, et des éléments de gestion de l’eau, pour certains encore en activité, qui permettaient une agriculture intensive.
– Shahr-i-Sokhta (République islamique d’Iran), qui signifie « ville brûlée » est situé à la jonction de routes commerciales de l’âge du bronze traversant le plateau iranien. Les vestiges de la ville en briques de terre crue représentent l’émergence des premières sociétés complexes dans l’est de l’Iran. Fondée vers 3200 avant J.-C., la ville fut habitée au cours de quatre principales périodes jusque vers 1800 avant J.-C. au cours desquelles se développèrent plusieurs quartiers distincts de la ville. Ils comprennent une aire monumentale, des quartiers résidentiels, des quartiers industriels et une nécropole. Un changement du lit du cours d’eau et un changement climatique ont conduit à l’abandon de la ville au début du second millénaire avant notre ère. Les structures, la nécropole et le grand nombre d’objets importants mis au jour lors de fouilles et leur bon état de conservation dû au climat sec du désert font de ce site une source riche d’informations sur l’émergence de sociétés complexes et sur les contacts entre elles au troisième millénaire avant notre ère.
– Complexe historique et archéologique de Bolgar (Fédération de Russie) – Situé sur les rives de la Volga, au sud de sa confluence avec la rivière Kama et de la capitale du Tatarstan, Kazan, Bolgar est un établissement de la civilisation nomade des Bulgares de la Volga – qui exista du VIIème au XVème siècle – et il fut la première capitale de la Horde d’or au XIIIème siècle. Les vestiges de la cité médiévale de Bolgar illustrent l’histoire des échanges culturels et les transformations de l’Eurasie qui a joué un rôle-pivot pendant plusieurs siècles dans la formation des civilisations, des coutumes et des traditions culturelles. Le site contient des témoignages remarquables de la continuité historique et de l’influence mutuelle des traditions culturelles. Souvenir symbolique de l’acceptation de l’Islam par les Bulgares de la Volga en 922, il reste un lieu de pèlerinage pour les Tatars musulmans.
– Etablissements de chefferies précolombiennes avec des sphères mégalithiques du Diquís (Costa Rica) – Cette nomination concerne quatre sites archéologiques situés dans le delta du Diquis, au sud de Costa Rica. Ils représentent différentes structures d’établissements de sociétés de chefferie (500-1500 apr. J.-C.) et contiennent des monticules artificiels, des zones pavées, des sites funéraires et, surtout, une collection exceptionnelle de sphères mégalithiques de grande dimension (de 0, 7 à 2,57 m de diamètre). Le fait que leur signification et leur usage restent largement inconnus et que leur processus de fabrication, bien qu’en partie compris, ne puisse être entièrement expliqué, contribue à leur mystère Ces sphères sont rares par leur perfection et leur grande taille, mais aussi par leur nombre et leur disposition à leurs emplacements d’origine Leur préservation du pillage qui a frappé la majorité des sites archéologiques du Costa Rica tient aux couches de sédimentation qui les ont enterrés pendant des siècles.
– Complexe paysager de Trang An (Viet Nam) – Situé sur la rive méridionale du delta du fleuve Rouge, Trang An est un spectaculaire paysage de pitons karstiques sillonné de vallées, pour certaines immergées, et encadré de falaises abruptes, presque verticales. L’exploration de quelques-unes des grottes les plus en altitude qui ponctuent ce paysage a mis au jour des traces archéologiques d’une activité humaine qui remontent à 30 000 ans environ. Elles illustrent l’occupation de ce massif par des chasseurs cueilleurs et leur adaptation aux changements climatiques et environnementaux. Le bien comprend aussi Hoa Lu, l’ancienne capitale du Viet Nam aux Xe et XIe siècles, ainsi que des temples, des pagodes et des paysages de rizières, de villages et de lieux sacrés.
– Parc national du Grand Himalaya (Inde) – se trouve dans le secteur occidental de l’Himalaya, dans l’Etat indien septentrional de l’Himachal Pradesh. Il se caractérise par de hauts sommets alpins, des prairies alpines et des forêts riveraines. Les 90 540 ha du bien englobent les sources, nées des hautes montagnes glacées et de la fonte des neiges, de plusieurs fleuves et les bassins versants des eaux qui alimentent de façon vitale des millions de personnes vivant en aval. Le site protège les forêts touchées par la mousson et les prairies alpines des chaînes frontales de l’Himalaya. Le bien, qui protège aussi une partie du « haut-lieu de biodiversité » de l’Himalaya, comprend 25 types de forêts et un riche assemblage associé d’espèces de la faune, dont plusieurs sont menacées. Cela lui confère une importance exceptionnelle pour la conservation de la biodiversité.
– Sanctuaire de faune et de flore sauvages de la chaîne du Mont Hamiguitan (Philippines) – Formant une crête montagneuse de direction nord-sud le long de la péninsule de Pujada, dans la partie sud-est du Corridor de biodiversité oriental de Mindanao, le Sanctuaire de faune et de flore sauvages de la chaîne du Mont Hamiguitan a une amplitude altitudinale de 75 à 1637 mètres au-dessus du niveau de la mer et offre un habitat d’importance critique à toute une gamme d’espèces animales et végétales. Le bien présente des habitats terrestres et aquatiques à différentes élévations qui abritent des espèces endémiques de faune et de flore dont huit ne vivent que sur le Mont Hamiguitan. Ces espèces comprennent des arbres et des plantes en danger critique et deux oiseaux emblématiques : l’aigle des Philippines et le cacatoès des Philippines.
– Stevns Klint (Danemark). Ce site géologique, qui comprend un littoral long de 15 km avec des falaises fossilifères, est un témoignage exceptionnel de l’impact de la chute de la météorite de Chicxulub, survenu à la fin du Crétacé, il y a environ 65 millions d’années. Les scientifiques considèrent généralement que cet impact est responsable de la plus récente des grandes extinctions de masse de l’histoire, à l’origine de la disparition des dinosaures et de plus de 50% de la vie sur Terre. On peut observer sur ce site le registre sédimentaire du nuage de cendres formé par l’impact de la météorite, le site même de l’impact étant au fond de l’eau, au large de la péninsule du Yucatán au Mexique. On peut également y observer un registre fossile exceptionnel formé d’une succession d’assemblages biologiques.
– Karst de Chine du Sud (Chine) – Extension de Karst de Chine du Sud, inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en 2007. Il s’agit d’un des plus spectaculaires exemples de paysages de karst humide tropical et subtropical. L’extension couvre une zone de près de 50 000 ha. Ce site en série comprend donc désormais 12 éléments répartis dans quatre provinces (Guizhou, Guangxi, Yunnan et Chongqing) et s’étend sur une superficie de 176 228 ha. Il contient dans son ensemble les formes de reliefs karstiques les plus représentatives, notamment le karst à tourelles, le karst à pitons et le karst à pinacles ainsi que d’autres caractéristiques spectaculaires telles que des ponts naturels, des gorges et de vastes grottes.
– Forêt Bialowieża (Bélarus/Pologne). Extension et nouvelle proposition de « Forêt Belovezhskaya Pushcha/Bialowieża », inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en 1979. Situé sur la ligne de partage des eaux entre la mer Baltique et la mer Noire, ce vaste massif de forêt ancienne comprend à la fois des conifères et des feuillus. La modification apportée au bien se traduit par une diminution de plus de 5000 ha du côté bélarussien et par une vaste extension du secteur polonais qui passe de 5069 à 59576 ha. D’une superficie totale de 141 885 ha, ce bien transfrontalier apparaît comme une région irremplaçable pour la conservation de la biodiversité. On y trouve la plus grande population de bisons d’Europe, l’espèce emblématique du bien.
– La mer des Wadden (Allemagne/Danemark). Extension de La mer des Wadden, (Allemagne/Pays-Bas), inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en 2009. La mer des Wadden est considérée comme le plus grand système mondial de vasières et de bancs de sable à marée d’un seul tenant. L’extension complète englobe désormais la majeure partie de l’aire de conservation de la mer des Wadden danoise ainsi qu’une extension maritime du Parc national de la mer des Wadden de Basse-Saxe, en Allemagne.
Ces dernières inscriptions portent le nombre total de sites inscrits jusqu’ici sur la Liste à 1010.
Illustration de l’entête: Sculptures à l’intérieur du Rani ki Vav, Patan, Gujarat
WUKALI 23/06/2014