Jean Moulin was appointed by General de Gaulle to unite together French resistance. He was arrested by the Gestapo near Lyons then tortured by Klaus Barbie. He died in Metz on the way by train to a camp of prisoners in Germany. A statue representing him is exposed in Metz railways station, main Hall.
La chronique de Carine MOSCA.
L’un des plus célèbres héros français de la Résistance et plus jeune Préfet de son époque, Jean Moulin décède le 8 juillet 1943 en gare de Metz dans le train qui le déporte en Allemagne des suites de tortures infligées par la Gestapo et Klaus Barbie, conséquences de son arrestation à Caluire-et-Cuire, près de Lyon, le 21 juin 1943.
En commémoration du soixante-dixième anniversaire de sa mort, la Préfecture de la Moselle et la Ville de Metz initièrent en 2013, une commande publique dont la réalisation fut confiée à Stephan Balkenhol, sculpteur allemand et résident depuis une vingtaine d’année de Meisenthal, un village situé en plein cœur du Pays de Bitche, le parc naturel régional des Vosges du nord.
Inaugurée le jeudi 10 juillet 2014 dans le hall principal de la gare de Metz, l’Hommage à Jean Moulin de Stephan Balkenhol est parfaitement représentatif des directions nouvelles qu’empruntent ses dernières années l’œuvre du sculpteur. Né en 1957 à Fritzlar en Allemagne, élève de Ulrich Rückriem au sein du département de sculpture de la Hochschule für Bildende Künste de Hambourg de 1976 à 1982, Stephan Balkenhol développe depuis lors un univers peuplé de figures humaines, animales et parfois hybrides où règne le goût d’une banale simplicité visible tant dans le choix des couleurs et des situations que dans les attributs des sculptures. L’homme au pantalon noir et à la chemise blanche, archétype récurrent de la production de Stephan Balkenhol, en est l’exemple le plus emblématique. Son mutisme et son inexpressivité ne doivent toutefois pas évincer le talent qu’a Stephan Balkenhol de positionner ses figures au sein d’un réseau complexe de références historiques, artistiques et culturelles où l’univocité est écarté au profit d’une équivocité propice à l’émancipation du lecteur-spectateur. Le bois, matière de prédilection de l’artiste, est travaillé avec la même désinvolture : les saillies du burin et du ciseaux à bois demeurent volontairement apparentes. Cette caractéristique, au fondement du style immédiatement reconnaissable du sculpteur, est également présente dans ses réalisations en bronze : Hommage à Jean Moulin ne déroge à ces règles.
Tout de bronze et en complet noir, chemise blanche et cravate ocre, Jean Moulin se tient debout sur une traverse placée au cœur de l’arche du hall principal de la gare de Metz. De part et d’autre, se tiennent trois figures patinées de gris. Leur répartition (un homme et une femme à droite, un deuxième homme à l’extrémité gauche) vient rompre la centralité de l’ensemble. D’apparence ordinaire, ces personnages complètent l’installation et tendent ainsi à annihiler toute survalorisation pathétique et sacralisation du sujet principal de la commande: Jean Moulin, héros-symbole de la Résistance, s’immerge dans la foule. De même, chaque figure imaginée par Stephan Balkenhol possède une taille identique – 2 mètres 70 –, nouvel indice d’une prise de distance vis-à-vis des us et coutumes du genre commémoratif. L’égalité morale entre les figures est soulignée par une égalité formelle.
En confiant la réalisation de l’œuvre Hommage à Jean Moulin à un artiste allemand, le comité de pilotage de la commande publique a d’évidence souhaité mettre en lumière l’amitié qui lie la France et l’Allemagne aujourd’hui. Puisse-t-elle donner lieu à de nouvelles amitiés artistiques et culturelles, qui insérées dans l’espace public et placées sous le registre de l’équivocité, inviteraient au développement de l’esprit critique de ses usagers !
Carine Mosca
WUKALI 15/07/2014
Illustration de l’entête: Hommage à Jean Moulin en gare de Metz © Grégory Boileau pour France 3 Lorraine