Lyons an other artistic Must in France with Erró retrospective



La chronique de Pierre-Alain LÉVY.


Lyon est une belle capitale culturelle et s’il fallait en donner un exemple, l’exceptionnelle rétrospective de l’oeuvre d’Erró qui ouvre ses portes au MAC Lyon en constituerait une parfaite illustration.

Olécio partenaire de Wukali

Illustration, tel est bien le mot pour traiter de cet artiste hors du commun avec un imaginaire multiple fait d’images disparates glanées un peu partout et chapitrées en maints sujets qui couvrent notre temps et percutent au quotidien notre vision subjective des choses. Erró est un avant gardiste et avant même que notre société de l’information, de la communication ou plus exactement du visuel ( par antithèse avec l’abstraction intellectuelle) percute notre imaginaire il avait dés les années 50-60 commencé à emmagasiner, classer, organiser toutes sortes d’iconographies capables de nourrir son oeuvre, un peu comme Delacroix qui toute sa vie durant eut recourt à des carnets de dessins pour fixer des sujets qui lui serviraient plus tard.

L’exposition enthousiasmera un vaste éventail de public qui sera séduit tout à la fois par la vaste diversité des thèmes qui renvoient à un quotidien apprivoisé par la prolifération des personnages, et par un style tout à la fois emprunt de surréalisme, d’art naïf à la confluence de la bande dessinée ou des affiches publicitaires.

Erró est né en Islande en 1932, Erró (de son vrai nom Guðmundur Guðmundsson) s’installe définitivement à Paris en 1958 après une formation à l’Académie des Beaux-arts de Reykjavík et à Oslo (où il étudie la fresque), puis des voyages en Espagne, en Allemagne, en France et un long séjour en Italie, où il étudie notamment la mosaïque. Il est subjugué par la Crucifixion du Tintoret à la Scuola San Rocco de Venise. Il étudie Léonard de Vinci, Paolo Uccello, mais aussi Marino Marini ou les peintures oniriques et les bestiaires du peintre mexicain Rufino Tamayo.

S’il est installé à Paris depuis 1958, il reste au demeurant un bourlingueur, il parcourt le monde et absorbe comme une éponge des microcosmes planétaires. À Paris, il rentre très tôt en contact avec les surréalistes et certains pop-artistes dans le cadre de manifestations collectives ou d’expositions de ces artistes à la galerie Sonnabend. Erró entreprend dès 1958 ses premiers collages à partir de revues scientifiques et techniques ou d’illustrations de magazines. Puis à partir de 1960 il commence à exposer seul.

Imprégné par les théories dadaïstes ou surréalistes, il se lance dans des collages et l’usage des ciseaux devient pour lui aussi important que celui du crayon ou du pinceau. S’en suivra une vaste accumulation d’illustrations qu’il utilisera dans des séries hiérarchisées ancrées sur une vision tout à la fois objective et joyeuse du monde contemporain. Les personnages emblématiques du temps, icônes politiques, personnages de dessins animés ou de bandes dessinés nourrissent son imagination. Erró est témoin de son temps , pour lui :

«L’artiste enregistre cent fois plus d’impressions qu’au XVIIIème siècle. Il en résultera une condensation, une variété une rupture des formes du tableau moderne. Les éléments visuels, décoratifs, sociaux n’ont jamais été aussi intenses, aussi receleurs des documents plastiques nouveaux. Les créations scientifiques actuelles nous offrent un champ illimité de formes inconnues»

Ses peintures sont foisonnantes et y fourmillent mille et un personnages, visages ou détails les plus ténus, les plus variés, les plus cocasses. Un bouillonnement icônique qui semble familier.

Fin 1963-début 1964, lors de son premier séjour à New York, Erro rencontre Wesselmann, Warhol, Rosenquist, Rauschenberg et devient un des maîtres du pop Art. Il croise dans ses peintures des univers tranchés et dans une synergie illustrative qui n’appartient qu’à lui il les met en résonance.

«Ce que j’aime dans mon travail, c’est que cela ressemble à des émissions de radio. Lorsqu’on tourne le bouton du poste, on peut passer d’Amsterdam à Mexico, à Tokyo. J’aime écouter les nouvelles en plusieurs langues, m^me si je n’en comprends qu’une partie. (…) Les points de vue, les informations, les reportages sont très différents. Mon travail c’est pareil, mais c’est moins éphémère.»

A l’image de l’artiste, l’exposition du Musée d’Art contemporain de Lyon ( Mac Lyon) est foisonnante et se déploie sur trois niveaux. Sur près de 3000m2 collages, performances, films, aquarelles, peintures, dessins : plus de 400 oeuvres choisies dans les collections publiques et privées d’Europe et d’Islande soit plus de 500 oeuvres provenant de collections publiques et privées d’Europe et d’Islande

Erró raconte, babille, bonimente, jacasse, discute, réjouit, offre à voir, éclaire, illumine et dévoile un monde grouillant, multiforme et rieur qui séduit sans jamais blesser.

Pierre-Alain Lévy

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ERRÓ

Musée d’art contemporain de Lyon

du 3 octobre 2014 au 22 février 2015

Cité internationale. 81 quai Charles de Gaulle. Lyon


Illustration de l’entête: Erró entrain de déballer une de ses toiles au MAC Lyon



WUKALI 29/09/2014


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