Design from Lebanon exhibited in Dijon in Burgundy
L’exposition Bokja, «Métissages & Good Things », lancée à la galerie Epokhé de Dijon le 5 décembre, enchantera petits et grands, touristes et passants. Hoda Baroudi et Maria Hibri, artistes libanaises, nous présentent leurs créations : des fauteuils et canapés des années 50 à qui elles ont donné une seconde vie (et un passeport !) en mêlant les textures, les couleurs et les cultures. Résultat : de merveilleux assemblages de Bokja dégageant émotion et féérie, c’est la magie de Noël avant l’heure !
L’ascension de Bokja, un design humaniste et cosmopolite
Le projet Bokja voit le jour à Beyrouth (Liban) en 2000, Huda Baroudi et Maria Hibri, férues de design et amoureuses de meubles lancent alors leur marque et leur société.
Depuis la notoriété des artistes et de leur travail n’a fait que croître. Après l’Institut du Monde Arabe, ce fut au tour du désormais renommé magasin Merci, à Paris, d’exposer leurs œuvres.
Les œuvres sont réalisées au Liban, nation au confluent de cultures diverses souvent mis à mal par ses conflits internes ou par les conflits externes et leurs impacts sur le pays. La diversité des étoffes, des motifs et des couleurs reflète ce savant mélange d’influences et de cultures qui fait la réputation du Liban à travers le monde. On ne peut s’empêcher de penser que le melting-pot de leur atelier et l’optimisme volontariste qui transparaît dans leurs créations sont à l’image de la résilience du Liban et de ses compatriotes.
L’arrivée à Dijon, l’exposition à la galerie Epokhé
Aujourd’hui reconnue dans le monde entier, la marque Bokja s’invite depuis peu à Dijon. Au cœur du centre historique de la capitale des Ducs de Bourgogne, rue Verrerie, entre rue pavée et maisons à colombages du XVe siècle, la galerie Epokhé permet de faire rencontrer art contemporain et tradition architecturale de fin de Moyen Âge.
Au sein de cette galerie, on découvre, dans une atmosphère chaleureuse, plusieurs créations issues des dernières collections de Huda Baroudi et Maria Hibri. Là aussi les contrastes sont de rigueur, en termes de couleurs comme du point de vue des matières. Le travail de réassemblage hétéroclite de chintz russe, fausse fourrure, étoffes issues de différentes pièces est parfaitement réussi. Ils confèrent une modernité de style à des meubles aux formats plus classiques.
Notre conclusion
Depuis Le Corbusier et Charlotte Perriand, le design n’a cessé de s’affirmer comme un art à part entière, se détachant de l’architecture, plus proche des gens, de leurs envies et de leur quotidien. A contre-courant d’un design épuré scandinave largement popularisé, Bokja assume et revendique sa différence, pour le plus grand plaisir des yeux de tous : amateurs comme néophytes, leur travail à la fois innovant et esthétique parle à tous. Leur passage à Dijon est une occasion en or de pouvoir admirer leur travail de près et pourquoi pas de s’imaginer acquérir une de leurs créations ?
En complément, Maria Hibri s’exprime sur Wukali
Maria, quel message cherchez vous à transmettre au travers de vos créations ?
– Bokja s’applique à rechercher la beauté dans l’imperfection et l’inattendu. Nous souhaitons qu’à travers nos créations, les gens se laissent aller au rêve, à la contemplation, puis qu’ils discutent ensemble, tout simplement.
– Le contexte difficile et parfois brutal de la région a-t-il une résonance avec l’art et le design de vos travaux ? Si oui, dans quelle mesure ?
Bokja est installé à Beyrouth depuis 15 ans, 15 ans au fil desquels l’environnement politique et socio-économique n’a cessé de changer. Mais pour nous, Beyrouth, c’est avant tout une ville qui vibre, riche de cultures, d’influences, de rencontres. C’est une porte sur l’Est et sur l’Ouest que nous avons eu envie d’ouvrir et de raconter. Bokja retranscrit ce bouillonnement en juxtaposant des assemblages de tissus, qu’il faut interpréter comme le miroir de notre société.
– Comment s’est fait le choix de Dijon et de la galerie Epokhé ? Rétrospectivement voyez-vous des coïncidences heureuses ou parallèles entre leur travail et le vôtre ?
L’approche de la galerie Epokhé en termes de design est très similaire à la nôtre : elle s’appuie sur l’émotion. Nous avons rencontré Marie-Christine Grandperret à la Fashion Week de Milan l’année dernière. Les choses se sont passées très vite et très simplement. Nous sommes heureuses d’être exposées aujourd’hui dans ce lieu si particulier, ce qui nous a d’ailleurs permis de découvrir la charmante ville de Dijon !
Quels sont vos prochains projets ?
Notre travail artisanal a été repéré à Doubaï, où nous allons bientôt ouvrir une boutique-hôtel. Nous travaillons également sur une gamme de pièces plus petites, plus secrètes… Vous verrez !
– Y a-t-il quelque chose en particulier que vous souhaiteriez communiquer et que nous pourrions vous aider à relayer au travers de cet article ?
Merci pour cette interview et nous espérons revenir bientôt en France !
– Nous vous en remercions également et sommes impatients de vous revoir en France pour découvrir ces nouvelles créations… en attendant, Dijonnais ou touristes de passage à Dijon, profitez-en, l’exposition s’achève le 31 janvier 2015 !
Sébastien Prudent et Elsa Weiller, chroniqueurs pour Wukali
(avec l’aide de leurs correspondants dijonnais Jacques et Régine Prudent)
Exposition Métissages & Good Things de Bokja
Galerie Epokhé, 15 rue Verrerie à Dijon
Du 5 décembre 2014 au 31 janvier 2015
Illustrations complémentaires de l’exposition : fauteuils et passeports Bokja
WUKALI 09/12/2014