A nice museum and exhibition location in Paris shuts its doors
Dans le Landerneau du monde des arts, la nouvelle qui vient de tomber fait l’effet d’une bombe et fracasse: le musée Maillol ferme ses portes. C’est par un communiqué laconique paru sur sa page Facebook que le musée Maillol vient d’annoncer sa fermeture afin de «procéder à divers travaux de rénovation du musée» . Annonce d’autant plus surprenante qu’aucune information n’avait filtré jusqu’à maintenant sur un tel projet, voire sur un éventuel chantier. La programmation de sa réouverture est laissée dans les limbes, nulle date n’est avancée. Voilà en effet près de vingt ans que le musée crée par Dina Vierny, allait à la rencontre du public en présentant des expositions de grande excellence et d’une rare qualité. Parmi les plus récentes, on se rappelle tout particulièrement celle consacrée aux Étrusques, à Séraphine de Senlis, à Artemisa Gentileschi, aux Borgia ou encore tout le monde les a encore en mémoire Canaletto ou le Trésor des Médicis.
Traiter du musée Maillol, c est aussi à travers sa fondatrice Dina Vierny, se passionner pour l’histoire de l’art de ce vingtième siècle, ne fut-elle pas la muse, comme l’on se plait à dire, du sculpteur Aristide Maillol qu’elle rencontre pour la première fois à l’âge de quinze ans. Elle ressemble tant étrangement aux sculptures du maître de Marly-le-Roi que celui ci la prendra pour modèle. Elle, la petite juive émigrée de Kishinev de triste mémoire, alors capitale de la Bessarabie, et arrivée adolescente à Paris où elle rencontrera la fine fleur des artistes peintres et intellectuels français, André Gide, Paul Valéry, André Breton mais aussi Matisse, Dufy, Bonnard (dont elle sera aussi le modèle), Van Dongen, Vuillard, Le Corbusier. Mais les temps sont violents et les ténèbres recouvrent l’Europe, Hitler étend ses rets assassins et la croix gammée flotte dans le ciel de Paris. Dina Vierny s’engage dans la résistance et rejoint le réseau Fry d’entraide en faveur des Juifs pourchassés et traqués et des antifascistes pour leur faire franchir les Pyrénées. Maillol la soutient, lui le patriarche. Elle sera arrêtée par la Gestapo en 1943 et libérée après que Maillol ait fait intervenir le sculpteur allemand Arno Breker qui fut son ancien élève et qui était bien en cour dans les milieux du III Reich de l’ambassade allemande.
Dina Vierny ouvre en 1947 une galerie sur la rive gauche tout à côté de l’Institut et ses expositions attirent du monde. En 1964, elle offre à l’état dix sculptures monumentales en bronze de son mentor qu’André Malraux fera placer dans le jardin des Tuileries. Toujours dynamique elle ouvre en 1995 le musée Maillol au 61 rue de Grenelle dans l’ancien hôtel Bouchardon. Elle meurt à l’âge de 90 ans le 20 janvier 2009 à Paris.
Le Musée Maillol
Un lieu magnifique, un bâtiment somptueux dans ce Paris de la Rive gauche des arts et de la pensée. Élégamment restauré, il abrite une impressionnante collection d’oeuvres, peintures, dessins et sculptures de Maillol (ainsi que sa collection personnelle, particulièrement l’exceptionnel Rodin: Iris messagère des dieux, voir illustration) conjointement avec des salles d’exposition qui feront la renommée de l’endroit. A la mort de Dina Vierny en 2009, la société Tecniarte dirigée par Patrizia Nitti est chargée de la gestion du musée. La situation comptable est saine et stable jusqu’en 2012 puis vinrent les pertes financières consécutives à quelques expositions controversées et culminant à 3.3m€. Les événements parisiens de ce noir mois de janvier 2015 n’ont pas contribué à assainir la situation. La liquidation judiciaire est actée le 5 février dernier.
Le Baiser dans l’art occidental, l’exposition qui devait débuter au musée Maillol en mars prochain, a de ce fait été annulée.
Pierre Alain Lévy
Illustration de l’entête: Auguste Rodin (1840-1917), Iris, messagère des dieux (1890) — Paris, musée Mailloll. Photo Wukali
WUKALI 19/02/2015