When a concert in memory of Scriabine infers with contemporary music



Hommage à Scriabine, par l’ensemble Variances et la pianiste Maria Lettberg le mardi 28 avril 2015 à l’occasion du centième anniversaire de la mort d’ Alexandre Scriabine. Au programme, quelques œuvres de Scriabine pour piano et des créations d’œuvres de compositeurs actuels, réputés influencés par Scriabine.

Avec une telle programmation, la petite salle de l’Arsenal est aux trois quarts vide. De plus, le pianiste russe Alexander Melnikoff souffrant est remplacé par une jeune pianiste inconnue .

Probablement, certains auditeurs ont peut-être été attirés et trompés par le titre du concert :« Poème du feu » : est-ce une transcription pour petit ensemble de cette œuvre grandiose qui nécessite un orchestre symphonique renforcé, un chœur, un orgue et même, un « clavier à lumières » qui n’a jamais été réalisé ? Lors des Folles Journées de Nantes, en Janvier 2012, l’orchestre Symphonia Varsovia et le pianiste Boris Berezovski en ont donné une interprétation plutôt étriquée, avec des effets lumineux convenus et sans grand intérêt. A l’opposé de l’interprétation du poème de l ‘Extase, du même Scriabine, donné pour la première fois à Metz dans la Grande Salle, comble , de l’Arsenal, il y a 21 ans, par l’orchestre Philharmonique de St Petersbourg sous la direction de Yuri Temirkanoff.

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En fait, l’élément feu n’est ce soir que le prétexte d’un programme réunissant quelques œuvres de Scriabine et des compositions nouvelles.

Les conditions semblaient réunies pour un concert raté, où l’on reste par politesse. Bien au contraire, les musiciens ont su rencontrer leur public. Les auditeurs présents montrent tous une grande attention et une vraie concentration, pas une toux, pas un bruit.

La jeune pianiste lettone, Maria Lettberg, formée à Riga, Stockholm, et Helsinski semble très à l’aise dans ce répertoire difficile . L’opus 72 « Vers la flamme » dernière œuvre de Scriabine, est le plus connu. Alors que l’ interprétation de référence de Vladimir Horovitz qui fut élève de Scriabine, reste post-romantique, Maria Lettberg en donne une lecture très précise, plus contemporaine, moins consumée… C’est elle qui clôt le concert avec une interprétation solide et sonore de la sonate no 9 « Messe noire », sans effort apparent malgré ses difficultés techniques et avec beaucoup d’élégance.


Parmi les œuvres présentées par l’ensemble Variances , certaines peuvent paraitre anecdotiques et du domaine de la recherche sonore, comme une étonnante clarinette contrebasse cherchant ses limites (et les nôtres) en risquant des pianissimis insensés et des graves entraînant l’auditeur au bord du gouffre. Un Duo pour flûte basse et clarinette-basse du compositeur canadien Bruce Mather se révèle plus attrayant, mais l’effet de souffle de cette drôle de grosse flûte coudée me gêne. Une pièce de Thierry Pecou, jeune musicien en résidence à l’Arsenal, intitulée « Soleil-feu » pour violon et piano, séduit immédiatement par sa clarté, ses qualités mélodiques, son homogéneité. Ses références ne s’arrêtent à l’évidence pas à Scriabine. L’ensemble Variance a d’ailleurs reçu un Diapason d’Or en 2012 pour l’interprétation d’une autre œuvre de Thierry Pecou.

La pièce la plus longue est « Silver», d’un jeune compositeur canadien, Marc Patch, ancien élève de Bruce Mather, pour flûte, clarinette, violon, violoncelle et piano. Ici le lien avec Scriabine est explicite puisque l’argument de départ est le fameux « accord mystique » de Scriabine, autour des différentes quartes. Marc Patch les inverse et les complète de tierces puis il déconstruit et reconstruit son propre parcours. Mais ce qui pourrait n’être qu’ un brillant exercice de solfège révèle d’autres caractères et devient une œuvre complète sans négliger ses lignes mélodiques, un beau moment d’émotion contenue .

Le public, trop rare hélas, ne s’est pas trompé en applaudissant chaleureusement la brillante ( mais pas que) interprète de Scriabine, les jeunes musiciens de Variance, tous très à l’aise et d’égale hauteur, et les compositeurs présents : Bruce Mather et Marc Patch.

Espérons qu une nouvelle programmation permettra de gôuter à Alexander Melnikoff et aux autres pianistes annulés les uns après les autres…

Dominique Schaller


WUKALI 04/05/2015

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