Thomas Hardy’s first literary major success
du romancier Thomas Hardy vient de faire l’objet d’un film (en salle le 3 juin) réalisé par Thomas Vinterberg , les éditions Archi poche viennent de ré-éditer le roman à cette occasion. Une redécouverte d’un roman paru en 1874 et qui connut un très grand retentissement littéraire. Thomas Hardy est le représentant le plus connu, du courant naturaliste de la littérature anglaise. Si sa poésie est fort peu connue dans l’Hexagone, son roman Tess d’Uberville a connu un franc succès en France surtout après son adaptation cinématographique par Roman Polanski. C’est une belle histoire d’amour dans la campagne anglaise dans le canton imaginaire du Wessex où se déroule les intrigues de la plupart des romans de l’auteur. Tous les ingrédients habituels de son œuvres se retrouvent dans ce livre : dans cette société victorienne quelque peu pudibonde, hiérarchisée voire sclérosée, évoluent des personnages essayant de contenir leurs pulsions dans un univers rural marqué par une forte hypocrisie sociale. Gabriel Oak, jeune propriétaire d’un troupeau de mouton tombe « raide amoureux » de la belle et jeune Bathsheba Everdine qui le repousse dédaigneusement. Ruiné, il quitte sa région et sauve la récolte d’un incendie, et la propriétaire de cette ferme se trouve être Bathsheba. Elle l’engage comme berger. Très vite, il se montre indispensable et occupe de fait la fonction de régisseur de la propriété, le précédent ayant été chassé pour vol. Il est surtout toujours très amoureux de sa patronne qui lui fait une entière confiance non seulement pour tout ce qui concerne les affaires ayant trait à l’agriculture, mais aussi à ses avis (qu’elle ne supporte pas toujours) relatifs à sa vie privé. Gabriel s’efface devant ses rivaux et même la conseille, car elle est courtisée par son jeune voisin le riche exploitant William Boldwood et surtout par le sergent Francis Troy qui n’est qu’une caricature de Don Juan manipulateur, beau parleur, hypocrite. C’est bien sûr ce dernier qu’elle épousera et elle déchantera très vite, ce dernier lui montrant son vrai visage : un jouisseur inconscient, joueur, buveur, plus intéressé par l’argent de son épouse que par la bonne administration de la propriété. De fait quand son ancienne maîtresse Fanny décède avec leur enfant, il avoue à Bathsheba que la défunte est la seule femme qu’il a véritablement aimée et disparait après avoir fait croire à tous qu’il s’était noyé. Plus d’un an se passe durant lequel il a immigré aux Etats Unis pour finir comme acteur de cirque. Quand il revient auprès de son épouse un terrible drame se noue. C’est alors que Bathsheba comprend la sincérité de Gabriel, le manque qu’elle va ressentir si ce dernier, comme il lui a annoncé va immigrer en Californie. Mais Hardy n’est pas Zola ou un des frères Goncourt, encore moins Maupin (souvenez-vous des deux orphelines) et un vent d’optimisme et d’amour achève le roman. Il est certain que la personnalité de Bathsheba est d’une grande beauté, c’est une femme souhaitant être libre, indépendante dans une société dominée par les hommes. Son côté hautain, parfois froid n’est qu’une carapace une protection, car Hardy est bien un auteur de cette époque victorienne et donc étant une femme, Bathsheba est « faible », « naïve », peu au fait des duretés de la vie. On décrirait en ce début de troisième millénaire une telle personnalité que l’auteur serait voué aux gémonies à cause de sa misogynie plus que primaire. Un exemple parmi tant d’autres ? « Comme chez beaucoup de femmes, les sentiments de Bathsheba dépendaient en grande partie de ses nerfs ». Je crois que c’est très clair pour ne pas écrire limpide. Un grand écrivain victorien du courant naturaliste ne peut produire qu’un beau roman qui sera d’autant plus apprécié par le lecteur que ce dernier apprécie ce style. Emile Cougut Loin de la foule déchaînée Thomas Hardy
Loin de la foule déchaînée
Éditions Archi Poche. 7€65
WUKALI 23/05/2015
Courrier des lecteurs: redaction@wukali.com