A thorough panorama of historical events previous to the launching of the nuclear bombs above Hiroshima and Nagasaki
Triste anniversaire, il y a 70 ans la bombe atomique explosait sur Hiroshima (6 août 45) puis sur Nagasaki (9 août 45). Le Japon capitula le 15 août, la signature de l’acte de capitulation eut lieu le 2 septembre 1945 dans la baie de Tokyo, sur le cuirassé américain Missouri , mettant fin à la seconde guerre mondiale : six ans de guerre, à un jour près…En réalité, il s’agissait de 12 ans de guerre pour le Japon qui avait envahi la Mandchourie chinoise en 1933.
Dans tous les manuels d’histoire, on écrit que les 2 bombes atomiques lancées sur les Nippons les ont obligés à la reddition sans conditions…Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette vision des événements est partielle, partiale et arrange bien les Japonais qui essaient ainsi de faire oublier leurs crimes de guerre et ceux commis contre l’humanité qui sont innombrables…Les atrocités allant jusqu’au cannibalisme et à la plus grande barbarie dans le traitement des prisonniers de guerre.
Autre élément dont il faut se souvenir : les Japonais n’ont pas signé la Convention de Genève concernant le traitement des prisonniers de guerre, contraire à leur code de l’honneur qui les obligeait à se suicider plutôt que de se rendre. Donc, pour eux, un soldat allié fait prisonnier se déshonore en restant en vie, il faut le pousser à se donner la mort. Il ne mérite aucune indulgence, ce n’est « qu’un objet à apparence humaine »…On imagine la suite…
La «facture» de toutes les horreurs commises par les nippons sera présentée à l’état japonais globalement, et aux individus qui les ont commises en particulier, au cours des « Procès de Tokyo », pendant historique des « Procès de Nuremberg » faits à l’Allemagne et aux Nazis.
De mars 1942 à septembre 1943, après une ruée fantastique du Japon vers le sud-est asiatique, a lieu la plus terrible des campagnes militaires de la guerre, peut-être même de tous les temps, celle de Nouvelle-Guinée…Ce sont les Australiens qui eurent l’abominable privilège d’y affronter les Japonais…Les Américains les épaulèrent à partir du début de 1943…Les Japonais furent finalement écrasés, après avoir commis d’innombrables crimes, le cannibalisme avec prélèvement de chair humaine sur des prisonniers vivants n’étant pas le moindre( lire « Bloody Buna par Lida Mayo, livre jamais traduit en français…). Pour les combattants alliés, l’oubli devenait impossible…Et encore plus le pardon…Il faut bien comprendre que les soldats alliés haïssaient les japonais dès 1942 et que cette haine ne fit que grandir au cours des batailles de plus en plus épouvantables qu’ils leur livrèrent. Le paroxysme de cet état d’esprit fut atteint au printemps 1945, lors de la libération des Philippines.
De Tarawa (îles Gilbert, novembre 43) à Okinawa (îles Riou-Kiou, avril-juin 45) les combats furent de plus en plus acharnés. A tel point qu’un vétéran me raconta qu’à la fin des hostilités sur Iwo Jima (février-mars 45), située à mille kilomètres de Tokyo, étant donné l’étendue des pertes, tous les « marines » avaient peur du débarquement au Japon :
– « Nous nous disions entre nous : nous allons tous mourir au Japon».
Les Japonais commencèrent leurs attaques-kamikaze le 25 octobre 44 pendant la bataille de Leyte, aux Philippines.
Des calculs avaient été effectués sur les pertes probables en cas de débarquement sur le sol nippon, dès 1944…Ils furent affinés au milieu de 1945, après l’effroyable bataille de Manille entre autres, qui avait vu des combats d’une férocité, d’une intensité et d’une horreur inimaginables : les alliés y trouvèrent des bûchers d’humains brûlés vivants, découvrir des corps de guérilleros philippins écorchés vifs, des cadavres à moitié dévorés et autres « peccadilles » dues aux troupes japonaises…
La présentation de ces prévisions fut un choc pour Roosevelt et Churchill d’abord, pour Truman ensuite : 1000.000 de morts du côté américain, 250.000 du côté britannique…
Aucun gouvernement américain ou britannique n’aurait pu survivre à une pareille boucherie : de toute la guerre, il y eut environ 420.000 morts américains et 450.000 morts britanniques…
On imagine facilement le ressenti des dirigeants ! Il fallait en finir autrement… Roosevelt exigea de Staline l’entrée en guerre de l’URSS contre le Japon, dès la capitulation allemande, or existait un pacte de neutralité entre les deux pays… Staline le jeta aux orties, redéploya les immenses armées soviétiques sur la frontière du Mandchoukouo, état fantoche créé par le Japon…Ce qui prit trois mois…Pendant ce temps, les Japonais demandèrent aux soviétiques leur intervention en faveur d’une paix de compromis…Staline les lanterna, répondant à côté…
Les Japonais étaient aux abois dès le début de 1945. Le ravitaillement n’arrivait plus de l’extérieur car les bombardements américains, par l’aviation et par la marine, avaient détruits les ports comme les 66 villes les plus importantes du pays, les usines d’armements comme les ressources énergétiques. Les 13 et 14 avril 45 eurent lieu les bombardements les plus terrifiants de la guerre sur le sol nippon. Littéralement, le Japon fut écrasé sous le « carpet-bombing ». Une des conséquences fut l’impossibilité de fabriquer des armes et des munitions en nombre suffisant pour faire face à l’envahisseur.
On a pu calculer(« Japan subdued, the atomic bomb and the end of the war » par Herbert Feis, jamais traduit en français) que les rations alimentaires reçues par la population civile n’étaient plus que la moitié de ce qu’elles devaient être, au minimum. La sous-alimentation devint générale…Y compris chez les militaires…
L’absence de munitions se fit sentir durement…
Le 16 juillet 1945, la première bombe atomique expérimentale explosa à Los Alamos, dans le désert du Nouveau-Mexique l’ouest américain, …Le test fut positif…Rappelons qu’au départ, elle était prévue pour être employée contre l’Allemagne ( Projet Manhattan). Comme l’on sait, la capitulation allemande intervint le 8 mai 1945...
Les Alliés exigèrent la capitulation sans conditions. Devant le refus japonais, Truman décida l’utilisation de la première bombe atomique sur Hiroshima le 6 août, de la seconde sur Nagasaki le 9… La troisième bombe, en cours de fabrication, devait être opérationnelle pour le 29 août et utilisée sur Tokyo…
Pendant ce temps, Staline dénonça le pacte de non-agression avec le Japon puis vint la déclaration de guerre (8 août) et l’invasion de la Mandchourie (9 août). L’armée d’occupation japonaise en Mandchourie avait perdu beaucoup de soldats expédiés sur d’autres fronts : au départ, 1.500. 000 hommes , maintenant 500.000… Auxquels s’ajoutaient des Coréens… Au total 600.000 soldats.
L’Empereur Hiro-Itô voulait en finir avec la guerre, pas le Haut-commandement militaire, composé de jusqu’au-boutistes et d’anti-communistes rabiques. C’est alors qu’arriva l’impensable : les armées soviétiques balayèrent les Japonais en Mandchourie. En moins d’une semaine, ils pénétrèrent de plus de 400 kilomètres en territoire ennemi. Pour la première fois depuis le début du conflit, l’armée japonaise s’était effondrée et les Russes firent 600.000 prisonniers. Le 20 août, l’armée japonaise de Mandchourie capitula.
La panique s’empara du Haut-commandement japonais : les soviétiques allaient-ils débarquer sur les îles du nord du pays ? Ils se contentèrent de s’emparer du sud de Sakhaline et des Kouriles mais le danger était imminent. La décision tomba : malgré une tentative de coup d’état par des militaires rebelles, le Japon capitula le 15 août. Ce fut annoncé par l’Empereur à la radio, dans un japonais de cour que la majorité du peuple comprenait mal.
Le 28 août commença l’occupation américaine du Japon…
La chronologie est très claire, les bombes atomiques ont accéléré la capitulation du Japon, certes, mais elles ne l’ont pas provoqué. L’invasion soviétique de la Mandchourie fut un choc pour les dirigeants japonais et les a obligés à se positionner par rapport à la capitulation sans conditions exigée par les autorités américaines mais ils hésitaient encore, malgré leur peur panique à l’idée d’une invasion russe. L’effondrement total et immédiat de l’armée nipponne de Mandchourie leur fut une surprise totale, un cauchemar. C’est cela et rien d’autre qui entraîna la capitulation japonaise.
Jacques Tcharny
WUKALI :
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Illustration de l’entête : explosion de la bombe atomique au-dessus d’Hiroshima, 6 août 1945