Chinese disinformation
La Chine communique, annonce, tient à informer le monde entier de ses formidables avancées en faveur de ses minorités ethniques et bien sûr de sa démocratie. Nul ne doute bien entendu de la justesse du propos surtout lorsqu’il s’agit du Tibet.
C’est ainsi que l’on vient d’apprendre le budget que les autorités de Pékin consacrent à la protection du patrimoine culturel tibétain, à la protection de près de 800 sites de biens intangibles selon la définition même de l’Unesco, de la création ô combien utile et remarquable de 30 centres de mémoire.
Le chiffre nous impressionne vraiment puisqu’il atteint 130 millions de yuans cumulés sur 10 ans, ce qui ramené en euros correspond grosso modo à 29 millions €. Vraiment c ‘est très bien et c’est un grand progrès. C’est même il convient de le souligner une avancée formidable que pourraient saluer nos démocraties occidentales essoufflées. C’est à dire que c’est approximativement du même montant que le budget d’un club de football en Ligue 1 en France pour un an (à titre d’illustration, le budget du club de football de Metz, le FC Metz, pour la saison 2014 était de 28,6 millions €), et s’il faut diviser par 10… !
Comme aurait dit feu Michel Audiard, c’est un peu «prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages,» surtout au pays du canard laqué ! Qui plus est cette «extraordinaire» information mérite d’être mise en parallèle sur les événements majeurs qui agitent le monde économique depuis trois jours à savoir les deux dévaluations successives du Yuan. Cette nouvelle qui a produit un effet de choc dans les bourses du sud-est asiatique puis de Tokyo, suivi par Paris, Londres et New-York où les cotes ont brusquement dégringolé est significative de la dégradation de l’économie chinoise. Les analystes occidentaux de la Chine ont toujours eu du mal à décrypter et mettre en parallèle les données macro-économiques fournies par les autorités chinoises. Par ailleurs les statistiques chinoises sont sujettes à caution et prendre pour argent comptant, si j’ose ainsi m’exprimer, les données fournies par Pékin est rien moins qu’aléatoire.
Nos chers économistes, tout du moins ceux qui donnent des leçons aujourd’hui sur cette crise, ne se sont jamais étonnés du taux de croissance chinois quand il était à 2 chiffres, ramené au taux de chômage et aux poches de pauvreté stagnantes de cette Chine qui intrigue. Rares sont ceux à avoir réfléchi sur le niveau à 2 chiffres du taux de croissance chinois quand en Europe il oscillait entre zéro et quelques points après la virgule et trois et un peu au delà ce qui était déjà pas mal ! Leur attention était davantage focalisée sur ces 235 millions de Chinois qui ont un niveau de vie égal ou supérieur pour certains à celui de nos démocraties européennes plutôt que sur l’ensemble de la population de cet immense pays et qui n’habitent pas dans cette frange côtière de 120 kms de large qui constitue «l’atelier du monde» !
Quand la Chine s’éveillera… c’était le titre d’un livre fameux d’Alain Peyrefitte publié en 1973. Ce fameux réveil dont on a tant parlé, ne nous serions point trompé de date et ne serait-ce que maintenant qu’il interviendrait effectivement ?
J’oubliais, à ce titre devenu fameux l’auteur avait ajouté en sous-titre… «le monde tremblera »…
Pierre-Alain Lévy
WUKALI 13/08/2015
Illlustration de l’entête: Moines tibétains jouant la danse «Qiangmu» au monastère de Tashilumpo au «Tibet chinois». (26 sept 2014), photo Xinhua/Chogo