A delightful and unforgettable musical moment with two brilliant musicians in La Roque d’Anthéron
Le concert qu’ils ont donné à la Roque d’Anthéron mardi 18 Août à 21 h fera date. Il ne restait pas une place depuis des semaines.
Le premier à un nom de héros de roman, on ne présente plus Renaud Capuçon. Il est le héros de l’archet, le paladin des festivals, le défenseur des partitions, le gentilhomme soliste, au doux visage, au regard franc et passionné. Le second dont le prénom est tout aussi « royal » et chevaleresque, possède une silhouette élancée, qu’il plie en quatre sur son clavier, une mèche rebelle qu’il balaie d’un revers de la main, un beau visage expressif, et l’on aime sa fougue et son rapport intense à la musique tant dans la gravité que dans la joie. Il s’appelle David Fray. Il s’agit de deux des plus célèbres interprètes français.
Célèbres, certes, mais ne nous fions pas aux apparences. Les deux musiciens ne sont pas portés sur le glamour, ne font pas du cinéma, et s’ils aiment se livrer, c’est en concert, accompagnés de leurs partenaires violon et piano qu’ils le font avec le plus de plaisir.
Artistes majeurs de la scène musicale actuelle, l’un et l’autre sont des fidèles du Festival. Mais c’est en duo que le public les a découvert autour d’un magnifique programme Bach et Beethoven dans une alternance de sonates. Alternance aussi de moments forts durant lesquels vous êtes littéralement happé et emporté par la musique et des moments de calme, proches du recueillement. Bach et ses sonates : source d’émerveillement et de respect. Leur forme est d’une harmonie d’une telle puissance que toute description pourrait paraître trop légère, insuffisante. Les mots nous manquent. Aussi, il nous reste le discours du musicien qui joue, illustre, commente, et la musique de prendre des couleurs. Renaud Capuçon et David Fray relèvent brillamment le défi car ces œuvres, pourtant connues et souvent revisitées sont loin d’être faciles. On songe à la sonate pour violon et piano n°5 en fa majeur opus 24, « le Printemps » sans doute la plus populaire des sonates pour violon de Beethoven mais aussi l’une des plus poétiques. On l’attend ! On l’espère ! Ce fut un festival de poésie et le public de sentir que chacun était pour l’autre un vrai partenaire. L’instrument du violoniste de se faire plus que jamais lumineux, aérien, léger, dans un équilibre parfait avec le piano d’une belle sonorité.
Une évidence : jamais ces deux interprètes ne jouent pour épater. Ils sont éblouissants, sans faire d’étincelle pour s’imposer sur scène. Ils s’écoutent, s’effacent lorsque les notes l’imposent, laissant le piano ou le violon dicter la partition. Répartition égalitaire, telle que que l’évoque notamment une sonate de Beethoven.
Bach ou Beethoven, chacune des phrases et intentions de ces deux géants se font limpides, évidentes, touchant l’affect autant que l’intellect !
Pétra Wauters
WUKALI 20/08/2015
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