A witty and documented exercise about all so called writers
Voilà un petit livre particulièrement rafraîchissant en cette rentrée littéraire, pour ne pas dire un guide qu’il est nécessaire de lire avant de se plonger dans la pléthore des nouveautés dont nous sommes submergés par les éditeurs traditionnellement à la fin des vacances d’été. En plus, ce qui n’est pas on moindre avantage, Guillaume Lacotte nous offre une excellente méthode pour ranger les sus-dits livres avec ceux des rentrées littéraires des années précédentes. En effet il nous détaille 33 genres différents. Soit certains comme mémoires footballistiques ou roman de bourreau nazi ne remplissent que peu de place sur les linéaires de nos bibliothèques, en revanche d’autres comme livre d’humour, livre politique ou encore roman d’aventure sont pléthores.
Mais Guillaume Lacotte ne veut pas conseiller les lecteurs pour ranger correctement leur bibliothèque mais plutôt l’apprenti écrivain. Il décline chaque genre en les décomposant en partie, toujours les mêmes, toujours dans le même ordre : « pense-bête, incipit, titre, promotion, accueil critique » et parfois « divers ». Rien que des rubriques que tout bon apprenti écrivain trouvera dans n’importe quel atelier d’écriture qu’il suivra pour devenir (en rêve) un auteur à succès. Soit, les rubriques, la démarche sont les mêmes, mais en ce qui concerne les conseils dispensés, il en est loin d’être de même. Guillaume Lacotte détourne tous les conseils, les caricature et nous livre une sorte de pochade, un essai à ranger sans hésiter dans la catégorie humour.
On peu lire aussi ce livre en essayant de trouver dans chaque catégorie, le livre ou les livres auquel l’auteur pense quand il décrit un genre. S’il est facile de trouver les « œuvres », de Gérard de Villiers (polar érotique), de Begbéder (roman foncedé), ou celles de Delerme (roman minimaliste), ainsi que « 50 nuances de Gray » (roman libertin) ou « Les Dilettantes » (roman du bourreau nazi) d’autres descriptions couvrent un tel champ qu’il est impossible de déterminer un auteur parmi cette multitude. C’est évident quand il nous laisse entendre que les auteurs du genre abordé sont plutôt des journalistes (mémoire footballistique, roman de chick list, livre politique, roman de fait divers, etc.), il y a tant de journalistes qui écrivent des livres à partir des éléments qu’ils ont recueilli dans le cadre de leurs activités professionnelles, que l’on ne peut en penser à un en particulier.
Guillaume Lacotte joue avec tous les lieux communs possibles et imaginables, conseille les apprentis écrivains à être dans une sorte de « politiquement correct » littéraire, de ne jamais « choquer » le lecteur tout en essayant d’être « profond ». Ceux qui voient une critique subliminale de Cohelo et autre Marc Levy ne doivent pas être très loin de la réalité.
Il faut aussi impérativement lire toutes les notes en bas de page, souvent des réflexions atterrées de l’éditeur et un dialogue avec l’auteur.
Les critiques en « prennent aussi pour leur grade », tous les à-peu-prêt et autres facilités dont usent ces derniers sont recensés. Sans compter que l’on est en droit de douter de leur légitimité : « à froid vous vous étonnerez sûrement d’être jugé par des gens dont l’expérience de guerre n’est pas très éloignée de la vôtre » (roman de guerre).
Ce livre se termine par un « guide d’écriture » où l’auteur nous montre sa grande culture littéraire, mais surtout dans lequel il assume totalement son écrit et son humour.
De fait, après avoir achevé le Guide pratique à l’usage des écrivains qui veulent (très) bien faire sans (trop) se fatiguer, il devient impossible de lire un livre sans penser au genre auquel il se rattache et aux « ficelles » qui ont permis à l’auteur de le construire et de l’écrire.
Émile Cougut
Guide pratique à l’usage des écrivains qui veulent (très) bien faire sans (trop) se fatiguer
Guillaume Lacotte
Éditions du Rocher. 14€50