A auction sale dedicated to music and composers


Le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP) ouvre une souscription publique pour acquérir de nombreux manuscrits du compositeur André Jolivet qui seront dispersés et mis en vente par la célèbre maison de ventes spécialisée ALDE le 17 juin prochain. Il est possible de participer à cette souscription en s’inscrivant directement sur le site mis en place à cet effet par le CNSMDP

Voici les partitions que le CNSMDP souhaite acquérir :

Cing églogues pour alto seul, 1967. Brouillon et manuscrit définitif d’une pièce importante du répertoire de cet instrument, créée par Serge Collot en 1968. Estimé à 4 000/5 000 €.

Olécio partenaire de Wukali

Sérénade pour deux guitares, 1956. Brouillon et manuscrit définitif de la première œuvre pour guitare de Jolivet. Estimé à 3 000/4 000 €.

Chant de Linos, 1944. Dix pages d’esquisses au crayon de l’œuvre avec laquelle Jean-Pierre Rampal et Pol Mule obtinrent leur premier prix de flûte. Estimé à 500/700 €.

La Flèche du temps pour douze cordes, 1973. Estimé à 6 000/8 000 €.

Yin-Yang pour onze cordes solistes, 1973. Brouillon et manuscrit définitif de la dernière œuvre achevée du compositeur. Estimé à 6 000/8 000 €.

Voici la présentation du Chant de Linos qu’en donne le catalogue :

André JOLIVET. Manuscrit musical autographe, Chant de Linos [K 109a] ; 10 pages grand in-8 ou in-fol. au crayon. 500/700

Esquisses pour cette œuvre célèbre pour flûte et piano, commandée par le Conservatoire à Jolivet comme morceau de concours pour le prix de flûte. « Entre le 26 janvier et le 23 mars 1944, il compose la version flûte et piano du Chant de Linos dédié à Gaston Crunelle, titulaire de la classe de flûte du Conservatoire. La nécessité d’écrire une œuvre permettant aux jeunes artistes de démontrer toute leur maîtrise technique n’empêche pas Jolivet de se placer sur le plan esthétique de la référence antique – peut-être inspirée par l’instrument – et de mettre en exergue du morceau les lignes suivantes : “Le Chant de Linos était, dans l’antiquité grecque, une variété de thrène : une lamentation funèbre, une complainte entrecoupée de cris et de danses” » (Lucie Kayas). La création eut lieu le 23 mai 1944 au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, lors du concours de flûte, où Pol Mule et Jean-Pierre Rampal remportèrent tous deux le premier prix. L’œuvre fut publiée en 1944 chez Costallat ; Jolivet en donna une version pour flûte, violon, alto, violoncelle et harpe.

Thèmes et modes, premières esquisses sur des petits feuillets ; brouillon au crayon sur papier à 14 lignes, incomplet (pages 1 à 3, 8 et 9 bis, avec première esquisse de la page 4 biffée), portant le nom et l’adresse de Crunelle en tête ; le tout conservé sous un feuillet d’esquisses plié avec le titre au crayon bleu.

On joint une page de notes autographes sur le thrène, avec brouillon du texte de présentation de l’œuvre.

Joints : deux feuillets sur lesquels sont notés les modes employés ainsi que diverses définitions du mot thrène et du titre Chant de Linos.

Discographie : Emmanuel Pahud, Éric Le Sage (EMI, 1997).

Cette vente organisée par ALDE est d’une très grande richesse et un grand nombre de manuscrits originaux et partitions de compositeurs allant de la musique ancienne au 20ème siècle y seront également soumis aux enchères. Les bibliophiles comme les collectionneurs et mélomanes passionnés pourront se régaler et se faire plaisir d’autant plus que les estimations sont abordables. Par exemple : des compositions manuscrites de Charles Gounod estimées entre 250 et 300€ ou un petit texte d’Offenbach estimé à 400/ 500€. Parmi les estimations les plus élevées, on note une manuscrit musical autographe signé Gabriel Pierné [Première Suite pour orchestre] estimé à 5.000/ 6.000€, la partition autographe de Yin-Yang pour onze cordes solistes d’André Jolivet estimé 6.000/ 8.000€ ou un manuscrit musical autographe de Maurice Ravel signé, Bolero estimé 20.000/ 25.000€. On est bien loin en tous cas des outrances constatées dans le marché de la peinture. Serait-ce que la musique est mesure avant toute chose ?

A feuilleter ainsi le catalogue on trouve entre autres exemples : six livres de motets de de Lalande, plusieurs manuscrits de Lully, un livre de musiques en maroquin rouge offert à la Marquise de Montesquiou par J.B Isabey et comportant sur la couverture une gouache originale du peintre. On note aussi quelques rares manuscrits de Joseph Canteloube, une photo dédicacée de Claude Debussy, d’exceptionnelles lettres de Pauline Viardot, des correspondances et partitions autographes de Gabriel Fauré, Camille Saint Saëns, Francis Poulenc, Arthur Honegger ou Albert Roussel ainsi que des photographies: Alfred Cortot au piano accompagné de Wilhelm Furtwangler ou une photo dédicacée d’Igor Stravinsky posant devant un piano. Au total voici que s’offre aux amateurs une véritable histoire de la musique, une mémoire sensible et palpable.

Pierre-Alain Lévy

– Toutes informations sur cette vente et les oeuvres présentées sont disponibles auprès d’ALDE


WUKALI 02/06/2016
Courrier des lecteurs : redaction@wukali.com

Illustration de l’entête : Brouillon et manuscrit définitif de la dernière œuvre achevée par André Jolivet avant sa mort le 20 décembre 1974 ; commande de Jean-Pierre Wallez pour son Ensemble instrumental de France, créée par eux à Metz le 8 octobre 1974, elle a été publiée en 1976 aux Éditions Musicales Transatlantiques


Ces articles peuvent aussi vous intéresser