Off the limits of literature and journalism
Il y a 25 ans, le 7 juin qu’Antoine Blondin décédait. À l’occasion de ce triste anniversaire un nouveau livre paraît sur ce grand écrivain. Déjà l’année dernière Jean Cormier, Symbad de Lassus (petit fils d’Antoine Blondin) avec Jacques Augendre ont publié un livre Antoine Blondin La Légende du tour dont j’ai fait la recension critique dans Wukali.
Ce nouveau livre est en grande partie une reprise du précédent, plus des deux tiers concerne Blondin, le chroniqueur de génie de L’Équipe, le passager arrière gauche de la mythique voiture « 101 » du tour de France. On retrouve les témoignages, toujours remplis d’éloges, de ceux qui ont participé avec lui à cette épreuve sportive que Blondin a transformé en aventure épique du XXème siècle. Mais il y a aussi, d’autres facettes de Blondin : sa passion pour le rugby et les liens très forts d’amitié qu’il a tissé avec les frères Boniface et Jean-Pierre Rives. Et surtout, les « ruptures » de sa vie qui ont transformé cet intellectuel qui voulait poursuivre une carrière de professeur de philosophie, car Blondin est avant tout un vrai transmetteur de savoir, un homme qui offre aux autres son savoir pour eux, pour qu’ils grandissent. Des ruptures, il y en a eu : son départ pour le STO (l’homme qui revient d’Allemagne n’est plus le même que celui qui est parti, mais jamais il ne dira ce qu’il a vécu outre-Rhin), la mort de Roger Nimier, celle de Guy Boniface, le suicide de son père pour ne parler que des plus importantes.
Et il y a aussi le Blondin écrivain, essentiellement autour de son roman le plus personnel, le plus autobiographique : Un Singe en hiver. On assiste à une partie de la genèse de ce roman à Biarritz, à son très difficile accouchement, à sa transformation en film avec Belmondo dans le rôle titre.
En soi, il y a rien de bien nouveau dans ce nouveau livre par rapport à Antoine Blondin La légende du tour, aucune analyse de l’œuvre de Blondin, de sa place dans la littérature française du XXème siècle. Mais il y a un plus, un grand plus : on perçoit à travers diverses contributions l’homme Blondin : le torturé, parfois violent (sa femme Françoise a reçu plus d’un coup…) pour qui l’amitié était une vraie religion, un mode de vie.
Et puis il y a surtout les mots de ses deux filles, de son petit fils, de sa première femme qui eux ne sont pas guidés par l’admiration, mais par l’amour. Et c’est magnifique car empli d’humanité, cette humanité qui symbolise si bien l’homme et l’œuvre d’Antoine Blondin.
Émile Cougut
Blondin
Jean Cormier et Symbad de Lassus
édition du Rocher. 16€90