Mutilated skeletons found in pits and dated 6000 years


Des enchevêtrements de squelettes, des ossements les uns sur les autres, pêle-mêle, tassés dans des silos à grains, un holocauste ou bien plus probablement un massacre c’est ce qu’ont découverts les archéologues de l’INRAP explorant le chantier de fouille néolithique d’Achenheim en Alsace. Un site intéressant avec près de 300 silos pour céréales et autres denrées, tous à l’intérieur d’une vaste enceinte matérialisée par un puissant fossé en V, dont les entrées sont protégées par des sortes de bastions. Ce dispositif défensif évoque des temps troublés, une période d’insécurité, qui, au Néolithique moyen entre 4400 et 4200 avant notre ère, forcent les populations à se protéger.

Des os fracassés, brisés, des squelettes en nombre rassemblés, ce n’est pas la première fois d’ailleurs que les archéologues sont confrontés avec pareille découverte. Déjà dans la même région, dans le Bas-Rhin à Bergheim au nord de Strasbourg en 2012, avaient-ils découvert dans une fosse huit squelettes les membres supérieurs amputés au niveau du bras.

Tout laisse à penser qu’il s’agit d’un massacre. Plusieurs théories s’opposent, s’agit il de silos conçus dès l’origine pour stocker des grains ou ont-ils délibérément été construits pour servir de tombes à des dignitaires? Les analyses au radio carbone font remonter les ossements à 6.000 ans. Ces recherches s’inscrivent dans un contexte plus large sur la violence dans les premières sociétés agropastorales néolithiques. En Autriche et dans le Palatinat, soit dans une région culturellement identique au site d’Achenheim en Alsace, d’autres squelettes ainsi rassemblés avaient été exhumés et comportaient les mêmes caractéristiques.

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Les fouilles d’Achenheim ont été prescrites par l’état à l’initiative de la Drac Alsace Champagne-Ardenne Lorraine. Dix individus ont été identifiés reposant dans un silo de 2,5 m de diamètre. De prime abord, il semblerait que les dépouilles, cinq adultes et un adolescent, aient été jetées dans la fosse sans ménagement. Il ne s’agit que de corps masculins, les examens anatomiques le démontrent. Les squelettes sont complets et présentent de nombreuses fractures aux jambes, mains, pieds, côtes, clavicules, crâne et mandibule. Comme l’indique le magazine de l’Inrap qui rapporte cette découverte: «Cette violence collective porte sur les vivants, mais s’acharne aussi sur les morts. Ce dépôt de cadavres est constitué en un temps, et évoque une même tuerie, un même conflit. »

Voilà donc une recherche archéologique qui ouvre aussi sur des interrogations proto historiques voire proto sociologiques à savoir la naissance de la guerre. «Pourquoi ces mises à mort, cet acharnement sur des cadavres et ces mutilations, si ce n’est l’expression d’une fureur guerrière ritualisée ? » . Mémoire quand tu nous tiens…

Pierre-Alain Lévy


WUKALI Première parution 30/06/2016
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