A filial tribute
[** Poupe *] est le surnom du père de François Cérésa. Ce dernier lui consacre son dernier livre, une longue lettre dans laquelle il s’adresse à son père [**Jean Ferdinand Céséra*], et crie sa douleur causée par sa disparition définitive, le vide qu’il laisse, et surtout, François Cérésa arrive à écrire tout ce qu’il n’a pas réussi à lui dire de son vivant. Un père «haut en couleur », un battant, toujours optimiste malgré les coups du sort, lui le fils de communistes italiens qui épouse la fille d’un collaborateur, condamné à mort à la Libération et gracié au dernier moment. Un père non absent mais taiseux dont le fils recherche toujours la reconnaissance, même quand il fait les pires bêtises. Un père sportif, grand amateur de tennis, un père qui se veut « manuel » voire quasi inculte mais qui ne fréquente que des intellectuels comme [**Edgar Morin*] ou son grand ami [**Jean Daniel*]. Poupe n’était pas un homme qui laissait les autres indifférents, mais un être doté d’un charisme certain et d’un grand rayonnement, un vrai fédérateur, curieux des choses, amoureux de la vie.
Mais Poupe a cessé de vivre plongeant son entourage dans le manque de sa présence, tout son entourage en général et son fils en particulier, dans une vraie détresse morale.
Chacun réagit tel qu’il est à la mort de ses parents, certains se renferment sur eux-mêmes, d’autres feignent une certaine indifférence, il y en a qui tombe en dépression, et une minorité, car il faut avoir un certain talent ou en avoir fait son métier, écrit un livre autour de la personnalité du disparu. C’est ce qu’a fait [**François Cérésa*]. Démarche loin d’être originale, mais démarche certainement utile pour l’auteur qui par ce biais arrive à commencer à faire le deuil de son père.
De fait il n’y a pas grand-chose à dire sur le fond de ce livre qui, comme ses semblables, sont à ranger dans le rayon « chroniques des temps passés et perdus », voire du « vert paradis des amours enfantines » si cher à[** Baudelaire*]. C’est la vie de Poupe, la personnalité de Poupe vu par son fils : est-ce vrai, est-ce faux ? N’avons-nous qu’une partie d’une vérité plus ou moins fantasmée ? Il n’y a que le héros de ce récit qui puisse nous le dire, mais il ne le peut plus.
Alors reste pour le lecteur d’adhérer à cette histoire, à ce récit, et il le fait sans mal tant le style plein d’émotions, de tendresses, d’empathie de François Cérésa est parfait pour ce genre. Il rend dans ce récit un bel hommage à son père qui nous donne le regret de ne pas l’avoir, au moins une fois, rencontré.
[**Emile Cougut*]
François Cérésa*]
éditions du Rocher. 18€90
WUKALI 10/09/2016
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