The untamable horse and its tamer. French sculpture before the Revolution
**Guillaume Ier Coustou*] ( 1677-1746), neveu d'[**Antoine Coysevox*] et comme lui originaire de Lyon, fut un des meilleurs sculpteurs du temps de [**Louis XV.*] Son fils [**Guillaume II Coustou*] devint lui aussi très connu. [Les chevaux de la Renommée d’Antoine Coysevox, transportés du parc de Marly aux Tuileries en 1719* y laissèrent un espace vide. Louis XV découvrit Marly en 1739 et commanda les deux groupes à Guillaume Ier Coustou la même année. En 1743, le souverain choisit les modèles, qui seront exposés dans la cour du Louvre.
Ces deux œuvres importantes, percées chacune dans un bloc unique de marbre de Carrare, furent réalisées en deux ans (1743/45), à l’instar de celles de l’oncle. Elles furent immédiatement classées « chefs d’œuvre » par les critiques. Miraculeusement épargnées lors du saccage de Marly sous la Révolution, elles furent transportées, sur ordre personnel du peintre [**David*] aux Tuileries en 1795.
Ils sont conservés au musée du Louvre depuis 1984. Leurs dimensions sont : 340 x 284 x 127 cm. Ils sont signés et datés sur le rocher « G.Coustou fecit/ 1745 ». Sous le tapis de selle en peau d’ours, on lit « Vandon/ Compagnon », ce qui indique bien que d’autres ont été actifs sur « la pratique du marbre ». L’artiste s’est, un peu, inspiré des Dioscures que l’on voit à Rome devant le palais du Quirinal.
Le thème n’a pas de référence allégorique ou mythologique : nous voyons deux chevaux furieux luttant avec leurs dresseurs, nus et musclés, leurs corps exprimant l’effort qu’ils soutiennent.
Les chevaux de Marly sont arc-boutés sur leurs pattes arrières, un palefrenier tentant de les maîtriser. Ils sont plus haut dans l’espace environnant que ceux de Coysevox, ce qui est logique : ils ne portent pas de cavalier. Coustou a observé des chevaux de près, travaillant d’après nature dans une académie d’équitation sise près de son atelier. Par conséquent, ils sont d’un réalisme poussé, évident dans leur anatomie et leur expression de fureur sauvage. Les mouvements des « lads » sont tout aussi étudiés : il suffit de regarder la manière dont bougent leurs muscles pour s’en convaincre. Ce sont d’authentiques athlètes aux muscles bandés par un effort soutenu.
Certains détails sont magnifiquement rendus, surtout lorsqu’on tient compte des paramètres liés la densité du marbre et à la difficulté de son travail : la bride ( malheureusement cassée aujourd’hui), la « chevelure » claquant au vent où tous les crins sont individualisés , la queue dans l’espace sans pont pour la raccorder au corps de l’animal, la peau d’ours sur le dos de la bête.
Ce qui frappa [**Victor Hugo*] : « ces marbres hennissants cabrés sur un nuage d’or ». On notera la présence d’éléments végétaux et de rochers sous le ventre des mammifères, eux-mêmes reposant sur un sol pierreux. Donc il y a absence de tout rappel de la vie militaire. Ces éléments sont indispensables à l’équilibre de la création sinon la statue s’écroulerait sous le poids du matériau dont elle est constituée. Le spectateur reçoit, visuellement, la sensation d’un instantané photographique dans cette saisie d’un instant spécifique, mais il sait bien que l’affrontement va continuer. Cette introduction d’une notion de durée de temps est nouvelle dans la sculpture : on le la rencontre pas chez les Renommées de l’oncle Coysevox. C’est l’apport le plus intéressant de [**Guillaume Ier Coustou*] à la représentation volumétrique du cheval.
Le créateur affirma avoir sculpté des amérindiens, d’où la présence d’un carquois et d’un chapeau à plumes tombés au sol. En vérité, l’un des deux hommes est de type africain prononcé alors que l’autre est un européen traditionnel.
Comme chacun peut le constater l’usure du matériau est tangible. Elle est due à leur exposition en plein air. Les corrosions liées aux intempéries ont provoqué cette « lèpre du marbre ». Elle est irréversible. Dans la mesure du possible, ils ont été nettoyés et sont parfaitement propres mais ils ont perdu leur « apprêt », terme technique utilisé par les restaurateurs pour expliquer l’aspect rapé des surfaces.
Les jambes ployées des hommes, l’équilibre parfait des montures, les rendus impeccables de toutes les musculatures visibles, les bras des dresseurs posés dans la place exacte qui leur permet de retenir les destriers en fureur, les finitions de leurs visages avec leur cheveux détaillés, les museaux des chevaux avec leur bouche ouverte ( exploit si compliqué à réaliser que seul un sculpteur talentueux le peut), sont des preuves de l’incomparable génie du créateur de ces deux œuvres, uniques à l’époque.
Bibliographie : François Souchal les frères Coustou Paris 1980
[* À suivre… *]le 11ème article de cette série : [**Bouchardon. Louis XV à cheval*], parution prévue : Jeudi 22 septembre 2016
Récapitulatif des articles déjà parus dans cette étude de Wukali sur la statuaire équestre
–[** Les Chevaux de Saint Marc*]
– [**Donatello: Le Gattamelata*]
– [**Verrochio : Le Colleone*]
– [**Leonard de Vinci : Le cheval Sforzza et le monument Trivulzio*]
–[**Pietro Tacca : la statue équestre de Philippe IV*]
–[**Bernin. Louis XIV en Marcus Curtius*]
–[**Girardon. Louis XIV à cheval*]
–[**Coysevox. La Renommée et Mercure sur Pégase*]
WUKALI 15/09/2016
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