Invisible wounds , sexual and political violences
Dans ce court roman,[** Virginie Martin*] signe un texte fort sur les violences faites aux femmes mises en parallèle avec la violence en politique. Gabrielle Clair, une des plus jeunes ministre (du travail) du nouveau gouvernement. Une femme brillante, énarque mais « proche du peuple ». mais tout cela n’est qu’un masque, un masque pour les électeurs, pour le peuple (s’habiller en décontracté revient bien plus cher qu’en haute-couture), mais surtout pour surmonter sa blessure d’enfance, son secret. En effet alors « qu’elle allait avoir 12 ans », un garçon du collège, bien plus vieux qu’elle (il a 16 ans) la viole, enfin l’oblige à lui faire une fellation. Traumatisée, on le serait à moins, elle se réfugie dans le travail et veut se démontrer que la « pute », comme on graphait cette qualification à côté de son prénom dans les toilettes de son école, vaut bien plus, largement plus que cette image que son passé lui renvoie.
Elle a appris à dissimuler, à montrer aux autres qu’elle est une femme forte, intelligente, qu’elle sait encaisser les coups (et il y en a en politique), défendre ses idées, être loyale avec la politique du Président et du Premier ministre. Célibataire, sa vie sexuelle avoisine le néant, tout au plus une histoire d’une nuit avec un chef d’entreprise qui se montre à la hauteur de la délicatesse de son violeur, Patrick. Ce dernier, qui a quitté l’école très tôt, revient dans sa vie car il est nommé chauffeur de madame la ministre. S’ensuit une sorte de jeu du chat et de la souris, entre dominé et dominateur, mais qui domine qui : la ministre son chauffeur, ou Patrick le violeur sa victime qui veut surmonter son passé ? Pour surmonter ce conflit, comme en politique, tous les coups sont permis, même si la morale, du moins la morale sociale, est violée.Le plus fort des deux finira par gagner.
Certes si dans ce livre [**, Virginie Martin*] signe un texte fort sur les violences faites aux femmes et l’inscrit en miroir avec la violence en politique, c’est aussi un roman sur la nécessité de se créer un personnage, de se protéger derrière un masque pour ne pas se faire détruire par les traumatismes du passé. Un roman sur une fuite en avant, plus haut, toujours plus haut, pour ne pas se considérer, pour ne pas être considéré comme une victime, une perdante, mais comme une gagnante, une personne qui se donne les moyens pour atteindre son but. Peu importe si les autres se trompent sur les motivations de l’intéressée, ils la pensent ambitieuse, elle ne souhaite qu’une chose, se montrer à elle-même qu’elle n’est pas « une pute ».
Un bon livre, sans hésiter, qui ne fait pas regretter les 15 euros de son coût.
[**Garde-corps
Virginie Martin*]
Lemieux éditeur 15€
WUKALI 16/09/2016
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