Aix en Provence, an other French city you can visit for its unique beauty, its historic mansions and houses where famous celebrities were born, its more than famous opera and music festivals, and for sure its museums and mediterranean sun of course !


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Les musées de France ne sont point les petits frères déférents de leurs homologues parisiens, ils exercent en effet par eux-mêmes une action profonde de sensibilisation auprès de leurs publics et de leurs territoires (et bien au delà évidemment), pour non seulement valoriser leurs collections (politique d’achat, mécénat, expositions ) mais aussi dans une détermination muséologique au service de l’histoire de l’art et de l’art d’aujourd’hui. Des exemples ? Ils sont multitude à travers le pays : de la mer du nord jusqu’à la Méditerranée, de l’Atlantique jusqu’au Rhin ou les contreforts des Alpes, Lille, le Câteau Cambresis – Dunkerque -Troyes – Metz – Nancy – Strasbourg – Colmar – Lyon bien entendu mais aussi Grenoble – Aix en Provence – Marseille – Bordeaux – Le Havre – Rouen – Nantes – Nice et cette liste est loin d’être exhaustive !

Voici par exemple deux riches expositions organisées au [**musée Granet*] à [**Aix en Provence*] autour des peintures d'[**Henri Cueco*] qui revisite les œuvres de [**Cézanne*] à travers 57 tableaux et dessins et d'[**Olivier Bernex*] sur le thème «Rêver Rousseau».

Olécio partenaire de Wukali

[**P-A L*]


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« Au-delà du sujet qui est **Cézanne*], c’est l’analyse de l’image qui est intéressante car elle nous emmène dans l’inconnu. [**Cueco*] ne fait pas œuvre de savoir-faire, il fait œuvre de non-savoir », commente [**Évelyne Artaud*], commissaire de l’exposition. [**Bruno Ely*], le directeur du [musée Granet, également commissaire, nous rappelle que le génie absolu de Cézanne, c’est le côté paradoxal de son œuvre. « Le peintre nous donne une chose et son contraire dans la même vision, dans la même perception », explique t-il. « Dans l’histoire de l’art, seuls les grands artistes, les génies, peuvent arriver à cette fusion de dimension paradoxale. Pour exemple, chez Cézanne, le fini et le non fini, c’est essentiel, et l’on retrouve chez Cueco cette perception du non fini. C’est le ciment-même, la respiration de la peinture de Cézanne » ». Cueco insiste également sur ce point dans son œuvre. Il y a aussi cette idée de construction et de déconstruction. « L’art moderne repose sur cette dimension de déconstruction et de reconstruction », précise encore Bruno Ely. « Cézanne l’a fait à sa manière et Cueco s’accapare les tableaux de Cézanne pour en faire l’objet de sa réflexion. Démonter la peinture pour mieux la restituer ».

Des Carnets préparatoires, nouvelles acquisitions du musée Granet, témoignent du formidable travail effectué par Cueco. Ils permettent de comprendre sa démarche, à l’origine même de son œuvre.

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[**Après avoir vu l’exposition que le musée Granet avait consacré en 2006 au grand maître, Cueco achète le catalogue*]

«C’est ainsi que s’est déclenché d’une certaine façon cette ultime série de ce grand peintre, et c’est émouvant de voir que c’est Cézanne qui est à l’apogée de cette carrière-là» rapporte Bruno Ely.

L’intérêt que le conservateur du Musée Granet porte à Cueco ne date pas d’hier.
En 1997, il avait déjà eu l’occasion de montrer les œuvres de Cueco autour des maîtres du passé et notamment[** Philippe de Champaigne*] (1602/1674). C’était au musée des tapisseries qu’il dirigeait à l’époque.

Parmi toutes les œuvres d’Henri Cueco, il y a cette référence aux maîtres du passé : [**de Champaigne*] donc, mais aussi[** Ingres, Delacroix, Rembrandt.*] Le public découvrira dans ses créations que Cueco s’est également intéressé à [**Nicolas Poussin*]. : « Je veux faire du Poussin sur nature » disait [**Cézanne*]. C’est sans doute la phrase que l’on connaît le plus du peintre, une véritable obsession chez lui. Ce rapport à Nicolas Poussin introduit l’exposition « Revoir Cézanne » car Henri Cueco a tout naturellement fait ce rapprochement. Il était donc important de travailler d’après Nicolas Poussin pour ensuite poursuivre avec Cézanne. L’exposition nous présente son interprétation de « L’Enlèvement des Sabines »

[**Défendre la figuration, oser faire référence aux maîtres du passé avec pertinence et parfois même avec impertinence.*] « Il y a dans l’œuvre de Cueco, la transmission de la noblesse de l’œuvre de Cézanne » dira encore Bruno Ely.

Aujourd’hui un artiste contemporain nous parle de Cézanne, son regard nous aide à approfondir notre connaissance de l’artiste et nous redonne sa «petite sensation». Voilà une autre expression chère à Cézanne qui disait toujours qu’il voulait que l’on respecte « sa petite sensation ».

Il suffit de regarder intensément chacune des propositions de Cueco, Le Jas de Bouffan, L’Estaque, La Sainte-Victoire, Les Baigneuses etc, pour percevoir ce qu’il y a de plus intime, de plus profond, dans l’oeuvre de Cézanne. Il est encore question de risques et de ratages. Cueco confiait à Evelyne Artaud à ce propos : (extrait) «… C’est sa passion double, entre le travail imprégné de Poussin et la folie quotidienne devant la nature, qui fonde le génie de ce travail impossible si merveilleusement raté. Sans cet échec sollicité, cette œuvre n’aurait été qu’une pauvre réussite de chaque jour ».
Evelyne Artaud lui demande alors s’il s’agit de son propre rapport à son travail d’artiste :
« J’accepte le risque de l’échec », répond Cueco, « Je crois avoir rencontré Cézanne sur le chemin de son atelier. J’ai vu dans ce lieu, sur le mur, de méchantes reproductions, qui sont celles-là mêmes que j’ai choisies dans mon atelier. Pauvre de moi ! Mais je n’ai pas eu le courage de l’échec comme cet homme, pétri de larmes dans la nature des Lauves, devant ces falaises de terre rouge, devant cette misère si belle de La Sainte-Victoire, qui signe si bien sa glorieuse défaite ». Cueco fera l’éloge du ratage et Bruno Ely nous invite à méditer sur cette parole de l’artiste. Il conclut : « Si l’on reconduit systématiquement les réussites, on ne progresse jamais. Ce qui fait avancer l’humanité, ce qui fait avancer la création, c’est évidemment de se tromper, de chercher à se tromper, ce vouloir se tromper, et c’est évidemment ce qui est le plus difficile à faire, en art, comme dans la vie. |center>

[**Olivier Bernex*] au vernissage de l’expo « Revoir Cézanne » nous confie son plaisir d’être là. Il a rencontré Cueco alors qu’il n’avait que 16 ou 17 ans, au Salon de la Jeune Peinture à Paris. Une trentaine d’année plus tard, les deux peintres se retrouvent et rapprochent : « C’était à Aubagne à l’occasion du vernissage du peintre, [**Edouard Pignon*] qui était avec son épouse, [**Hélène Parmelin,*] romancière et journaliste. Je trouve formidable que le sort nous réussisse de nouveau. C’est très touchant pour moi. Je viens de découvrir l’exposition, et je suis particulièrement impressionné par ce travail sur Cézanne ».

L’artiste parle de son expo personnelle. L’expo a été magnifiquement organisée. « Bruno Ely a fait un énorme travail d’investigation. Il a lu mon livre, un traité sur la peinture, intitulé « L’exécution de La Peinture » – Il me connaissait donc très bien. Le plus dur a été de trouver des circonstances favorables pour monter cette exposition. Il m’a fait la surprise de me réserver les trois salles du rez-de chaussée ».

Quand on demande à Olivier Bernex où il se situe dans le monde de l’art, il répond.
« Dès lors que l’on ne se trouve pas dans des critères bien définis, il faut bien reconnaître que l’on est un peu « border-line » , « hors-circuit ». Je suis conscient que j’ai vraiment fonctionné tout seul.
Mon travail est inclassable. On parle d’échec de recherches, chez Cueco, je suis dans cette voie-là car je ne suis pas sur un concept bien établi. Il ne s’agit pas de remettre la peinture à nu, à zéro, mais de retrouver une continuité dans toutes ces ruptures. Je l’ai fait d’une façon très sérieuse, et ce depuis l’âge de 11 ans. Cela peut paraître prétentieux de dire cela, mais j’ai exposé à Paris à 11 ans. C’est une aventure qui a commencé très tôt, et ma vie, puisqu’il s’agit bien de l’aventure d’une vie, et non pas d’une carrière, ma vie donc est un acte de foi, parfois un chemin de croix. Ce sont des croyances aussi qui me conduisent sur ce chemin, jusqu’au bout de ma vie… Et c’est une grâce aussi
».

[**Rousseau, une rencontre merveilleuse*].

Un catalogue va bientôt sortir qui parlera de cette rencontre.
« L’intérêt est d’avoir repris le siècle des Lumières à mon compte, et ce n’est pas gratuit de ma part ! Les grands découvertes ont fait d’énormes catastrophes aussi. Je pense que l’on n’est pas très loin « des Lumières » aujourd’hui, sur un plan philosophique ou politique. On est au XXI siècle aux portes d’un certain catastrophisme, de l’obscurantisme. On sait que les fins de siècle se terminent par des déclins. On est dans un chaos ». |center>

[**Bernex, pessimiste et lucide ?*]

Il avoue être les deux.

« J’ai toute ma vie fait acte de foi, j’ai essayé de trouver une issue. La peinture, se trouve au-delà des modes, au-delà des courants, comme la musique, la littérature. Ca fait partie d’un continuum. Il a fallu, lorsque j’avait 15/16 ans aux Beaux-Arts, détruire. On était en plein négativisme, dans une totale négation de l’art. J’avais le choix entre faire des exposition dans les galeries rive droite et bien gagner ma vie, et certainement avoir une vie moins dure, ou au contraire, persévérer dans cette voie-là, et me retrouver, il faut bien le reconnaître, à l’écart des courants. Mais j’ai fait des rencontres merveilleuses. Des amis m’ont beaucoup aidé. Je pense à Edouard Pignon, à Hélène Parmelin ou encore à Léo Ferré ».

Quand on lui demande si [**Ferré*] était son ami, il acquiesce avec douceur. « C’est un grand poète du XXème siècle qui m’a aidé à poursuivre ma route. C’était un ami, nous étions très proches. Je me souviens qu’il disait :

Tout le monde n’est pas Cézanne,
Nous nous contenterons de peu,
L’on pleure et l’on rit comme on peut,
Dans cet univers de tisanes.

« Voilà qui rend modeste » poursuit Olivier Bernex! «Je me retrouve dans ce musée, contrairement à Cézanne, qui n’a pas pu être exposé de son vivant !»

[**Pourquoi s’inspirer des Rêveries du Promeneur solitaire ?*]

« Parce que c’est l’œuvre ultime de Rousseau, et il se trouve que j’ai commencé les promenades solitaires dans les collines du Garlaban, à l’âge où Rousseau faisait ses propres promenades dans le Ménilmontant qui était alors la campagne de Paris. Dans mon travail, il y a plein de rapprochements à faire avec la pensée de Rousseau. C’est en marchant que j’ai composé ces toiles tout comme pour l’écrivain qui a composé ses rêveries en marchant ».

[**Pétra Wauters*]|right>


[**2 expositions:*]
Revoir Cézanne
Rêver Rousseau
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[**Musée Granet.*]
[**Aix en Provence*]
jusqu’au 29 février 2017


*Contact *] : [redaction@wukali.com
WUKALI 14/12/2016
Illustration de l’entête : D’après Cézanne, Les Baigneuses. Crayon et aquarelle sur papier, 121,5 × 80,5 cm. Musée Granet, Aix-en-Provence, inv. 2015.10.3 © ADAGP, Paris 2016

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