Rare et beautiful Books


Voici deux livres rares et précieux, de merveilleux cadeaux pour l’amateur, étymologiquement celui qui sait aimer, celui qui aime selon la belle définition de Jacques Copeau.


Voici un ouvrage d’un très grand raffinement en deux volumes sorti de l’enfer et consacré à la gravure libertine au XVIIIème siècle, il est publié aux éditions Cercles d’art et a pour titre Scènes du Plaisir, sous-titré: La gravure libertine. [**Patrick Wald Lasowski*] spécialiste de la littérature libertine, professeur à Paris 8 a rédigé l’étude historiographique et analyse tout à fois le temps sociologique, une époque d’émancipation et de liberté, un hédonisme des moeurs, et une présentation affinée de l’estampe, de la pointe-sèche, qui donnèrent à la gravure ses lettres de noblesse, un parfum capiteux et charnel.

Des scènes de boudoirs aux bibliothèques abritant dans la confidence de leur silence les ébats licencieux d’amants énergiques et d’une raide vitalité joyeuse, l’imaginaire débridé des artistes, interprétant les amours de [**Casanova*] ou reproduisant les peintures de [**Jean-François de Troy*] ou de [**Fragonard*], ou encore au service d’une cause partisane dans un discours pamphlétaire au moment de la Révolution, un temps de civilisation avant les grands bouleversements qui suivront.

Olécio partenaire de Wukali

C’est un livre parfois gaillard agrémenté de reproductions et de scènes galantes, de « foutreries» joyeuses. Un livre fleurdelisé à la liberté des moeurs, expression d’une énergie vitale symétrique à un combat plus feutré et frontal pour la liberté politique et contre l’obscurantisme de l’église. Un livre de texte qui rassemble tout à la fois une étude qui plonge au coeur de la littérature et de l’histoire, de l’Ode à Priape d'[**Alexis Piron*] ou le roman du Portier des chartreux de [**Jean Charles Gervaise de Latouche*], des Postures de l’Arétin bien sûr, dans l’intimité des artistes, des éditeurs de l’époque ou des salons. L’autre livre pendant rassemble les illustrations, les estampes en noir et blanc comme celles de [**Jacques Joseph Coiny*] ou de [**Durosoi*] ou en couleurs telles celles d'[**Alexandre Jean-Joseph le Riche de la Popelière*].

Un travail d’édition particulièrement soigné et raffiné, une élégance extrême, le type même du livre précieux qui honore celui qui l’offre comme celui qui le reçoit. Un double échange, dans la plus belle lignée du marivaudage et de la liberté quand le libertinage possèdait ce triple sens souligné par l’auteur: « le libertinage d’esprit qui conteste les dogmes et les rites de l’Église; le libertinage de moeurs, qui cherche le plaisir sexuel; le libertinage de plume, qui conduit écrivains, peintres, artistes à représenter la scène du plaisir.» On ne saurait mieux dire n’est-ce pas ….!

[**Pierre-Alain Lévy*]


[**Notre-Dame de Paris. Victor Hugo*]

Un jour que l’ on demandait à [**André Gide*] quel était le plus grand écrivain français, celui ci répondit: «Victor Hugo, hélas …!». Voici une édition du manuscrit de Notre-Dame de Paris qui s’adresse aux fervents du grand écrivain dans la collection dédiée par les éditions des Saints Pères, à savoir la reproduction du texte d’origine de la main même de l’auteur. Deux volumes élégants à la couverture sobre et entoilée et présentés dans un coffret.

Victor Hugo écrit soigneusement, les phrases semblent couler d’elles-mêmes, à flot, griffées à la plume, c’est un océan qui prend possession de la page. L’écrivain écrit avec méthode prenant le soin de laisser sur la page blanche une marge sur la gauche, des ratures parfois (bien entendu, mais au demeurant assez rares ), dans les marges des noms apparaissent, Bossu, Rousseau, Lévi, Tisserand, Michel, Eugène, ceux des correcteurs qui devront surveiller la mise en page du texte auprès des typographes. Le texte semble avoir été écrit d’un trait, il coule facilement, la lecture est assez difficile, un régal incroyable pour les graphologues. L’ouvrage est agrémenté des quelques dessins à la plume de Victor Hugo et de quelques gravures romantiques. C’est un livre qui s’adresse aux amateurs, aux passionnés du grand homme, aux bibliophiles, car il semble impensable de lire cet éternel roman sous cette configuration.

Notre-Dame de Paris, parait en mars 1831 : promis à son éditeur Charles Gosselin, Hugo met du temps à rendre ce roman que le narrateur dit inspiré par l’inscription ANAIKH ( fatalité en grec) débusquée dans la mythique cathédrale de l’île de la Cité. Un carnet de notes perdu et les événements politiques auraient été à l’origine du retard… Sur le manuscrit, Hugo précise: «J’ai écrit les trois ou quatre premières pages sur Notre-Dame de Paris le 25 juillet 1830. La révolution de juillet m’interrompit. Puis ma chère petite Adèle vint au monde (qu’elle soit bénie) et je me remis à écrire Notre-Dame de Paris le 1er septembre, et l’ouvrage fut terminé le 15 janvier 1831».

Les informations consignées par la BNF sont intéressantes à savoir: Le manuscrit est conservé à la Bibliothèque nationale de France, sous la cote NAF-13378. Ce manuscrit fut utilisé pour la première édition du texte. Il es annoté du nom des dactylographes. Quatre pages du chapitre «Bossu, Borgne, Boiteux»(livre IX) furent dérobées à l’imprimerie lors de la première publication (1831°. Hugo les récrivit près de quarante ans plus tard, avant que celles-ci réapparaissent en 1902. Les deux versions sont ici reproduites.

Les gravures proviennent de Notre-Dame de Paris/ Nouvelle édition illustrée, publié en deux volumes sans date(1882) par [Eugène Hugues], Librairie du Victor Hugo illustré, Paris.

Les éditions des Saints Pères accomplissent un travail en tous points remarquable. Dans leur catalogue on trouve entre autres titres les manuscrits des Contes de Perrault, Madame Bovary ou Alice au pays des merveilles, un véritable bonheur…

[**P-A L*]


[**Notre-Dame de Paris
Victor Hugo*]
Éditions des Saints Pères. 249€


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WUKALI 28/12/2016

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