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[**Bingo*] est l’histoire de Jacky (le père) et de Florian (le fils) Bingolacci. Une fois n’est pas coutume, je vais tirer tout de suite le résumé, voire même la philosophie de ce livre, en citant sa fin. « Voilà , racontée en plus de mots qu’elle ne mérite, l’histoire immorale de Jacky Bingolacci, un type sorti de l’école à seize ans sans même un CAP en poche, devenu par une succession de mauvaises actions un astre de première magnitude au firmament du cinéma asiatique.


Scrupules, vertu, mérite, équité, justice, civisme, décence, probité… nulle part. Vol, concupiscence, meurtre, trafic, convoitise, violence, déloyauté… partout. Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Il semble bien. On peut en débattre indéfiniment. »

Voilà cher lecteur vous avez, vous savez tout, et logiquement vous ne lisez plus le reste de cette chronique car vous êtes déjà en route pour aller chez votre libraire préféré. Ce n’est pas tous les jours que le personnage principal, enfin un des deux personnages principaux, est le parfait archétype de l’anti-héros, et qui plus est un anti-héros sympathique!

Olécio partenaire de Wukali

Jacky Bingolacci a tout de l’anti-héros, mais il est tellement paumé qu’il en devient sympathique. Dès sa naissance, il est victime d’une vraie malédiction : il est très beau (il a transmis ses gènes à son fils). Pourquoi travailler dans ces conditions, sa plastique est recherchée au cinéma. Sauf qu’il est plutôt un assez mauvais acteur et à part quelques rôles très très secondaires, son seul succès fut une publicité dans laquelle, déguisé en ouvre bouteille il poursuivait une bouteille d’un air lubrique. Bien sûr il est quelque peu gigolo, passe de femme en femme, mais avec une Caroline, il devint, sans vraiment le vouloir, père. A part Jupiter, un réunionnais rencontré sur les plateaux, il n’a pas d’amis. Pour pourvoir survivre, il commet des délits, de plus en plus important qui l’amènent directement en prison. Là, il a pour codétenu Salvatore Di Petro, chef de file du groupuscule italien le Noyau révolutionnaire prolétarien qui lui demande de mettre à l’abri la caisse de solidarité du mouvement après sa libération. Jacky se rend dans l’Allier et déterre un vrai trésor. Mais il n’est ni Edmond Dantès et encore moins le comte de Monte-Cristo, mais plutôt un vrai Pied-nickelé, aussi se fait-il voler le trésor. Sauf que Di Petro qui finit par s’évader ne croit pas à ce braquage.

Pendant ce temps là Florian est amoureux d’Azra une jeune albanaise en situation irrégulière surveillée par ses trois cousins, petits caïds de leur cité. Elle doit se marier au pays, aussi Florian l’a fait-il exfiltrer vers l’Angleterre. Florian est l’archétype parfait du jeune adolescent qui se croit encore un homme, amoureux il veut se comporter comme un parfait chevalier servant, ce qui est plus que compliqué avec les trois cousins qui passent leur temps à l’humilier. Jeune homme mal dans sa peau, peu conscient de sa beauté, Florian est l’inverse de ce père fantasmé, il est plein d’empathie et pense d’abord aux autres avant lui.

La description de la vie quotidienne dans la cité avec ses caïds, ses incivilités, ses travailleurs, ceux qui subissent et ceux qui se battent, son mélange de populations aux origines différentes, est criante de réalisme. On est bien loin de l’image véhiculée dans les médias, mais certainement bien plus près de la réalité.

Bingo est un roman avec un zeste de sociologie, une parodie de roman policier. On est pas loin des meilleurs polars de[** Simonin*], l’auteur de l’inoubliable « Touchez pas au grisbi ». Sans conter l’humour, bien sûr, et un style vif, précis sans fioritures inutiles.

[** Émile Cougut*]|right>


[**Bingo
Jean-François Pigeat
*]
éditions Le Dilettante. 18€


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WUKALI 09/03/2017

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