Canadian pioneers of animation movies
[**1949*], et oui voila bien longtemps maintenant qu’est sorti cet exceptionnel film d’animation canadien, Begone Dull Care, réalisé par [**Evelyn Lambart*] et son compère [**Norman McLaren*]. Quelles maîtrises techniques, et au pluriel bien entendu! Quelle sagacité dans l’inventivité cinématographique ont-ils su ensemble déployer, quels regards, et pourrait-on dire, quelle anticipation sur les réalisations à suivre du cinéma mais aussi les expressions de l’imagerie dans tous ses successifs avatars rendus possibles grâce aux technologies de l’électronique. Au delà de ces prouesses, car il faut savoir que notre duo inventif travaillait directement sur la pellicule, peignait sur le support, et le rendu est magique, inventif, abstrait bien évidemment et s’exprimait à l’amble pareil à ce que dans des ateliers, des peintres sur des toiles produisaient, l’on peut à cet égard avoir à l’esprit ce que faisaient des artistes comme [**Jackson Pollock*] et ses techniques de dripping sur toiles!
Mais là où s’exprime le mieux cette fantaisie filmée, cette liberté, cet hédonisme de l’imagination formelle, c’est dans cette vibration, dans l’adéquation de l’image et de la musique, en l’occurence celle d'[**Oscar Peterson*] et de son trio (piano, contrebasse, batterie) Une adéquation sans nulle contrainte, un peu comme ces impressions visuelles, ces éblouissements paradoxaux que l’on peut observer quand on se laisse à rêver les yeux fermés et que défilent dans notre tête, tel un flux visuel et libre, sans intervention de notre volonté, peu de temps bien souvent avant de sombrer dans le sommeil, des théories géométriques et formelles, colorées, complexes et imaginaires. C’est de cette liberté qu’il s ‘agit dans ce film, de ces formes abstraites, de ces couleurs qui se succèdent par saccades suivant en cela le rythme du boogie-boogie joué par un Peterson inspiré au piano.
Anticipation aussi, et l’on pense aux figures géométriques laissés par des potentiomètres ou des appareils électroniques plus élaborés, voire aux images de l’imagerie médicale dans ses différentes sophistications. Mais là dans ce film d’Evelyn Lambart et de Norman McLaren il ne s’agit point de la réplication d’un univers des formes produit par des systèmes ou des machines, il s’agit tout simplement de l’imaginaire vif et joyeux réalisé à la main par nos artistes sur la pellicule comme l’eussent fait des copistes du Moyen-Âge décorant comme dans Au nom de la Rose, le magnifique roman d’ [**Umberto Eco*], d’épais livres d’heures ou des évangéliaires royaux. Le tout bien entendu inspiré par la musique et les compositions de Peterson, en toute liberté, le maître mot, évidemment !
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WUKALI 08/04/2017