[**Robert Desnos*] (1900-1945) est un poète français épris de liberté. S’il est au coeur du surréalisme avec [**André Breton*], il saura rapidement dire non et se dégager de l’influence du parti communiste pour rester un homme libre. Pendant la guerre il rentrera dans la Résistance dans le réseau Agir. Beau chemin d’intellectuel antifasciste, beau chemin d’intellectuel tout simplement…

Le 22 février 1944, Robert Desnos est arrêté à son domicile par la [**Gestapo*] et déporté dans plusieurs camps. En avril 1945, il est transféré jusqu’en Tchécoslovaquie, dans le camp de concentration de Theresienstadt, à[** Terezin*]. Épuisé par les privations, malade du typhus, il meurt le 8 juin 1945.

[**P-A L*]


Ce cœur qui haïssait la guerre… »
Ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu’il bat pour le combat et la bataille !
Ce cœur qui ne battait qu’au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jour et de la nuit,
Voilà qu’il se gonfle et qu’il envoie dans les veines un sang brûlant de salpêtre et de haine.
Et qu’il mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflent,
Et qu’il n’est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagne,
Comme le son d’une cloche appelant à l’émeute et au combat.
Écoutez, je l’entends qui me revient renvoyé par les échos.
Mais non, c’est le bruit d’autres cœurs, de millions d’autres cœurs battant comme le mien à travers la France.
Ils battent au même rythme pour la même besogne tous ces cœurs,
Leur bruit est celui de la mer à l’assaut des falaises
Et tout ce sang porte dans des millions de cervelles un même mot d’ordre :
Révolte contre Hitler et mort à ses partisans !
Pourtant ce cœur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons,
Mais un seul mot : Liberté a suffi à réveiller les vieilles colères
Et des millions de Français se préparent dans l’ombre à la besogne que l’aube proche leur imposera.
Car ces cœurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté au rythme même des saisons et des marées,
du jour et de la nuit.

Olécio partenaire de Wukali

[**Robert Desnos*], 1943
(paru dans L’Honneur des poètes)
© Éditions Gallimard


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WUKALI 01/05/2017

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