Under the volcano. Still a few days to win with Emmanuel Macron
Quand l’évidence a du mal à s’imposer !
[**Il est évident qu’il faut voter Emmanuel Macron, il est évident qu’il ne faut ni s’abstenir ni voter blanc, il est évident qu’il faut tout faire pour battre Marine Le Pen*].
Oui mais que faire quand cette évidence ne s’impose pas ? Qu’il est pénible de voir des descendants d’émigrés italiens voter Front National oubliant que leurs propres parents n’auraient jamais pu s’installer en France si l’extrême-droite avait été au pouvoir ; qu’il est affligeant de voir des amis de droite, républicains, s’abstenir ou voter blanc au motif qu’Emmanuel Macron serait « le fils spirituel » de François Hollande ; qu’il est insupportable de voir des amis de gauche adopter la même attitude au motif que la politique de François Hollande nous a amené Marine Le Pen et, comme Emmanuel Macron veut poursuivre cette politique, « c’est sûr, nous aurons Marine Le Pen en 2022 »…
Et que dire de ces grands stratèges de gauche, qui tel [**Jean-Luc Mélenchon*], supplient les Insoumis de rester unis pour demain incarner l’opposition de gauche à Emmanuel Macron, passant par pertes et profits ses anciens amis socialistes, ou de ces grands stratèges de droite, qui, tel [**Laurent Wauquiez*], se réfugient dans le « ni, ni » afin, lui, d’incarner l’opposition de droite à Emmanuel Macron et ne pas laisser le champ libre à l’extrême-droite ! Que ces calculs apparaissent pitoyables au regard de l’Histoire et discréditent à jamais ceux qui les mettent en avant !
Que dire, que faire quand à l’évidence les arguments économiques, politiques, historiques ou moraux n’emportent plus la conviction et que l’appel au cœur ou à la raison reste impuissant ? Parfois l’appel aux tripes c’est-à-dire aux peurs et aux angoisses peut faire douter. Mais là encore la victoire est fragile car le Front National manipule à la perfection les peurs et les angoisses.
Alors tel Sisyphe, il faut sans cesse reprendre l’ouvrage. Il faut se battre contre ces attitudes mortifères, argumenter certes, mais surtout essayer de deviner ce qui au plus profond de chaque individu motive ce vote Marine Le Pen, porteur de haine, de désastres, en un mot de guerre. En janvier 1995, devant le Parlement européen, [**François Mitterrand*] s’exclamait : « le nationalisme, c’est la guerre ». C’est toujours vrai.
En ces temps troublés, nous devons faire preuve de vertu, au sens de courage et d’exemplarité. Il faut redonner du sens à l’action publique, il faut redonner de l’espoir à ceux qui souffrent. La pulsion de vie l’emporte toujours sur la pulsion de mort. Seule la foi en l’Homme, en sa capacité à construire un monde meilleur, nous évitera les accidents de l’Histoire.
[**Pierre Bertinotti*]
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WUKALI 01/05/2017
Illustration de l’entête: © Wukali