What’s the essence of the relation between the members of the Company of Jesus and the different popes through history


Les jésuites et les papes, voici un titre peu banal, Le sous-titre de ce livre est « histoire d’une relation en quelques traits (XVI-XXI siècles) ». Tout est dit : ce n’est pas un livre sur l’histoire des jésuites ni même une sur la papauté de cette époque, mais sur le relations entre ces deux institutions. Et ce n’est qu’une première approche. Comme le note dans sa préface John W. O’Malley il n’y a eu aucune étude de fond qui a été faite sur ces relations, oh combien importantes, qui ont fortement marqué l’histoire du catholicisme. Sans compter qu’avec [**François*], nous avons le premier pape issu des jésuites. Comme tout sujet d’actualité et qui plus est ayant un futur assuré, il est nécessaire d’en connaître sa genèse et son histoire au fil du temps.

On connaît le fameux serment de Montmartre du 15 août 1534 qui va aboutir à la création de la [**compagnie de Jésus*] avec la bulle Regimini militantis Ecclesiae de[** Paul III*] en 1540. Dès sa création, la compagnie se différencie des autres ordres monastiques, surtout avec ce fameux quatrième vœux qui oblige les frères à « partir en mission » quand on le leur ordonne, c’est à dire le pape ou leur général. Ces missions, qui au tout début étaient faites pour évangéliser, très vite évolue non pas vers, mais en plus pour la défense de l’Église catholique apostolique et romaine. Nous sommes au développement du protestantisme qui remet en cause l’autorité pontificale que les jésuites ont juré de défendre. Comme le montre l’auteur, la démarche des jésuites est à l’inverse de celle des ordres monastiques hérités du Moyen-Âge qui privilégiaient le travail contemplatif : « ceux qui voyagent beaucoup atteignent rarement la sainteté » lit-on dans l’Imitation de Jésus-Christ. Pour les jésuites c’est dans le déplacement physique qu’ils peuvent trouver leur sainteté.

Les jésuites ont très vite compris le rôle essentiel de l’éducation, celle d’abord des futurs prêtres pour que soit diffusé sur toute la surface de la terre le même corpus théologique. Ils sont à l’origine des premiers séminaires.

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Les relations entre les jésuites et la longue liste des papes (dont certains resteront sur le trône de Saint Pierre si peu de temps que les relations qu’ils eurent ne sont même pas anecdotiques) est loin d’être un long fleuve tranquille. Certains comme [**Gregoire XIII*] leur sont (très) favorables alors qu’avec d’autres ces relations furent compliquées ([**Paul IV*] par exemple), voire conflictuelles. Quand la personnalités des souverains pontifes était quelque peu en réserve comme [**Clément XIII*] et [**Clément XIV*], les ennemis des jésuites aussi bien dans le monde profane qu’à l’intérieur de l’église ont pu faire pression sur eux. Cette sorte de haine à leur égard qu’avaient engendré les jésuites trouve son paroxysme avec le bref Dominus ac redemptor du 23 juillet 1773 qui dissout les jésuites. Ce n’est pas le premier ordre religieux qui est aboli, songeons aux Templiers, mais c’était un des principaux ordre de l’époque qui avait marqué, par le biais de ses écoles, les élites. Les sectateurs furent aussi déçus que [**Philippe le Bel*] car le fameux trésor des jésuites ne jamais trouvé pour la bonne raison qu’il n’y en avait pas.

Mais tel le phœnix renaissant de ses cendres, les jésuites n’ont pas tout à fait disparu puisqu’ils continuèrent à exercer leur sacerdoce dans la Russie de [**Catherine II*] et plus précisément en [**Pologne.*] De plus le nouveau pape [**Pie V,*] ancien élève des jésuites ne leur est pas défavorable. Aussi, son successeur [**Pie VI*] avec le bref Catholicae fidei de 1801 et surtout la bulle Sollicitudo omnium Ecclesiarum du 7 août 1814 qui restaure la Compagnie dans le monde entier.

Depuis les liens entre les jésuites et la papauté furent plus calmes, Ces derniers se firent les chantres de l’ultramontanisme furent plus ambigus avec le courant moderniste, ils comprirent très vite le pouvoir des médias, furent présents au niveau théologique lors du Concile de Vatican II. La dernière tension eut lieu au début du pontificat de [**Jean-Paul II*], mais très vite les relations se normalisèrent. L’élection d’un de leurs au trône de Saint Pierre fut une (agréable) surprise pour la compagnie.

Maintenant qu’elles seront la qualité des relations entre les jésuites et les papes. L’avenir nous le dira.

[**John W. O’Malley*] apprécie les jésuites et cela se ressent. Faut-il rappeler qu’il est professeur émérite à l’Université de Georgetown (Washington) et est spécialisé dans l’histoire de l’Église et des conciles. Il prend évidemment partie pour l’ordre, sans jamais critiquer pour autant les souverains pontifes. Franciscains, jansénistes et autres ennemis de l’ordre ne sont pas logés à la même enseigne. Loin de là. A force de trop grossir les traits, on tombe dans le manichéisme avec d’un côté les méchants, envieux, jaloux, de mauvaise-foi, etc. et de l’autre les purs jésuites. C’est la limite de l’exercice, mais dans sa préface John W. O’Malley nous avait prévenu : ce n’est pas une histoire qu’il écrit mais une « relation en quelques traits ». L’histoire de ces relations elle reste à étudier et à écrire. |left>

John W. O’Malley est honnête cette relation est déséquilibrée, et ce dès la création de la Compagnie : soit, la papauté a besoin de défenseurs et elle en trouve d’excellents chez les jésuites. Mais ce sont ces derniers qui ont besoin du pape, sans lui ils ne sont rien, sans la couverture bienfaitrice de l’autorité morale du Saint Père, les jésuites ne sont rien. C’est dire que ces relations sont avant tout très intéressées.

Les jésuites et les papes est un excellent petit livre qui nous met en appétit d’en savoir plus, d’approfondir cette relation d’intérêts bien compris, cette relation qui plus ou moins indirectement a modelé nos sociétés occidentales. Sans elle, elles seraient quelque peu différentes. Peu de pages (à peine 190) mais beaucoup d’informations et surtout beaucoup de plaisir à découvrir ce lien.

[**Félix Delmas*] |right>


[**Les jésuites et les papes
John W. O’Malley*]
éditions Lessius, collection Petite bibliothèque jésuite. 14€


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WUKALI 07/07/2017

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