A famous Russian animation director


La force de ce film du grand réalisateur russe [**Garry Bardine*] ([** Гарри Яковлевич Бардин*]), est à trouver peut-être bien davantage que dans les images, dans la musique toute de nostalgie qui nous emporte, et dans la chaleur douce et sensuelle de cette langue russe qui nous ensorcèle. L’histoire, une histoire au coin du feu, une histoire de veillée, une histoire tsigane, nul besoin d’être polyglotte pour en capter le sens. Une métaphore aussi celle du peuple tsigane, la soif de l’or a rongé les ailes de ce peuple fier et l’a conduit à devenir nomade. Cage dorée ou liberté, un conte façon Le chien et le loup et chaque tradition culturelle possède dans son trésor national fondamental des concepts qui se retrouvent dans d’autres cultures, dans d’autres langues.


Sachant que ce film date de 1982, c’est la fin du règne de[** Léonid Brejnev*] et dans l'[**URSS*] d’alors parler de liberté n’est pas une mince affaire. Dans le glacis soviétique l’autorité du [**Kremlin*] ne permet nulle possibilité de liberté, depuis 1979 les troupes russes font la guerre en [**Afghanistan*], en 1981 c’est la répression en [**Pologne*] exigée par Moscou, les artistes comme l’ensemble de la population sont soumis à la tyrannie communiste, les contestataires sont lourdement réprimés.

Olécio partenaire de Wukali

L’idée de liberté titille et innerve l’oeuvre du grand Garry Bardine, nous avions notamment présenté de ce réalisateur dans cette même rubrique du samedi Adagio, Le Loup gris et le Petit chaperon rouge, ainsi qu’ Un Chat botté

La Russie de ce temps avait pour nom l'[**URSS*] et couvrait un empire territorial qui s’étendait de[** Léningrad*] ( redevenu aujourd’hui St Petersbourg) jusqu’à [**Sakhaline*] en Extrême-Orient. Un brassage de peuples et de traditions que l’on retrouve pleinement dans ce film. Si le dessin dans ce dessin animé de Garry Bardine, puise son inspiration dans une tradition orientale, l’art des steppes cher à [**Borodin*] et tout particulièrement une tradition du dessin décoratif que l’on retrouve dans les arts de l’Islam de ces régions, la musique tsigane qui embrasse, ou plutôt qui embrase ce conte, est toute de poésie russe. Les chuintements, les cantillations, les prononcés nasillards que l’on écoute, la sensualité qui se dégage de ces musiques interprétées à la balalaïka et au violon remue l’âme et le sentiment, et quand il s’agit de musique de tradition tsigane, l’émotion est alors à son comble et le rythme nous emporte malgré nous dans la danse.

Certes si nous sommes aujourd’hui esthétiquement habitués à voir la couleur éclater sur nos écrans en mille nuances lumineuses et flamboyantes, on peut être gêné de la pâleur voire du terne des images de ce film et de l’absence de relief, mais ne nous y trompons point, cela est un réflexe moderne et le spectateur des années 80 n’avait pas ce point de vue esthétique d’autant plus que les techniques de ce temps, notamment de télévision et d’animation, ne le permettaient pas !

Initialement dans mon propos, je soulignais qu’il n’était point utile de parler le russe pour rentrer dans ce film, d’où cette rare opportunité de pouvoir commenter en français pour de petit enfants ce conte, porté par la poésie du chuchotement des mots et la douce tristesse mélancolique de la musique. L’art et la musique en tout premier lieu ne nous conduisent-ils pas directement vers les chemins de l’émancipation, de la liberté ? Ce film en apporte la démonstration.

[**Pierre-Alain Lévy*]


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WUKALI 05/08/2017

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