The tense connexion between a brother and a sister
Olivia, directrice financière d’une société vendant de la vaisselle de luxe, a tout pour être heureuse : un mari, Gérard, qui la comprend, deux garçons, soit pas toujours faciles, mais c’est normal pour des adolescents ; mais Olivia a un passé. Elle a vécu toute son enfance dans le minuscule logement imbriqué dans le commerce de ses parents, parents absents tant ils sont pris par leur travail. Heureusement qu’il y avait Marcus, son frère aîné qui s’est occupé d’elle jusqu’à ce qu’en grandissant, elle le considère plus comme un « pied » que comme une aide. D’autant que Marcus a fait des choix de vie qui ne sont pas les siennes : il a la larme très facile, a une vie de bohème, ne pense, en apparence qu’à lui, à ses plaisirs immédiats, ne s’occupe pas de sa santé alors qu’il a un grave diabète. Le moins que l’on puisse dire c’est que les liens entre la sœur et le frère sont très distendues. Elle, elle a choisi son travail avant même sa famille, lui a opté pour la vie de bohème avec ses risques et ses joies.
Un jour, Olivia juste avant d’entrer dans la salle où se tient un conseil d’administration très important, reçoit un appel téléphonique de Marcus en larmes : on va l’opérer et l’amputer d’une jambe. Une évidence submerge Olivia, elle doit aider son frère. Ce frère qu’elle ne connaît pas, qu’elle ne comprend pas ou plus exactement qu’elle n’a pas voulu comprendre se murant dans son univers protecteur.
Mais Marcus est une sorte de prince Michkine, le héros de L’Idiot de [**Dostoïevski*], il rayonne, sans le vouloir, sans le savoir, sa seule présence pousse son entourage, même les inconnus, à s’ouvrir à leur environnement, à réfléchir sur ce qu’ils sont, sur ce qu’ils souhaitent, à sortir de leur routine quotidienne. Et la puissance de Marcus va faire évoluer sa sœur, mais pas qu’elle.
Dans ce court roman, l’écrivain néerlandaise [**Esther Gerritsen*] signe un très beau texte sur la découverte, la découverte de soi ( une traduction par Emmanuèle Sandron). La sérendipité est présente tout au long : il faut savoir regarder ailleurs que droit devant soi, les chemins de traverse permettent souvent de découvrir d’autres univers dont certains sont nettement plus riches que celui que l’on emprunte. Pour « s’ouvrir » il faut souvent un catalyseur, un fait, une personne, un Marcus.
Voilà un livre plein d’optimisme qui donne des clés pour atteindre une certaine sérénité.
[** Frère et sœur
Esther Gerritsen*]
éditions Albin Michel. 15€
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WUKALI 04/10/2017