Could become an imaginative idea for a Woody Allen scenario!


Tous les professionnels le diront : la future mère doit parler au fœtus qu’elle porte pour en faire un futur bébé équilibré. Voilà l’idée de départ de ce nouveau roman d’[**Anne Akrich*]. En soi, rien de très original, sauf qu’Anne Akrich est assez originale. Enceinte d’un sûrement futur garçon, pour essayer de lui expliquer dans quel monde, dans quel univers il va bientôt arriver, elle lui parle avant tout d’elle et de son futur père. Tout y passe, comment elle réussit à s’imposer à cet homme qui la fuyait avant tout à cause de leur différence d’âge (il a 26 ans de plus qu’elle), comment en le manipulant quelque peu, il a accepté d’avoir un nouvel enfant (ses deux premiers il ne sait pas les gérer, il est complétement dépassé par la nouvelle génération dont il ne comprend pas les codes, alors qu’elle oui), les circonstances quelque peu baroques de sa conception, les sacrifices qu’elle est obligée de faire (arrêter l’alcool fut un vrai déchirement), les difficultés qu’elle eut de savoir qu’il serait un garçon (elle avait prévu une éducation de féministe enragée), la galère pour trouver un prénom qui satisfasse tout le monde, c’est-à-dire les parents ET les grands-parents, etc.

De fait, elle essaie de le prévenir sur la personnalité, on ne peut plus dissemblable de ses parents. Soit tous deux sont d’origine juive, mais, avec Anne Akrich, il y a souvent pour ne pas dire toujours un mais, lui est un ashkénaze totalement non pratiquant, mais qui ne peut concevoir que son fils ne soit pas circoncis ce qui pose quelques problèmes à la future mère. En plus il est doté d’un total fatalisme voyant bien plus souvent le verre à moitié vide que plein. Pour lui le plus beau cadeau qu’il puisse faire à sa fille pour son anniversaire est la visite du camp d’Auschwitz ! Mais il a une particularité : il ne conçoit pas que l’on puisse se disputer (et avec son caractère, elle lui fait des scènes, parfois absurdes, assez souvent) quand il fait beau.

Quant à elle, c’est plus compliqué : son père est bien d’origine juive mais séfarade, il est à la base tunisien, mais il s’est marié à une tahitienne (les autochtones pratiquent la circoncision, mais pas à la naissance mais à 13 ans lors de rites de passage à l’âge adulte) qui elle n’est pas juive. Problème difficilement soluble, est-elle une vraie juive et par voie de conséquence son fils sera-t-il un vrai juif puisque la judaïcité passe obligatoirement par les femmes.

Olécio partenaire de Wukali

Des différences entre les géniteurs il y en a une longue liste. Elle aime la fête et la bonne nourriture, alors que pour lui, manger c’est ouvrir une boite de conserve et il adore les dîners mondains où il peut briller (elle, elle ne parle pas). Il est issu d’un milieu très aisé, elle a connu de tout temps les restrictions. Avec de tels problèmes à résoudre, elle fait bien de prévenir son futur enfant qu’il risque d’être en analyse toute sa vie !

Ce livre est drôle, plein d’humour, chaque chapitre est doté d’une citation allant de [**Groucho Marx*] à [**Saul Bellow*] en passant par une blague juive et [**Woody Allen*]). Mais au-delà de l’humour, [**Anne Akrich*] dans cette autofiction nous parle des difficultés intergénérationnelles, des difficultés liées à la différence d’âge, des mystères de l’amour, des angoisses que peut ressentir une femme qui sait qu’elle va devenir mère.
A travers son style rapide, sans fioritures inutiles, on ressent une totale sincérité, une vraie personnalité dans cette complexité qui est le symbole de tous les êtres humains.

[**Emile Cougut*]|right>


[**Traité de savoir rire à l’usage des embryons
Anne Akrich*]
éditions Julliard. 19€


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WUKALI 05/01/2018)]

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