A punctilious historical research for a film that will never exist
Un livre publié chez Taschen et quel livre, des archives, une documentation époustouflante ! Un mythe, « le plus grand film jamais tourné » selon [**Stanley Kubrick*], voilà le projet que le génial réalisateur a commencé à mettre au point en 1967. Projet avorté une fois, deux fois, trois fois, projet qui ne sera jamais concrétisé depuis la mort de Kubrick. Bien sûr, s’il y avait eu Napoléon, sûrement que jamais il n’y aurait eu Barry Lindon, tant on connait l’apport du premier projet à ce dernier film.
Ce qui reste de ce projet se retrouve dans les archives de Stanley Kubrick. Jamais il n’avait réuni autant de documentation. Le nombre de pièces classées par lui et par ses ayant-droits autour de l’Empereur donne le vertige : plus de 16 000 gravures, plus de 800 livres, des dialogues, un découpage précis de ce qu’aurait du être le film (tout en sachant qu’entre ce que Kubrick écrivait et le résultat final, il y avait souvent des différences), des objets d’époque (dont le fameux fer à cheval contre le froid dont l’absence, suivant certains historiens et Kubrick, sont une cause du désastre de la retraite de Russie), des photographies de repérages en Europe et surtout de longues conversations enregistrées, et retranscrite avec le professeur [**Félix Markhan*], un des plus grands connaisseurs anglo-saxons de Napoléon. Sa biographie de 1963 fut un des livres de chevet de Kubrick. Markhan a aidé avec son équipe le réalisateur dans sa quête.
On perçoit vite le côté perfectionniste de Kubrick, il veut tout savoir, tout comprendre pour être certain que le résultat sera parfait. Il y a des élément dont le rapport avec l’Empereur ne semble pas évident (par exemple le vote de la loi sous le Directoire). Mais c’est par l’ensemble, la globalité que l’on peut essayer de comprendre l’action de l’homme. Plus d’un historien partage ce point de vue. Une question, son interlocuteur reste vague dans sa réponse, alors le cinéaste continue, pousse son interlocuteur dans ses derniers retranchements, et cela finit le plus souvent par la promesse d’une nouvelle fiche.
Cette démarche n’est pas sans faire penser à celle de[** Visconti*]. On sait que dans Le Guépard, des vêtements d’époque remplissaient armoires et commodes qui ne furent jamais ouvertes.
A partir, de ce matériel, on voit se dessiner ce qu’aurait pu être ce Napoléon. Il faut lire la critique qu’en fait l’historien [**Geoffrey Ellis*] : une étude avant tout psychologique de l’homme Napoléon avec en toile de fond les relations amoureuses (et pas qu’avec [**Joséphine*]) et leur importance dans les décisions prises. Sans compter, mais on connait bien l’œuvre de Kubrick, toute une réflexion sur le pouvoir qui finit, non pas rendre fou, mais par isoler son détenteur des réalités des hommes.
Et puis il y a le court, mais ô combien intéressant article de [**Jean Tulard*] sur « Napoléon au cinéma ». Qui d’autre que ce grand spécialiste et de Napoléon et de l’Empire aurait pu avoir la légitimité de l’écrire.
Ce qui est certain, c’est que le Napoléon de Kubrick, même avec l’angle d’attaque qui aurait été celui de son réalisateur, n’aurait ressembler en rien à tous ceux qui l’auraient précédé et ceux qui ont été commis depuis que ce projet fut abandonné à tout jamais.
Les[** éditions Taschen*], dont la qualité de chaque livre n’est plus à faire, nous offrent dans un seul volume, bien plus qu’un reportage sur un film avorté, mais une démarche, celle d’un homme si perfectionniste que le résultat de son travail ne peut-être qu’un chef d’œuvre. Devant tant de travail, le lecteur se prend à penser qu’il est bien dommage que trop de films « de costumes » ont été tournés sans une « vraie » préparation.
Merci [**Monsieur Kubrick*] d’avoir conservé toute cette documentation.
Merci aux éditions Taschen de nous permettre de mieux comprendre le chemin intellectuel et l’immense travail qui guident les génies.
[**Napoléon
Stanley Kubrick*]
éditions Taschen. 50€
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WUKALI 13/03/2018)]