A jolly good novel by the so famous Minette Walters we do cherish !


Ah, les (pas toujours) vieilles femmes anglaises indignes. Que de bons moments elles nous ont donnés à la lecture de leurs œuvres ! [**P.D. James, Patricia Highsmith, Ruth Rendell*], voire [**Elisabeth George*], mais aussi et peut-être surtout [**Minette Walters*]. Si vous n’avez pas lu Sueur froide, Le sang du renard, Chambre froide, Cuisine sanglante et que penser de Lumière noire, Résonance, sans oublier, bien sûr, Lame de fond ou Les démons de Barton House, faites-le sans désemparer ! Il faut lire Minette Walters.

Cet écrivain britannique approfondit le roman noir. Au début de son œuvre, ses livres sont entre le roman policier et le roman tout court, mais dans la fibre, le style, l’univers sont noirs, très noirs. Mais comme pour ses illustres consœurs, si l’atmosphère, le fond de ces histoires sont d’un noir très, très profond, ils restent d’un réalisme parfait. Bien sûr, il arrive que se glisse par-ci, par-là, un peu de surnaturel, mais il est vécu comme tel par les personnages, c’est leur ressenti qui leur fait penser que des forces invisibles interviennent, alors que dans les faits il n’en est rien.

Pour preuve, la lecture du dernier roman de [**Minette Walters*] que viennent de publier les éditions Robert Laffont  : [**Dans la cave.*] L’héroïne, la jeune Muma, entend le rire du Diable, voire la maison lui parler. Mais il n’y a qu’elle qui l’entend, l’auteur ne fait pas intervenir le Diable ou un des personnages qui aurait endossé ce rôle.

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Dans ce roman, Minette Walters aborde un sujet qui, hélas, fait l’objet de faits divers sordides : l’esclavage moderne. J’entends déjà les hurlements des « bien pensants » enfermés par leurs œillères idéologiques dans des certitudes absurdes, ce roman est une honte, les esclavagistes ne sont pas des méchants blancs voire des Arabes plus ou moins corrompus par une religion dévoyée (je ne crois pas avoir trahi les montagnes d’imbécilité que certains profèrent à longueur d’interview), mais des Noirs. Et oui, les Noirs depuis la nuit des temps, n’en déplaise à certains, ont réduit à l’esclavage d’autres Noirs. Et c’est toujours, hélas, d’actualité, avec les formes dites « modernes » que cette horreur (l’esclavage) a pris.

La famille Songoli arrivée d’Afrique s’installe en Angleterre. Lui, Ebuka, travaille et est régulièrement en proie à des accès de violence. Elle, Yetunde, passe son temps à dépenser l’argent de sa famille, à manger et à « pourrir » ses deux fils, Olubayo, l’aîné tourmenté par les affres de la chaire et Abiola, 4 ans un obèse colérique. Et il y a aussi Muna. Cette jeune fille de 14 ans a été prise par un orphelinat et sert d’esclave à la famille. Esclave sexuelle pour Ebuka, et surtout bonne à tout faire pour la famille dont elle est le souffre-douleur, le « punching-ball » familial. Elle dort sur un matelas dans la cave et à une interdiction totale de sortir de la maison et même de se montrer aux fenêtres.
Mais un jour Abiola disparaît. Les Songoli sont obligés de faire croire à la police, aux voisins, etc., que Muna est leur fille, une fille handicapée mentale qu’ils préfèrent garder avec eux plutôt que de la confier à des tiers. Mais Muna est loin d’être celle qu’ils croient sincèrement qu’elle est. Ils ne voient pas la jeune fille, mais une sorte de meuble, d’animal à leurs services (et à leurs sévices), comme aimait lui répéter Yetunde avant de la fouetter avec une badine : « Tu es à moi et je peux te faire ce que je veux  ».

Or Muna est remarquablement intelligente et a fromenté une terrible vengeance. Ebuka se retrouve dans une chaise roulante à la merci de la jeune fille. Yetunde puis Olubayo disparaissent à leurs tours sans aucune explication. Le couple ne comprend pas, pris dans ses certitudes et à chaque fois qu’ils demandent de l’aide à Muna, qui refuse, alors qu’ils s’étonnent de son manque d’empathie, cette dernière ne peut que leur répondre : « Je suis telle que vous m’avez faite. Tout ce que je sais, c’est ce que vous m’avez appris  ».

Que dire de plus ? Minette Walters a écrit deux fins à son roman, au lecteur de choisir celle qui lui plaira. Ne croyez pas que c’est l’histoire d’une vengeance, non, plutôt d’une révolte, pensée, implacable, froide mais, elle est due à une jeune femme à qui on a dénié toute idée de sentiment humain, à qui on a ôté toute parcelle d’humanité. L’autre solution qui s’offre à Muna est sa propre disparition, sa propre mort. Elle n’a qu’une démarche d’auto-défense face à la famille Songoli, à ses « maîtres », à ses bourreaux.

[**Dans la cave*], au-delà de ce que ce roman dénonce, l’esclavage moderne, est un roman qui va faire date dans l’immense œuvre de [**Minette Walters*].

[**Émile Cougut*]|right>


[**Dans la cave
Minette Walters*]
éditions Robert Laffont. 29€95


[**Ce roman a été choisi pour figurer dans la Sélection du livre de Wukali*]

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WUKALI 02/05/2018)]

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