The Resistible rise of Donald Trump
Par [**Jean Marsia*], président de la Société européenne de défense AISBL (S€D)
À l’occasion de mon voyage d’avril dernier en [**Iran*], j’ai constaté les difficultés de ce pays sur le plan économique. Les tensions internationales, avivées par sept ans de guerre civile en [**Syrie,*] freinent les échanges. Les Iraniens n’approuvent pas l’activisme de leurs dirigeants sur la scène internationale : il a un coût trop élevé. Mais ceux-ci se croient investis d’une mission divine.
Depuis l’élection de [**M. Trump*] à la présidence des USA, en janvier 2017, l’Iran a souffert de la menace du rétablissement des sanctions américaines. Le mal-être est perceptible. Le chômage massif des jeunes entraîne la chute de la natalité et la hausse de l’émigration. Pour contrer la chute du rial en avril 2018, Téhéran a décidé un taux de change officiel et une interdiction des activités de change en dehors des établissements bancaires. L’Iran envisage même, comme le Venezuela et la Russie, de lancer sa crypto-monnaie.
Depuis plusieurs semaines, avec le soutien américain, Israël intensifie ses attaques aériennes contre les installations iraniennes en Syrie, et les Iraniens ripostent en tirant des missiles contre Israël. Le Hezbollah pourrait soutenir l’Iran en ciblant Israël depuis le Liban, et entraîner celui-ci dans une nouvelle guerre.
– [**Quel peut être le but du président américain ?*]
L’Alliance atlantique vit ses plus grandes tensions internes depuis la crise irakienne de 2003. Pour l’instant, les Européens semblent unanimes : ils déplorent la décision américaine. Les dirigeants français, allemands et britanniques ont vainement tenté, chacun à leur tour, de faire entendre raison à M. Trump. La solidité du bloc européen va-t-elle toutefois perdurer ? En 2003, la domination américaine n’a été contestée au sein de l’OTAN que par la[** France,*] l’[**Allemagne*] et la [**Belgique*]. Depuis, celle-ci a vu Ford, General Motors et Caterpillar fermer leurs usines.
Ils devraient se rappeler que, pour négocier la sixième session de l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, le Kennedy Round, avec notamment les USA, [**Charles de Gaulle*] et [**Konrad Adenauer*] ont laissé le commissaire européen au Commerce [**Jean Rey*] exercer ses compétences exclusives : en ratifiant le Traité de Rome de 1957, instituant la Communauté économique européenne, ses États membres avaient cédé à la Commission européenne leur souveraineté en matière de commerce extérieur. Ce fut un succès, obtenu à six, et de Gaulle a reconnu qu’il était hors de portée de la France seule.
L’Europe d’alors était embryonnaire, et le monde était cloisonné en deux grands blocs et quelques non-alignés. Nous sommes confrontés à la globalisation, à des puissances émergentes, mais aussi inquiétantes, à l’autoritarisme américain, russe, chinois, aux désordres économiques et climatiques. Sur la scène internationale, les États membres de l’UE ne sont guère capables que d’agitation stérile. Seule une Europe fédérale pourrait solutionner adéquatement nos problèmes actuels, si on la dotait d’un mode efficace de gouvernance.
La plupart des auteurs se limitent aux précédents de la Suisse, des USA, de l’Allemagne pour élaborer leurs propositions de structures institutionnelles et de règles fondamentales européennes.
Arrivé au terme de mon périple iranien, il me semble que nous devrions nous inspirer de l’Iran d’il y a 2.500 ans pour conforter l’euro, pour relancer notre politique agricole dans un sens plus favorable à l’environnement, pour instaurer une Europe plus sociale, pour améliorer notre mobilité, notre sécurité et notre défense.
Nos dirigeants ont formulé nos valeurs dans un texte remarquable, qui figure à l’article 2 du Traité sur l’Union européenne, mais, soucieux de conserver un pouvoir à bien des égards dérisoire, ils ont empêché l’émergence d’un leader européen.
Un coup d’œil sur les quartiers européens de Bruxelles, de Luxembourg ou de Strasbourg permet de constater que, faute de leadership et de vision de l’avenir, l’Europe n’a pas, depuis le 9 mai 1950, mieux performé sur le plan de l’architecture que sur celui de la sécurité et de la défense.
Peuple semi-nomade de pasteurs et de cavaliers, les Perses n’avaient pas d’architectes. Pour créer un style perse, composite, Cyrus II a fait appel aux artisans anatoliens, assyro-babyloniens, phéniciens et égyptiens pour édifier sa capitale, Pasargades. Elle exprime à la fois la diversité culturelle de l’empire et la force unificatrice de l’empereur. Elle est le premier modèle du jardin persan.
Son modèle de gouvernance, formulé bien longtemps avant qu’[**Althusius*] ne formule le principe de subsidiarité, a permis pendant près de deux siècles le maintien des traditions, du cadre juridique, des structures et des coutumes des royaumes conquis par les Perses, qui associent les élites locales à l’exercice du pouvoir et leur conservent une relative autonomie.
Ces quelques constatations faites lors d’un trop court séjour me font envier pour l’Europe un mode de gouvernance plus « achéménide », plus apte à répondre aux besoins et aux attentes de nos concitoyens. Cela m’incite à me remettre au travail : il ne reste qu’un an à la Société européenne de défense AISBL (S€D) pour convaincre les partis démocratiques européens encore hésitants qu’ils doivent, à l’occasion des élections européennes de 2019, s’engager en faveur d’une Europe fédérale. Sans elle, il n’est pas question d’une sécurité et d’une défense européennes, gages de frontières plus sûres, d’un poids accru sur la scène internationale, d’une monnaie et d’une économie plus fortes. Citoyens européens, n’hésitez plus : rejoignez la S€D, soutenez-la.
Président de la Société européenne de défense AISBL (S€D)
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WUKALI 11/05/2018)]
Illustration de l’entête:
Donald Trump se retire le 8 mai de l’accord signé avec l’Iran. Photo Skynews
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WUKALI 16/05/2018)]