When Louis XV almost died in Metz
En 1744, dans la ville de [**Metz*], l’histoire de France et celle de l’Europe a failli prendre un tournant totalement différent de celle que nous avons appris à l’école. C’est ce moment qu’analyse[** Pierre Brasme*] dans son dernier livre Le roy se meurt Louis XV à Metz (août-septembre 1744).
La maladie de[** Louis XV*] a été suivie par toute l’Europe, tant les conséquences de la mort souhaitée ou redoutée du monarque régnant en France étaient importantes au niveau de la géopolitique de l’époque.
L’histoire est connue, du moins à Metz ou par les amateurs du XVIIIème siècle. Le roi Louis XV qui vient d’avoir, 34 ans face à l’avancée des Autrichiens en guerre contre qui la France, se rend en Flandres puis doit aller en Alsace. Sur son trajet, il est prévu qu’il passe à Metz où il doit rester quelques jours pour inspecter les fortifications que vient de rénover le [**Maréchal Belle-Ile*].
Le[** 4 août 1744 *] les messins lui font un accueil que ses ancêtres Henri IV ou Louis XIV n’ont jamais eu. Feux d’artifice, fontaines de vin, arcs de triomphe, c’est une liesse générale, rien que la présence du roi rassure les lorrains qui ont peur de voir le théâtre de la guerre se déplacer vers Metz.
Mais le 8 août, le roi a mal à la tête et reste alité. Son état empire et même ses médecins s’attendent au pire. L’extrême onction lui est donnée le 15 août. Les messins mais aussi toute la France prie pour sa guérison qui intervient au bout de quinze jour de crainte. Le roi passe sa convalescence à Metz, puis mi septembre, il repart vers Strasbourg.
Rien de bien extraordinaire, ce n’était pas la première fois qu’un roi était alité et que le corps médical avait craint pour sa vie. Mais, en août 1744, la France est en guerre, le Dauphin même s’il est majeur n’a que 15 ans. La mort de Louis XV risquait d’entrainer une crise qui aurait touché tout l’équilibre européen.
Le symbole des craintes autour de la mort royale est à trouver le 25 août. En effet, ce jour là, dans l’église Notre-Dame, l’[**abbé Josset*], chanoine de la cathédrale, après son sermon s’adresse à la reine et au dauphin et pour la première fois donne le titre de «bien aimé » à [**Louis XV*], surnom qui sera repris dans tout le royaume et qui lui restera accolé même de nos jours.
Pierre Brasme raconte presque jour par jour, de l’arrivée du roi au début de sa convalescence, ce qui se passa à Metz. Il met en exergue la « tragi-comédie » religieuse autour de sa personne.
A cette époque, Louis XV avait pour maîtresse la[** duchesse de Châteauroux*] qui l’accompagnait même à l’armée ce qui n’allait pas sans choquer la population. A Metz, le roi logeait chez le gouverneur et il avait été érigé un passage couvert en bois entre ce bâtiment et l’abbaye Saint Arnould, officiellement pour aller prier en toute sécurité, mais personne n’était dupe, car sa maîtresse avait ses appartements dans cette abbaye. Mais en plus la Cour était partagée en deux camps qui se déchiraient : le camp de la favorite et le camp des « bigots » autour de la reine et du dauphin. Les bigots, autour des jésuites et du [**duc de Fritz-James*], évêque de Soisson, grand aumônier du roi, avaient eu de beaux jours sous[** Louis XIV*] avec l’influence que [**Madame de Maintenon*] avait sur son royal époux. Mais avaient été écartés sous la régence de [**Philippe d’Orléans*] et au début du règne de Louis XV.
Ils firent tant pression sur lui que, par crainte de la mort et de la damnation, il du renvoyer publiquement la duchesse de Châteauroux, faire venir la reine pour qu’elle lui pardonne son inconduite, et la passerelle fut immédiatement détruite.
Mais dès qu’il fut rétabli, Louis XV renvoya ceux qui l’avaient obligé à cette constriction (et plus tard il expulsa les jésuites du royaume), et fit revenir la duchesse à Versailles, mais cette dernière mourut avant de pouvoir recouvrer ses appartements.
Pierre Brasme, avec humour, nous décrit aussi les actes médicaux que subit le roi, tout en prenant bien le soin de préciser que son médecin et son chirurgien étaient, pour leur époque, des sommités médicales très sincèrement convaincus du bien fondé de leurs prescriptions. Soit, tous deux avaient travaillé avec [**Pierre Chirac*], médecin de Louis XIV qui fut surnommé le pourvoyeur de Saint Denis, tant de membres de la famille royale moururent de ses soins. Il parait absurde avec nos connaissances de saigner et de purger continuellement un corps affaibli. De fait, c’est un médecin messin (médecin militaire et non juif comme le dit une tenace légende messine) qui réussi à faire avaler une potion fortifiante au roi ce qui du contribuer grandement à la guérison royale.
Pierre Brasme a eut l’idée de découper ces quelques semaines en une pièce de théâtre, plus une comédie qu’une tragédie en structurant son livre en actes et en scènes. Et cette présentation rend la lecture plaisante, facile, vivante. Pourquoi faire de l’histoire de façon ennuyeuse, alors que tout en restant d’une grande rigueur « scientifique », il est possible de la rendre accessible à tous ?
En 1744 l’histoire de France et de l’Europe s’est faite à Metz. Peu de messins le savent et pourtant ils devraient en tirer une certaine fierté. La France n’a pas toujours sacrifié les mosellans, elle les a réuni au roi dans les actions de grâce après sa guérison.
Parole de gascon !
[**Le Roy se meurt
Pierre Brasme*]
Editions des Paraiges.15€
Illustration de l’entête. Portrait de Louis XV. [**Maurice Quentin de la Tour*] (1710-1788) Pastel sur papier gris-bleu collé en plein sur toile tendue sur châssis (60x54cm) Louvre. Sully II, Fonds des dessins et miniatures
– Première mise en ligne de cette article 10/03/2013
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WUKALI Article mis en ligne le 08/11/2018)]
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