The enigmatic story behind a statue by Brancusi which ornaments a tomb in a cemetery in Paris


Le baiser de[** Brancusi*], ou plus exactement la série que le génial sculpteur roumain a fait autour de ce thème. Une de ces œuvres qui ont ouvert de nouvelles voies, de nouveaux univers au monde de l’art. [**Le baiser*] de Brancusi est le thème, le héros, le fil conducteur du troisième roman de [**Sophie Brocas*].

Mais pas n’importe quelle sculpture de la série, non, une bien précise, représentant un couple debout en train de s’unir et qui se trouve sur une tombe dans le cimetière de Montparnasse. À côté d’autres œuvres plus « classiques » se trouve, enchâssée dans une tombe cette sculpture que l’on imagine plus exposée dans un musée d’art moderne qu’au milieu d’autres tombes. Paradoxe de ce baiser signe de vie, de désirs au milieu de la tristesse et de la mort.

Mais peu importe la symbolique que l’on peut mettre et dans cette œuvre et dans sa présence en ce lieu qu’il illumine, transfigure.

Olécio partenaire de Wukali

Mais qui était la jeune femme enterrée en ce lieu et dont la tombe est le socle de cette sculpture ? Qui était-elle ? Qu’elle fut sa (courte) vie ? Ce qui reste est un médaillon sur sa tombe (qui existe toujours). Qui se préoccuperait de cette tombe ? Qui se poserait ces questions si Brancusi n’y avait pas érigé son œuvre ?

[**Sophie Brocas*] a trouvé (dans son imagination), le journal secret de cette énigmatique femme. Il s’agit de Tatania, princesse russe, partie à Paris en 1910 chez sa terrible tante car elle avait été repérée par la police secrète tsariste. Elle suit des études de médecine, fréquente (dans le dos de sa tante) des socialistes et même des anarchistes. Elle est révoltée par les injustices, les inégalités surtout celles que subissent les femmes. Elle veut travailler, ne dépendre de personne, elle veut être libre. Elle aide dans ses recherches contre les virus un médecin roumain qui lui présente Brancusi. Elle devient sa muse et en tombe amoureuse. Devenue son amante, elle se sent devenue femme, libre pouvant surmonter les préjugés de son milieu social. Mais la fête a une fin amère, elle se trouve à devoir payer le prix de la liberté : enceinte, Brancusi ne veut pas entendre parler d’un enfant, elle comprend qu’il ne la perçoit que comme une muse et non une femme, il l’a placée dans un univers qui ne peut supporter les contingences de la réalité dans laquelle elle se débat. Désespérée, elle se suicide. La version officielle est qu’elle s’est bien suicidée par amour, mais pour son médecin roumain.

Aujourd’hui, Vénus Ravani, alias Camille, est avocate dans un cabinet international. C’est une « juriste sans état d’âme, experte dans l’art de réaliser des plus-values, tricoteuse de compétition », célibataire, n’aimant pas son corps, soumise a une routine protectrice depuis treize ans. Mais son voisin, directeur des cimetières de Paris, lui parle du Baiser de Brancusi qu’une galerie d’art veut récupérer pour un ayant droit. Sans le vouloir, elle va se concentrer sur cette affaire, va vouloir savoir ce qui pousse une jeune fille de 23 ans à se donner la mort, savoir pourquoi Brancusi a souhaité ériger cette œuvre sur sa sépulture. Elle va se battre pour que la mémoire de Tatania ne disparaisse pas avec la statue et en même temps elle va se transformer et en tant que femme, et au niveau de vie à qui elle veut donner un sens. Elle va voyager, élargir son cadre professionnel et découvrir un univers qu’elle ne connaissait pas, elle la matérialiste : l’art !

Car Le Baiser est aussi une réflexion sur l’art, la création, la beauté, la valeur (marchande ou gratuité?) que peut avoir une œuvre, la symbolique qu’elle peut contenir, le lien qu’elle peut tisser avec le passé, voire avec l’intemporalité.

Un livre qu’il faut absolument lire.

[** Émile Cougut*]|right>


[**Le Baiser
Sophie Brocas*]
éditions Julliard. 20€


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WUKALI Article mis en ligne le 07/02/2019)]

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