Archeology and nuclear sciences striding along


Des archéologues écossais viennent d’annoncer la découverte d’une harpe parmi les résultats d’une fouille effectuée dans une grotte de l‘île de Skye.

Il semblerait qu’il s’agisse de la partie têtière de la harpe. Sa datation est estimée à 2.300 ans.

Pour les musicologues, la révélation de cet instrument est du plus grand intérêt, en effet cela conforte bien au delà de la connaissance archéologique ce que l’on sait sur la poésie et le goût pour la chanson de la culture des Celtes de l’ouest. La harpe en l’occurrence étant l’instrument de prédilection pour accompagner les bardes et autres aèdes.

Olécio partenaire de Wukali

Alors que les plus anciennes harpes qui ont été retrouvées datent de 5.000 ans et proviennent de la civilisation d’Uruk (aujourd’hui en Irak), rarissimes sont les instruments de ce type retrouvés en Europe. Cela s’explique notamment par les conditions climatiques, le corps des harpes étant fait de bois qui hélas pourrit et disparait du fait de l’humidité ou des insectes. Pour que du bois puisse à travers le temps, siècles ou millénaires, être maintenu en état il importe que les conditions de terrain soient particulièrement spécifiques, notamment eu égard à l’hygrométrie (température sèche) ou que le biotope bénéficie de conditions biologiques tout à fait particulière (eau de la mer Baltique qui permit après plus de trois siècles d’immersion de sauver le Wasa à Stockholm).

Il faut en effet savoir qu’un bois gorgé d’eau, s’il a séjourné pendant très longtemps dans un milieu aqueux, s’il est sorti à l’air sans précaution risque de tomber en poussière et de disparaître à jamais en l’espace de quelques jours. C’est pourquoi il convient de prendre des mesures de conservation drastiques.

Les remarquables avancées de la technologie du nucléaire notamment mises en place en France par le CEA ( Commissariat à l’Énergie Atomique) permettent dans le domaine de l’archéologie de conservation de traiter notamment les bois gorgées d’ eau en combinant simultanément une immersion dans un bain de polymères et des radiations ionisantes ou gamma («Nucleart» développé à Grenoble). Ainsi le polymère pénètre la substance ligneuse et est ensuite solidifié et durcit in situ par une exposition à des rayonnements. Le bois est ainsi sauvé pour l’éternité. Ces mêmes rayonnements ionisants de faible intensité radioactive et dont la demi-vie est de quelques heures, et le rayonnement gamma ont voilà, il y a maintenant plus de 35 ans, permis de sauver du néant la dépouille momifiée du pharaon Ramsés II exposée au Musée du Caire.

Il est intéressant de rappeler cet événement.

Les conservateurs du musée du Caire avaient observé vers la fin des années 70 l’infestation de la momie de Ramses II par des insectes, des champignons et des moisissures. Comment y remédier, il s’agissait d’une question délicate qui dépasse en effet les seules considérations muséologiques. Comment mettre fin à ce marasme sans altérer la dépouille humaine, sans toucher au corps ni le réifier tel un document ou une archive antique. Problème d’autant plus malaisé à solutionner que cela se passe dans un pays musulman où tout ce qui touche à la période pré-islamique suscite des positions contradictoires et que le coprs d’un défunt doit rester intact. [**Giscard d’Estaing*] alors Président de la République offrit à [**Anwar el Sadat *], Président de l’Égypte qui avait succédé deux ans plus tôt à[** Nasser,*] de traiter la momie sans nullement altérer son intégrité corporelle. L’excellence scientifique française permettant de résoudre toutes les difficultés.

La dépouille de l’antique pharaon arriva par avion à l’Aéroport du Bourget le 26 septembre 1976 où l’attendait pour une cérémonie officielle et protocolaire, le Président français, la ministre des universités, l’ambassadeur d’Égypte, et moultes autres personnalités ébahies par le spectacle ! Au pied de l’avion, sur le tarmac, tapis rouge et escadron de la Garde Républicaine en grand uniforme d’apparat, au garde à vous, sabres au clair pour les Honneurs, le chef de l’état français accueillait avec toute la pompe de la République, le Pharaon de la dix-neuvième dynastie mort au 12è avant J-C.

Un simple coffrage de bois contenant la momie avec pour seul décor «Haut» et «Bas», fut lentement descendu du Transall de l’Armée de l’air affrêté pour l’occasion. Dans son emballage de bois, entouré par les cavaliers de la Garde, le casque rutilant et la crinière au vent, [**Ramsès*] arrivait sur la terre de France !

Madame [**Desroches-Noblecourt*], conservateur en chef au musée du Louvre et dont j’ai eu l’honneur d’être l’élève, initiatrice du sauvetage des temples nubiens d’Abu Simbel sous l’égide de l’Unesco, menacés de submersion du fait de la construction du barrage d'[**Assouan*], fut aussi à l’origine de la préservation de la momie de Ramsès. C’est elle qui mis en contact les gouvernements égyptiens et français et y apporta sa bouillante énergie.

À Paris, dans le locaux du Musée de l’homme, un laboratoire avait été spécialement aménagé et climatisé pour recevoir son illustre et exclusif client.

Les techniques d’imagerie médicale les plus sophistiquées de l’époque (xérographie, chromo-densitographie, endoscopie) furent utilisées pour déterminer l’état de santé de la momie.

Le Carbone 14 permit de situer à près de 80 ans l’âge de la mort de [**Ramsès II*] ( plus ou moins cinq ans)

Le Centre nucléaire de Saclay dans l’Essonne, accueillit le 8 mai 1977 dans la pile Poséidon pour une exposition aux rayons Gamma d’une durée de 12 heures, la momie du pharaon afin qu’elle fut entièrement débarrassée de tous ses parasites et insectes, acariens, mites et autres coléoptères, ainsi que les moisissures se développant à l’intérieur du corps momifié sans qu’il ne soit procédé à aucune intervention qui eût dégradé, violé et désacralisé la dépouille mortelle.

Maintes autres recherches eurent lieu, analyse des bois (bandelettes et produits de momification), des pollens extraits dans la cavité abdominale, recherche sur les graines ( lin, coloquinte connue alors pour ses vertus purgatives, vermifuges et abortives) on découvrit aussi des grains de poivre qui ne poussait pas en Égypte et qui donc était déjà un produit d’importation. Les bandelettes enveloppant le corps furent aussi analysées. L’observation et les recherches faites sur le cheveux du pharaon apportèrent des éléments d’information intéressants. Certes le monarque avait toute sa vie durant utilisé le Héné, comme il est toujours aujourd’hui de coutume outre-méditerranée, mais il est à peu près certain que ses cheveux étaient ondulés, blonds ou roux clair. Cette caractéristique surprenante a certainement contribué à son exaltation par son peuple de son vivant. Il est aussi certain qu’il était de race blanche (leucoderme).

L’examen du squelette et tout particulièrement l’observation de la mâchoire et des dents permit avec une quasi certitude de déterminer l’âge précis de sa mort (80ans). Le très mauvais état de sa dentition porte à croire qu’il dut souffrir terriblement dans les dernières années de sa vie

Au total, ce sont près de 150 spécialistes français dans de nombreuses disciplines placés sous la direction du [**Professeur Balout*], , qui eurent à étudier et traiter la momie royale du souverain d’Égypte.

La haute qualification de la recherche française dans le domaine nucléaire permit de sauver à jamais la momie de la destruction programmée. L’utilisation d’un procédé radiologique non invasif fut un choix de traitement particulièrement intelligent. Trente cinq ans après les procédés d’imagerie se sont encore sophistiqués et permettent de voir et circuler parfaitement à travers le corps humain. Dans le domaine du nucléaire les processus diagnostic à travers la radio-immunoscintigraphie permettent aujourd’hui de détecter les moindres points chauds, c’est à dire les zones cancéreuses et donc bien avant une alerte de mettre immédiatement en places des stratégies de thérapie pour éviter le développement des métastases. A court terme il sera directement possible par des systèmes de rayonnement ( donc radio-actif et de thérapie) de détruire les cellules cancéreuses, de soigner, de guérir et retrouver la santé.

S’il en était besoin voila qui démontre l’importance extraordinaire de cette énergie, qui n’effraie que ceux qui ne savent pas, parce qu’ils ne voient pas, ou qui sciemment utilise le bon vieux réflexe de la peur ( «je ne vois pas, je ne comprends pas, donc je tombe dans l’irrationnel mystique») volontairement car ils ont la soif du pouvoir …

Le 10 mai 1977, Ramsès II après un «check-up» efficace regagna le Musée du Caire où il repose et peut être admiré.

L’art mène à tout n’est-ce-pas … !

[**Pierre-Alain Lévy*]


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WUKALI mise en ligne 27/07/2019

(première mise en ligne et publication 03/12/2012) )]

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