A contemporary artist
[**Franco Adami*], né en 1933 à Pise, est l’un des sculpteurs contemporains les plus connus. C’est l’un des rares plasticiens utilisant des matériaux traditionnels dits nobles : marbres noirs de Belgique, marbres blancs de Carrare, onyx, porphyre, bronze. De ce fait, ses œuvres semblent devoir défier l’usure du temps.
Rappelons que le coût du matériau lui-même est relativement élevé, et que le prix de revient du travail de ces matières l’est tout autant, car il implique l’existence d’un atelier dont l’artiste est le patron. Celui d’Adami est situé à Pietrasanta, près de Carrare, depuis 1971.
Son tempérament, énergique et ardent de méditerranéen, est visible dans ses créations, qui s’échelonnent de la statuaire de chevalet à la composition monumentale, sans rien qui rappelle l’éphémère, au contraire : ce sont toutes des instants d’une éternité construite. Une des caractéristiques qui différencie le travail d'[**Adami*] de celui des autres plasticiens actuels, c’est l’importance qu’il accorde aux dessins préparatoires. Il réalise ainsi de nombreuses esquisses aux contours marqués, avant de s’attaquer à structurer la terre crue, cédant aux sollicitations diverses de son imagination et des sensations ressenties par sa rétine. Ensuite, il rejoint la tradition multi-millénaire de l’art tridimensionnel : pousser les détails désirés sur le plâtre-modèle avant de passer au marbre ou à un autre matériau.
Rien de gratuit chez lui. C’est un bâtisseur, un constructeur qui possède parfaitement son métier qu’il dépasse par son talent expressif unique : respect du matériau, du sens des valeurs créatives traditionnelles de la sculpture et de son public.
Adami ne triche pas : son utilisation rigoriste de matériaux difficiles à travailler est là pour le prouver, comme chacun sait qu’il dirige un atelier de sculpteurs professionnels, comme le faisait [**Rodin*] : il contrôle toutes les étapes de la réalisation de l’œuvre et arrête le travail lorsqu’il estime avoir obtenu l’effet voulu.
Un hiératisme pharaonique anime d’autres de ses sculptures, tel son juge raide, fixe, dressé, impitoyable dans son dépouillement ornemental. N’a-t-il pas nommé un ensemble statuaire de deux sculptures identiques « l’Horus » ? Révélation éclairante pour celui qui cherche à saisir l’essence de sa pensée et de son œuvre. Là, le hiératisme devient le maître du jeu, en niant toute expressivité décorative à la création. Il ne reste donc qu’une épure dont la force naturelle sidère l’œil puis le mental du spectateur.
Observons maintenant une dernière création d’Adami : cette incroyable sculpture baptisée « la libération » : une sorte de grosse tête, à la figure énorme, au regard hésitant issu de monstrueux globes oculaires, paraissant née de la germination d’un coquillage antédiluvien, accroît surface, volume et puissance sans que rien ne puisse l’arrêter. Cet être indéfinissable se libère d’une gangue-mère, incarnant le miracle de la vie, si ce n’est celui de l’esprit.
Aujourd’hui, l’artiste n’a rien à prouver à personne. Son travail est universellement reconnu. Il pourrait souffler et vivre ses loisirs. Si ce n’est qu’il est un véritable créateur ; il continuera tant qu’il le pourra car il se le doit à lui-même, juge suprême de sa création.
Illustration de l’entête: La Libération par Franco Adami. Parc de Seille. Metz. © photo Marc de Metz.
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WUKALI Article mis en ligne le 27/07/2019)]
Première publication et mise en ligne 18/09/2018