Fantastic research in neuroscience
Par Pierre-Alain Lévy /. Je ne doute pas un seul instant, et malgré les rodomontades obscures et les névroses médiatiques ambiantes, de ce que diront les enfants de la génération 2050 : «Ah que nous aurions aimé vivre en 2019 !»
Fabrice* arpentait le champ de bataille de Waterloo en ignorant quel moment historique il était entrain de vivre. À l’inverse et loin d’une bataille (victoire ou défaite selon le camp où l’on se trouve) voyons les yeux grands ouverts les moments structurants du temps présent et pour ce qui sera de cet article la fantastique aventure de la science et ses avancées qui donnent un coup de vieux aux spéculations sur l’avenir de l’homme. L’homme omniscient, celui là-même qui voulut construire Babel, n’est plus une hypothèse millénariste.
Une expérience réalisée par des chercheurs travaillant au **Southwestern O’Donnell Brain Institute*] de l’[**Université du Texas*] sur le cerveau des oiseaux apportent des informations phénoménales. Ainsi le professeur [**Todd Roberts*] et ses collègues ont-ils implanté de fausses mémoires d’apprentissage de chants dans le cerveau de mandarins, (Taeniopygia guttata) ces adorables petits oiseaux au bec rouge et aux joues colorées d’une tache orange pour les mâles ! C’est ce que révèle un article paru dans [Livescience .
L’institut du cerveau O’Donnell, ce n’est pas rien, pas moins de six Prix Nobel depuis 1985, c’est vous dire leur expertise, et qu’on n’aille point parler de docteurs Folamour ou de savants déconnectés du réel, car le champ de leurs recherches, bénéficie pour tous ceux qui dans le monde ont à souffrir de désordres cérébro-vasculaires, neurologiques, psychiatriques ou oncologiques et dans ces domaines de la maladie d’Alzheimer par exemple !
Le mandarin ( ou pinson zébré) est un petit oiseau originaire d’Amérique centrale, les oisillons apprennent le chant en imitant et reproduisant celui de leurs parents. Jusque là pas de problème, les petits humains en font autant pour le langage. La reproduction, la réplication, sont les bases de l’apprentissage. En implantant des mémoires de chant dans le cerveau des mandarins, ces derniers peuvent désormais chanter un air sans l’avoir jamais appris auparavant. Imaginez qu’un matin vous vous leviez et chantiez sans ne l’avoir jamais appris l’Air du froid de [**Purcell*] ou Casta Diva de[** Bellini*], c’est du même ordre ! Et envisagez que vous deveniez aussi et de même manière polyglotte ! Avoir des puces sera peut-il alors considéré avec fierté et gratitude…!
Cette étrange expérience visait à découvrir les voies cérébrales qui codent la durée des notes chez les oiseaux. En fin de compte, le but est de faire des parallèles avec la façon dont les humains apprennent à parler. «Cette recherche permettra aux scientifiques de cibler les gènes et les neurones pour permettre une meilleure acquisition du langage pour des patients qui auraient à souffrir de l’autisme, et d’autres conditions de vocalisation».
On imagine les fantastiques avancées dans le de domaine du traitement de ces désordres neurologiques ou autres impactés par ces recherches
Sur ces travaux le docteur Roberts Todd a déclaré: «C’est la première fois que nous avons des régions cérébrales confirmées qui codent des mémoires d’objectifs comportementaux – ces mémoires qui nous guident lorsque nous voulons imiter quoi que ce soit, de la parole à l’apprentissage du piano. Les résultats nous ont permis d’implanter ces souvenirs dans les oiseaux et de guider l’apprentissage de leur chanson.»
Le docteur Roberts et ses collègues ont eu recours à l’optogénie pour modifier les neurones du pinson sans jamais les exposer au chant. Cette technique implique l’utilisation de la lumière pour contrôler le comportement des protéines photosensibles dans les neurones, ou cellules cérébrales, permettant essentiellement aux chercheurs de contrôler le déclenchement d’un neurone. À l’aide de cet outil, les chercheurs ont pu modifier l’activité cérébrale dans une zone sensorimotrice appelée Nif, qui envoie des informations à une région cérébrale spécialisée d’oiseaux chanteurs appelée HVC. Cette zone est impliquée dans l’apprentissage et la reproduction de chants d’oiseaux.
En fractionnant la lumière de manière rythmée, les chercheurs ont pu encoder des « mémoires » dans le cerveau des pinsons, de sorte que les notes des oiseaux correspondent à la durée des impulsions lumineuses. C’était comme si une figure paternelle préparait ces instructions pour que l’oiseau puisse mémoriser, mais aucun père pinson n’était présent.
[**Comprendre l’apprentissage des langues*]
Notez que la durée ne suffit pas à enseigner à un pinson une chanson complète, ont déclaré les chercheurs; les oiseaux doivent également apprendre d’autres aspects de la mélodie, tels que la hauteur du son.
Avec plus de morceaux trouvés, a-t-il ajouté, il serait peut-être possible d’apprendre aux oiseaux à chanter une mélodie complète sans aucun professeur. « Mais, » dit-il, « nous sommes loin de faire cela. »
Cette recherche de base sur les oiseaux est conçue pour démêler les circuits du cerveau qui permettent l’apprentissage des langues. Le lien entre les régions HVC et Nif chez les oiseaux est crucial pour le chant. Si la communication entre ces deux régions était interrompue après que l’oiseau eut appris la mélodie, l’animal pourrait toujours chanter la chanson. Mais si HVC et Nif étaient coupés l’un de l’autre avant que l’oiseau ait eu la chance de créer des souvenirs de la chanson, le pinson ne pourrait jamais apprendre, peu importe le nombre de fois où il a entendu la chanson par la suite.
Ces travaux fournissent des indications convaincantes sur les endroits où regarder dans le cerveau humain pour mieux comprendre l’autisme et d’autres conditions affectant le langage.
« Le cerveau humain et les voies associées à la parole et au langage sont immensément plus compliqués que les circuits de l’oiseau chanteur« , a déclaré Roberts. « Mais notre recherche fournit de puissants indices sur les domaines dans lesquels rechercher des informations supplémentaires sur les troubles du développement neurologique. »
On dit, on répète, on ânonne, et on écrit beaucoup (et souvent beaucoup de bêtises), sur l’intelligence artificielle. Voici en l’occurence et au travers de cette expérience de quoi clouer le bec aux éternelles obscurantistes et pisse-froid de tous acabits !
Avoir «une mémoire d’oiseau», être «tête de linotte», périmé tout cela, prenez de la graine !
Fabrice del Dongo*/ La Chartreuse de Parme/ Stendhal
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Contact : redaction@wukali.com
WUKALI Article mis en ligne le 05/12/2019
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