Nancy, the craddle of Art Nouveau


Après d’importants travaux de rénovation extérieure, dévoilés au public pour les Journées du Patrimoine 2017, la [**Villa Majorelle*] voit s’achever en février 2020 la réhabilitation d’une partie de ses espaces intérieurs.

La restitution minutieuse des décors d’origine connus et de l’ameublement des pièces de réception et chambre à coucher invite aujourd’hui les visiteurs à un voyage dans le temps et dans l’intimité familiale de l’artiste. Enrichie d’espaces d’accueil et d’outils de médiation dédiés à tous les publics, la Villa Majorelle s’impose comme un nouveau lieu incontournable dans la découverte de l’Art nouveau nancéien, rempli d’émotion et de surprises.

– [**Un commanditaire pas comme les autres : Louis Majorelle*]

Olécio partenaire de Wukali

[**Louis Majorelle*], naît à Toul le 3 octobre 1859. Son père, [**Auguste Majorelle*] (1825–1879), connaît un certain succès dans le domaine de la décoration de mobilier dans le style japonais (vernis Martin) et la copie de style. Alors qu’il envisage une carrière de peintre et étudie à l’École des Beaux-Arts de Paris, Louis doit revenir à Nancy à la mort de son père pour épauler sa mère dans la direction de l’entreprise familiale. Celle-ci emploie déjà plus de vingt ouvriers et profite de conditions économiques favorables, au lendemain de l’annexion de l’Alsace Moselle.

Sous l’impulsion de[** Louis*], la manufacture se lance dans une production de mobilier moderne, influencé par la nature et les recherches d’[**Émile Gallé*], dont le succès est immédiat. Dans le même temps, il poursuit une production industrielle de copies de style. Avec l’aide de son frère, [**Jules Majorelle*], l’entreprise amorce la conquête des marchés parisiens et internationaux. Dès 1904, elle dispose d’un magasin de vente à Paris rue de Provence (l’ancien magasin de Samuel Bing), tandis que des succursales sont implantées à Londres, Berlin, Lyon, Lille ou même Oran. Des catalogues de vente présentent une production variée et attestent de la pérennité de certains modèles au fil des décennies. Les commandes de maisons de haute couture, cafés parisiens, riches industriels, grands magasins ou ambassades assurent à l’entreprise un succès et une reconnaissance durable.

– [**Une maison construite par un artiste, pour un artiste*]

En [**1898*], Louis Majorelle confie à l’architecte[** Henri Sauvage*] (1873–1932), rencontré chez leur ami commun le sculpteur [**Alexandre Charpentier*], l’élaboration des plans de sa maison personnelle à[** Nancy*]. Âgé d’à peine 26 ans, Henri Sauvage n’a pas encore mené de projet similaire et ne peut justifier que d’une expérience de quelques mois auprès de l’architecte bruxellois [**Paul Saintenoy*]. Majorelle le préfère néanmoins à l’architecte nancéien [**Lucien Weissenburger*] qui vient de construire ses ateliers et à qui sera confié le suivi du chantier. Ce choix tient sans doute d’une part à l’audace créative de l’architecte parisien et d’autre part au réseau d’artistes qui seront appelés à collaborer au projet. C’est aussi pour Majorelle, l’occasion de révéler à Nancy des pistes conceptuelles inédites.

La [**Villa Majorelle*] – ou[** Villa Jika*], d’après les initiales de l’épouse de Louis Majorelle, [**Jane Kretz*] – est construite en [**1901-1902*] et occupe une place toute particulière dans l’histoire de l’architecture nancéienne. Première maison entièrement [**Art nouveau*] de Nancy, elle est conçue comme un ensemble dont chaque élément qui compose sa structure et son décor est imaginé en étroite interdépendance avec le reste de l’édifice. La fluidité des formes et des motifs décoratifs et le jeu continu de l’articulation entre extérieur et intérieur font de la Villa Majorelle un exemple d’application de la notion d’unité de l’art prônée par de nombreux artistes de l’époque.

– [**Proscrire la symétrie académique*]

La maison voulue par Louis Majorelle devait refléter l’esprit qui régnait dans son travail : modernité, dynamisme et simplicité non ostentatoire. De dimensions raisonnables, elle est d’abord pensée pour ses habitants et leur confort quotidien. [**Sauvage*] pense espace à vivre avant élévation, distribution intérieure avant canons académiques, pour un résultat qualifié par[** Franz Jourdain*] de « fantaisie savoureuse et spirituelle » dans le long article qu’il consacre à l’édifice dans Art et Décoration en 1902. « Le regard suit la montée de l’escalier, pénètre dans l’atelier par sa vaste verrière, devine l’intimité des chambres à coucher, s’arrête aux petites baies des cabinets de toilette, s’attarde aux dimensions étoffées d’une hospitalière salle à manger, inspecte à l’aise le vestibule […] sans prétention. […] De hautes souches afin d’activer le tirage des cheminées […], de robustes tuyaux de descente […] des auvents protecteurs, des balcons saillants, des consoles en bois rompant la rigidité de la pierre, […] ; des grès émaillés aux fulgurances fastueuses […] ; des menuiseries harmonieusement teintées ; des fers forgés sobrement étudiés […] ; tout a sa place, tout avec sa raison d’être, rien à ajouter et rien à retrancher ».

L’ensemble de l’élévation joue des oppositions répétées : la nudité austère de la pierre d’Euville face à la polychromie des briques, grès, menuiseries et ferronneries ; la verticalité affirmée de la tour de l’escalier face à l’arc elliptique de la terrasse ; l’inspiration médiévale de l’arc-boutant (disparu) face à la menuiserie japonisante d’un balcon…
À l’intérieur, les espaces dévolus au service, à la réception et au quotidien se répartissent ave fluidité et rationalité. Le décor, souligné par l’omniprésence du bois, sert de fil conducteur à la distribution intérieure et de lien avec l’extérieur.

– [**Des talents multiples au service du décor*]

Sauvage se charge de la décoration fixe, dont la quincaillerie et fait appel à d’autres artistes pour les interventions spécifiques. Ses amis parisiens, le céramiste [**Alexandre Bigot*] et le peintre [**Francis Jourdain*] réalisent respectivement les grès flammés extérieurs et intérieurs et les peintures décoratives de la salle à manger. Louis Majorelle conçoit sans surprise le mobilier, dont une partie existe déjà dans ses catalogues de vente. Il revient au maître-verrier nancéien [**Jacques Gruber*] le soin de concevoir les vitraux des pièces principales (cage d’escalier, salle à manger et salon, chambre des Majorelle). Le gros oeuvre, une structure en béton, est réalisé par l’entreprise [**France-Lanord et Bichaton.*]

L’ensemble fini montre parfois des maladresses, comme l’exposition nord de la terrasse, des réemplois et choix d’économie, mais surtout la Villa Majorelle s’impose comme une oeuvre expérimentale unique. « J’y travaillai deux ans, remaniant cent fois mon ouvrage… Que ce premier client, que ce bel artiste reçoive ici (…) l’expression de ma plus vive gratitude pour la liberté inespérée qu’il me laissa – ne m’imposant, malgré mon jeune âge, ni les limites d’un crédit, ni ses idées personnelles. » dira plus tard Henri Sauvage.

– [**De la villa Jika à la Villa Majorelle*]

Après la mort de Louis Majorelle en 1926, son fils unique, le peintre [**Jacques Majorelle*] qui réside au Maroc, décide de se séparer de la maison. Vendue à l’État, la villa accueille différents services administratifs jusqu’en 2017. Si le terrain qui l’entoure est loti, la maison elle-même traverse cette période en subissant assez peu de transformations, la plus visible étant la construction d’un bunker semi-enterré côté sud. Aucun décor existant lors du rachat n’a heureusement disparu. La redécouverte progressive du patrimoine Art nouveau a permis à la Villa Majorelle d’obtenir l’inscription Monument Historique en 1975 puis pour le classement en 1996. La Ville de Nancy en est propriétaire depuis 2003.

Depuis 2007, des visites guidées étaient proposées les week-ends, dont le succès reflétait tout l’intérêt porté par le public à un édifice hors du commun. En effet, la Villa Majorelle occupe une place particulière à Nancy, en tant qu’exemple emblématique de l’architecture Art nouveau, bien sûr, mais aussi, en tant que maison d’artiste, gardant le
souvenir de Louis Majorelle. C’est à ce titre que le ministère de la Culture lui a décerné en 2011 le label national de « Maison des Illustres ». Cet aspect a constitué par ailleurs un facteur central dans les choix qui ont été opérés lors des travaux de restauration qui s’achèvent.

La Ville de Nancy a confié au musée de l’École de Nancy la charge de définir le projet scientifique et culturel de la maison, avec l’idée d’en faire un lieu patrimonial ouvert au public, sans être un second musée de l’École de Nancy.Le musée avait de plus, acquis en 1984 le mobilier de la chambre à coucher provenant de la villa puis en 1996, celui de la salle à manger.

Pour célébrer l’ouverture de la Villa Majorelle, un week-end gratuit est programmé les 15 et 16 février 2020. Visites de la villa, parcours historique entre la villa et le musée de l’École de Nancy, animations… ce week-end sera entièrement dédié aux amoureux de la Villa Majorelle et de l’Art nouveau !



[**Conditions de visite*]

Afin de garantir un confort de visite optimal et des conditions de sécurités suffisantes, la Villa Majorelle est accessible aux visiteurs sur réservation préalable :

– Individuels : réservation des billets en ligne
Sur le site internet du musée de l’École de Nancy (Cliquer )

ou sur tickeasy
villamajorelle-nancy.tickeasy.com

– Groupes : réservation auprès du département des publics de Nancy-Musées
Du lundi au vendredi, de 9h30 à 12h
Par téléphone : 03 83 85 30 01
Par mail : resa-nancymusees@mairie-nancy.fr


[(Le comité scientifique

Composé de spécialistes de l’Art nouveau et de représentants d’instances publiques, le comité réunit :

– M. François Loyer, historien de l’architecture, ancien directeur de recherche au CNRS, professeur honoraire des Universités, ancien directeur du Centre des Hautes Études et Président de la Commission du Vieux Paris, ancien commissaire général de l’Année de l’École de Nancy.

– Mme Françoise Aubry, conservateur honoraire du musée Horta, Bruxelles, chargée entre 1989 et 2009, du projet de restauration et d’aménagement de la Maison.

– Mme Roselyne Bouvier, historienne de l’art, spécialiste de Louis Majorelle.

– Mme Virginie Desrante, conservateur du Patrimoine en charge des Arts Décoratifs, Service des Musées de France, Ministère de la Culture et de la Communication

– Mme Marie Gloc, conservateur des Monuments Historiques, DRAC Grand Est, Ministère de la Culture et de la Communication

– M. Philippe Thiebaut, conservateur en chef honoraire du Patrimoine (Département des Arts décoratifs du musée d’Orsay), spécialiste de l’Art nouveau)]

[**Communiqué Ville de Nancy, Villa Majorelle*]


[(

Contact : redaction@wukali.com

WUKALI Article mis en ligne le 19/12/2019

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