Attention cà siffle, ça cingle et çà saigne !
Rares sont les films chinois que nous ayons présentés sur Wukali, non point qu’ils feraient l’objet d’un quelconque ostracisme, pas le moins du monde, mais c’est qu’ils sont plus difficiles à découvrir, et que leur rayonnement faut-il bien le constater n’attire essentiellement que les publics de la Chine Populaire.
Voici la bande annonce de Kuiyu Chouyuan, bande annonce car nul ne sait si ce film est sorti tant sont nébuleuses les informations qui l’entourent ! Manifestement il n’est pas sorti en salle bien que sa présentation ait été diffusée voilà plus de deux ans. Pourquoi, personne ne sait !
Observons donc ce qui nous est donné avec la traduction qui du pinyin est traduit et sous-titré en anglais fort heureusement pour nous. Le titre en soi est obscur : Kuiyu Chouyuan. Mes amis du détroit de Taiwan près desquels j’ai pris avis pour une éventuelle traduction, m’ont proposé : Le Pays maudit des monstres et des fantômes. Je prends acte.
Il est frais que la littérature chinoise, tout comme celle japonaise d’ailleurs, fourmille d’histoires et de légendes où les revenants et autres monstres hantent et troublent la quiétude des braves gens.
Le plus intéressant de mon point de vue, n’est pas là. L’analyse que je veux porter est davantage d’ordre culturel. A première vue en efffet pour un spectateur non informé sur ce film, il pourrait penser qu’il s’agit d’un quelconque film japonais qui utilise les poncifs des films du genre, héros karatéka seul contre les méchants, les brigands, sur des dojo d’escrimes. Une capacité toute chinoise d’absorption à s’emparer de l’identité de l’autre et de la faire sienne. C’est au demeurant toute l’histoire de la Chine et depuis les époques les plus anciennes, dynastie mongole comprise. On pourrait d’ailleurs épiloguer aujourd’hui sur nombres de sujets d’autre nature.
Ainsi du graphisme en premier lieu, qui ne verrait point là des héros de manga japonaises aux traits du visage acérés, effilés, comme sculptés dans un cristal de roche. L’action aussi, le rythme, la violence tout autant qui affleure, les saccades graphiques accompagnées de percussions agressives aux oreilles. Cela cependant ne suffit point pour faire un film d’animation, tout du moins un bon, sauf à satisfaire les appétits complaisants d’un jeune public ô combien manipulable et recevant une vision très esthétisante et subliminale du pays du Milieu entouré de voisins hostiles !
En fait les techniques d’animation restent médiocres, on a plus à faire là à une bande dessinée animée qu’à une œuvre cinématographique et les auteurs de ce film se sortent de l’ornière en apportant à chaque plan un raffinement cosmétique dans la couleur, une palette chaude, et en interposant de nombreux plans d’action violente, rapide et percussive, voire des effets de lumière, avec des paysages plus sereins ou des couleurs qui séduisent l’iris. Ce film paradoxalement manque d’âme et pourtant la civilisation chinoise est riche et féconde. Peut-être, êtes vous nombreux à considérer que je suis particulièrement sévère dans ma critique de ce film chinois ? Ne vous y trompez point, rien de ce qui est présenté à l’étranger pour représenter la Chine n’est auparavant passé au crible et examiné dans tous ses aspects afin que le bon message soit transmis vers l’extérieur. Serait-ce là la raison des mystères qui entourent cette réalisation, qui sait ?
Mais nous persévérerons et continuerons nos recherches dans ces cinémas d’animation d’ailleurs et d’autres mondes, et comme Picasso, nous ne chercherons point, nous trouverons !