Une gare, le croisement des voyageurs qui vont et viennent, et au milieu de cet univers, les lavatories comme l’on ne dit pas en anglais, un univers froid, carrelé de blanc, un lieu de passage. Dans sa cabine vitrée la «dame pipi » surveille. Elle passe son temps à lire un journal de la presse féminine, fenêtre ouverte sur le monde ! Seul petit plaisir, la tasse de thé bien chaud et le sandwich pour tout repas. C’est à peine si elle aperçoit les flux d’ hommes qui se hâtent (nécessité oblige) de franchir le portillon. Pas d’échanges de regards aimables, chacun vit dans l’indifférence de l’autre ! Pour accepter la réalité du quotidien, elle rêve dissimulée derrière son journal à des gloires sportives et aux sunlights des podiums
Le temps passe indifférent.
Et puis un jour elle découvre dans le pot en verre destiné à la monnaie, des fleurs, un bouquet de fleurs, une fois, deux fois, davantage… Mais qui donc, quel client, quel homme a -t-il eu une si délicate attention… son visage s’éclaire ?
C’est un film « de petits riens», un sujet inattendu mais en rien graveleux… Konstantin Bronzit Константин Эдуардович Бронзит , jeune réalisateur russe a réalisé une sorte d’exploit. L’esthétisme ne dissimule pas le sujet et pour cause il est absent. Le dessin, un trait noir, est frustre et sans fioriture, réduit à sa forme minimale, minimaliste, contingente, fonctionnelle, la raréfaction du trait graphique est même signifiante. L’usage de la couleur (les bouquets de fleurs) fonctionne comme une symbolique narrative et c’est parfaitement réussi. Le titre du film n’est-il pas : Love Story, c’est à dire : Une histoire d’amour; et la faience n’est-elle pas devenue elle aussi objet d’art ?