Cette semaine deux films d’animation au programme de notre chronique et l’un comme l’autre réalisés par le groupe Illogic. D’abord, Maestro, le bronze des anneaux de Dieu. Quel titre, d’ailleurs en tant que tel difficilement compréhensible et tout simplement la traduction de l’italien ♪ de Squilla Il Bronzo Del Dio , air célèbre tiré de la Norma, opéra de Vincenzo Bellini (1801-1835) ! L’intrigue de ce livret d’opéra, un amour contrarié dans la Gaule soumise à Rome, bien avant Assurancetourix. La transposition dans le temps et dans l’histoire des passions humaines, de l’amour, du désir, de la passion, de la jalousie, de la perfidie est une constante de la littérature d’aussi loin qu’elle vienne.
Dans ce film d’animation à l’origine de cet article, Maestro, nul Gaulois, Écossais, Gitane ou Nordique etc, seulement des animaux ! Une musique imagée avec un bestiaire de nos forêts : Merle, écureuil et autres hérissons et crapauds. Sympathique non ? Et pourquoi pas, la musique est bonne, très bonne même avec la voix de Dame Joan Sutherland. La musique en partage n’est-ce point cela d’abord l’essentiel ?
Puisqu’il faut rendre à Caesar ce qui est à Caesar, hommage donc aux réalisateurs de ce petit moment exquis, de ce poulet ( i-e un billet doux en bon français et non point un volatile de basse-cour), le collectif Illogic, un groupe d’étudiants.
Talentueux et brillants ces jeunes réalisateurs qui se sont fait connaitre de leurs pairs par cet autre petit chef d’oeuvre ( pourquoi « petit » ?) intitulé Garden Party.
Un film d’étudiants ( ne démontrons-nous point d’ailleurs tout au cours de ces chroniques wukaliennes, pardonnez-moi ma vanité, l’excellence de ces productions).
Illogic donc, un groupe d’étudiants, Théophile Dufresne, Lucas Navarro, Florian Babikian, Vincent Bayoux, Gabriel Grapperon et Victor Caire, et Garden Party est leur film diplomant. Il a été présenté en 2016, nominé dit-on, à Los Angeles dans un des plus cotés festivals de films d’animation, puis en 2018, récompense suprême dans le monde du cinéma, aux Oscars!
Un film remarquable en tous points ! Passons sur la qualité technique impeccable, nous sommes là dans la cour des grands, mais sur ce que nous serions tentés d’appeler la qualité narrative, l’articulation d’une image à l’autre, l’inventivité neuronale, les liens qui unissent une idée à la suivante.
Une oeuvre qui a quelque chose de très opératique, rondement menée. Tout cela débute par des séquences quelque peu documentaires, les amours d’un crapaud pour une petite rainette. Le mode des batraciens sied décidément bien aux réalisateurs. Tout à fait charmant, attendrissant … Le décor, une cossue villa, son jardin et sa piscine. Nulle présence humaine. Alors c’est là que tout débute… quant à la fin, à l’apothéose, purement grand-guignolesque. Dois-je vous dire que j’ai adoré ?