Avec Catharsis de Supinfocom, nous sommes sans barguigner dans la cour des grands. En effet Supinfocom Rubika, tel est son nom complet, est l’une des meilleures écoles françaises du cinéma d’animation. Catharsis, objet de notre rubrique de cette semaine saura d’ailleurs en apporter la démonstration.
Allons d’abord en quête du sens, en quête d’étymologie.
Que signifie donc « catharsis »
Le mot est savant et de vieille origine. Et pour cause on le trouve déja chez les Grecs, chez Hippocrate et chez Aristote, pas moins, où catharsis a le sens de purification de l’âme du spectateur par le spectacle du châtiment du coupable. Plus près de nous, chez Freud où il signifie le moyen thérapeutique (ex. hypnose, suggestion, etc.) par lequel le psychiatre amène le malade à se libérer de ses traumatismes affectifs refoulés. Munis de ce viatique, de ces précisions, nous voila donc prêts à visionner ce film réalisé par les étudiants de Supinfocom en 2012.
Catharsis le film
Dès le début, l’air de rien, sans y toucher, les premières images très réalistes nous plongent dans un univers familier, comme déja vu dans les films noirs américains. Un bureau, un employé qui passe son temps à tamponner des courriers. Son regard se porte sur les formes arrondies de la taille de sa collègue, charmante Bettie Boop serrée dans sa jupe courte. La couleur déjà offre le ton, brun, sépia et noir. Un Chandler à s’y méprendre. Des gros plans de visages ou de parties du corps, apportent progressivement une impression d’étouffement, de mal-être. Bruits de pas sur un clapotis du clavier de machine à écrire, grincements d’archets d’instruments à cordes.
Le chef du bureau (tout du moins on le suppose) entre dans la pièce et s’approche au plus près de la secrétaire. Son attitude est sans nulle équivoque, d’une sensualité torride, lubrique et perverse, ses mains, son regard, son visage n’ont qu’un seul objectif, la possession de la jeune femme.
Pendant ce temps l’employé de bureau, témoin de ce qui se passe, continue sa tâche fastidieuse tandis que le dégoût et le désir contrarié exacerbent ses pulsions. Il court malade se réfugier dans les toilettes de l’étage. La couleur est passée au vert, glauque… Course éperdue dans les couloirs ( bonjour Hitchcock)…
Progressivement l’atmosphère change, l’employé de bureau se libère de ses pulsions, le film devient fantastique aux confins du film d’horreur. C’est admirablement bien réalisé, du bel ouvrage.