Le château de Fontainebleau continue à enrichir ses collections. Après la commode de la chambre de Louis XV qui a récemment regagner sa demeure d’origine, c’est la peinture de Jean-Baptiste Oudry intitulée Cadet et Hermine qui vient compléter les 6 autres tableaux de la même série qui sont conservés à Fontainebleau. Il a été acquis en vente de gré à gré auprès de la maison Christie’s.
Ce portrait des deux épagneuls fait partie de l’une des toutes premières commandes royales adressées à Oudry, à partir de 1725, pour une résidence de la Couronne (le château de Compiègne*). Elle témoigne avec brio de l’affection que Louis XV portait à ses chiens.
Cadet et Hermine et la série des chiens de Compiègne
Ce portrait des épagneuls Cadet et Hermine appartient à une série, commandée à Oudry à partir de 1725 pour orner les dessus-de-porte de l’appartement de Louis XV au château de Compiègne. Il s’agit de l’une des toutes premières commandes royales adressées à Oudry pour une résidence de la Couronne.
On sait l’affection que Louis XV portait à ses chiens, régulièrement évoqués dans sa correspondance, et auxquels il dispensait les soins les plus assidus.
La série exposée à Compiègne se composait initialement de 11 tableaux, dont 7 sont aujourd’hui présentés dans les collections publiques françaises, (6 au château de Fontainebleau et 1 au palais de Compiègne).
Parmi cet ensemble, 8 tableaux représentaient des chiens du souverain : chiens courants, chiens d’arrêt mais aussi chiens de compagnie :
– Misse et Turlu, Château de Fontainebleau
– Lise et un faisan, Château de Fontainebleau
– Gredinet, Charlotte et Petite-Fille, Château de Fontainebleau
– Blanche et un faisan, palais de Compiègne
– Polydore, Château de Fontainebleau
– Mignonne et Sylvie, Château de Fontainebleau
– Perle et Ponne, Château de Fontainebleau
– Cadet et Hermine, conservé depuis plusieurs générations dans la collection du comte Robert de Moustier, amateur éclairé du XVIIIe siècle français.
Un chef d’oeuvre de Jean-Baptiste Oudry
Cadet et Hermine présente deux épagneuls, à l’arrêt devant un élégant faisan. Le pelage d’un noir de jais, sur lequel rebondit la lumière venue de la percée au fond du tableau, le regard vif et énergique ainsi que la dextérité de la touche pour représenter les différentes taches colorées du plumage du faisan, classent ce tableau parmi les plus belles créations de l’artiste, aux côtés de Polydore ou de Misse et Turlu.
Réduit en largeur et en hauteur à une date inconnue, le tableau témoigne du brio avec lequel Oudry, tout au long de sa carrière, représenta les chiens en leur confèrant une émotion, qui confine presque à l’anthropomorphisme. C’est d’ailleurs cette première grande commande royale qui convainquit Louis XV de lui confier ce qui sera incontestablement le plus grand projet de sa carrière : la commande des cartons pour la tenture des Chasses royales.
Cette acquisition a été rendue possible grâce au soutien du Fonds du Patrimoine et au généreux concours des Amis du château de Fontainebleau
Les chiens de Louis XV à Fontainebleau
Bien que résidence de chasse, Fontainebleau n’accueillit des oeuvres d’Oudry qu’à partir de la Restauration. En 1820, Mignonne et Sylvie, Charlotte et Petite-Fille et Gredinet sont envoyés à Fontainebleau et placés dans l’antichambre de l’appartement de la Reine. En 1828, ce sont les neuf cartons des Chasses royales qui arrivent à Fontainebleau où ils prennent place au premier étage de la cour Ovale, dans l’appartement dit des Chasses.
Sous le règne de Charles X, le duc d’Angoulême, Louis de France, prenait un grand plaisir à chasser en forêt de Fontainebleau et il occupait cet appartement. Le voisinage des toiles cynégétiques d’Oudry devait ainsi lui être fort agréable. Sous le règne de Louis-Philippe, cet appartement occupé par les fils du roi des Français, notamment le duc d’Aumale, fut remanié et les tableaux trouvent alors leur place définitive tandis qu’un cabinet-galerie, installé dans l’appartement, expose un riche ensemble de toiles d’Oudry, Desportes, Bachelier ou encore Vien.
En 1841 et 1845, la série des portraits de chiens est complétée par l’arrivée de Perle et Ponne, Polydore et Lise et un faisan. Ce n’est qu’en 1889 que le musée du Louvre déposa à Fontainebleau Misse et Turlu, le premier tableau de la série, afin d’enrichir cet ensemble majestueux. Cadet et Hermine, deux sémillants épagneuls, viennent donc compléter la prestigieuse meute bellifontaine.